La Bourse de Sao Paulo loin de l’euphorie

AWP

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Les investisseurs sont restés prudents après la victoire de Jair Bolsonaro. L’indice Ibovespa a terminé hier en baisse de 2,24%.

La Bourse de Sao Paulo a accueilli lundi avec prudence l’élection à la présidence du Brésil de Jair Bolsonaro, attendant avec impatience les premières mesures de son équipe ultra-libérale pour redresser une économie chancelante.

L’indice Ibovespa a terminé la séance en baisse, à -2,24%, après avoir pris plus de 3% à l’ouverture.

Le réal, la monnaie brésilienne, qui avait repris des couleurs à l’ouverture pour atteindre 3,60 réais pour un dollar, un plus haut depuis avril, s’est à nouveau déprécié, se négociant à 3,71 réais pour un dollar à la clôture.

Cette morosité contraste avec la forte réaction des marchés au lendemain du premier tour, le 7 octobre. La Bourse de Sao Paulo avait alors bondi de plus de 6% à l’ouverture et s’était maintenue à un niveau élevé, saluant le très bon score du candidat d’extrême droite (46%), qui avait frôlé l’élection dès le premier tour.

Lundi, au lendemain de la franche victoire de Jair Bolsonaro (55%) sur son rival de gauche Fernando Haddad (45%), les marchés étaient loin de l’euphorie.

Les analystes expliquaient ce recul par de nombreuses prises de bénéfices, mais aussi par l’expectative des marchés qui attendaient désormais l’annonce de mesures concrètes destinées à relancer une économie brésilienne en plein marasme.

La 8e économie mondiale et première d’Amérique latine souffre notamment d’un important déficit budgétaire et d’une faible croissance. Le pays compte 23 millions de pauvres et près de 13 millions de chômeurs.

«Le mouvement d’euphorie s’est déjà produit quand les sondages ont montré la consolidation de (l’avance de) Bolsonaro», a expliqué à l’AFP Rafael Cortez, de l’agence Tendencias. En un mois, la Bourse a ainsi engrangé 10%.

«Ensuite, les mouvements vont être conditionnés aux signaux effectifs que le gouvernement va envoyer en matière d’économie», a-t-il ajouté.

Equipe économique et équipe politique

Pour les investisseurs, la question cruciale reste la réforme des retraites et l’ampleur que sera prêt à lui donner le nouveau président afin de réduire la dette publique, qui atteignait 77% du PIB en juillet.

«Cela fait longtemps que le Brésil dépense plus qu’il ne récupère en recettes et les pensions de retraite sont la principale cause des dépenses publiques», souligne auprès de l’AFP Paulo Gama, analyste politique chez XP Investimentos.

«La réforme fiscale, la réduction du nombre de ministères sont importants mais, actuellement, la grande question est celle de la réforme des retraites et celle de savoir si le Congrès sera disposé à l’approuver», confirme Sergio Vale, analyste du cabinet de consultants MB Associados.

Dès dimanche soir, l’ultra-libéral Paulo Guedes, futur ministre de l’Economie, a pourtant donné des gages aux milieux d’affaires.

Il a réaffirmé la détermination du nouveau gouvernement à «accélérer le rythme des privatisations» et à engager dès janvier une révision du régime des retraites.

Mais cette réforme, que le président sortant Michel Temer a finalement renoncé à mettre en oeuvre pour ne pas aggraver une impopularité historique, pourrait s’avérer particulièrement épineuse.

Les analystes soulignaient aussi l’inconnue que représente un Congrès très fragmenté. Propulsé deuxième force politique avec 52 députés sur 513, le Parti social libéral (PSL) du président élu devra multiplier les alliances.

Pendant la campagne, l’équipe de Jair Bolsonaro a évoqué la mise en place d’un système par capitalisation, mais s’est gardée de donner des détails qui auraient pu lui coûter des voix.

«La premier point, c’est l’unité du discours entre le pôle économique et le pôle politique de son équipe», souligne Paulo Gama.

«Pendant la campagne, il y a eu un peu de contradiction entre ce que disaient les membres de son équipe économique et ce que disaient ceux de l’équipe politique. Maintenant que la page de l’élection est tournée, nous allons voir un peu plus clairement de quel côté cela va pencher», ajoute-t-il.

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