Le comportement de Wall Street de la semaine passée ressemble à s’y méprendre à une gigantesque opération de nettoyages des écuries d’Augias. La performance hebdomadaire de l’indice S&P500 (SPX) laisse songeur, le principal indice boursier au monde clôture vendredi 2 minuscules points en-dessous de son niveau à la cloche de vendredi 2 août, dans l’intervalle tout un chacun ou presque a cru que le ciel nous tombait sur la tête. Retour à la case départ pour la plupart des indices d’actions donc, le Nikkei 225 mis à part (-2,5%) et, dans une moindre mesure, le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations américaines), qui rend 1,3% sur les 5 séances. De très nombreux petits porteurs manquent à l’appel ce matin, qui ont été emportés par cette lame de peur éclair, on ne les reverra pas sur les marchés avant longtemps, ce d’autant que de nombreux (et souvent jeunes) investisseurs n’avaient jamais vécu un si soudain pic de volatilité.
On connait les principales raison de ce remue-ménage boursier estival. La saisonnalité a joué un rôle, les volumes de trading diminuent en été ce qui exacerbe potentiellement les mouvements d’indices, les incertitudes restent élevées autour de l’élection présidentielle américaine de novembre, les tombereaux de milliards de dollars investis un peu partout dans l’intelligence artificielle vont-ils faire des petits et, si oui, quand et dans quelle proportion (on connait l’impatience légendaire du marché lorsqu’il s’agit de retour sur investissements)? La Chine n’en finit pas de montrer des signes de faiblesse et tout part en vrille lundi passé, exacerbé par des débouclements en masse et en urgence de positions de portage (le fameux carry-trade dont vous avez peut-être plus entendu parler que des JO de Paris).
Le feu d’artifice de la peur envoie le VIX (indice de la volatilité du SPX) a 65,73 lundi passé, un niveau historiquement stratosphérique. Vendredi ce même VIX termine sa journée à 20,37, il recule de 14% sur la séance et voit son prochain support à 18,00 – 17,80, s’il le traverse il réintégrera son canal baissier entamé en octobre 2022. Tout semble donc rentrer dans l’ordre sur les parquets de trading? Well, il est beaucoup trop tôt pour l’affirmer. Les vieux briscards de la cote savent bien qu’une vague vendeuse, suivie d’un rebond, est bien souvent suivie d’une seconde vague. En l’état rien ne permet de la prédire, en revanche le retour du VIX dans son canal baissier permettrait à tout taureaux avisé de se détendre quelque peu, or ce retour est tout sauf garanti, on suivra donc l’évolution de l’indice de la peur de près ces prochains jours.
Ce qui s’est produit dans le marché la semaine écoulée nous indique une chose avec certitude: la confiance dans un atterrissage en douceur de la croissance économique a disparu. Les investisseurs ne s’inquiètent plus guère de l’inflation, en revanche on se demande de plus en plus ouvertement dans les salles de marchés si la Fed n’a pas trop attendu, aurait-elle dû démarrer son cycle de baisses de taux au mois de juillet? De nombreux investisseurs ont cédé à la précipitation la semaine passée. David Kostin, stratège en chef des actions américaines chez Goldman Sachs, estime que l'endettement des hedge funds est passé du plus haut niveau depuis trois ans à un niveau proche de la moyenne. Che JP Morgan, on pense qu'environ 70% des opérations de carry trade sur le yen ont été liquidées. Dans les faits, personne ne le sait avec certitude. La psychologie du marché a évolué la semaine passée, la question principale est de déterminer si elle est passée de «acheter sur faiblesse» à «vendre la force».
Vendredi les indices parviennent à bien terminer la semaine, pas trop loin de leur plus haut du jour. Les Volumes d’échanges ralentissement significativement, sur le front des secteurs seuls les materials reculent légèrement, le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de la tech et de l’immobilier. Le breadth est légèrement positif, on se prépare déjà à des statistiques macro importantes cette semaine, qui nous en diront plus sur le niveau des prix mais aussi sur l’état de forme du consommateur. Cerise sur le gâteau, de nombreux détaillants publieront leurs trimestriels, dont Walmart, là encore des étapes importantes, tout un chacun souhaitant ardemment que le consommateur aille le mieux possible.
Techniquement, le SPX récupère sa 100 jours, la 200 jours du NDX a fait du bon travail, l’indice regarde désormais sa 100 jours à 18'738 pts contre une clôture à 18'513 pts vendredi. Sur la partie des petites capitalisations (RTY), là aussi rebond sur la 200 jours en semaine, récupération de la 100 jours en fin, objectif 50 jours à 2096 points, clôture à 2080 pts vendredi soir. En Europe, on notera que le SMI a rebondi de sa 200 jours, récupéré sa 100 jours et qu’il teste sa 50 en ce lundi matin.
Le dollar reste plutôt neutre, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0922. Le rendement du 10 ans US est remonté à 3,95%, il regarde 4,00% comme principale résistance. Quant aux Fed Funds, ils prévoient encore 3 à 4 baisses de taux de 25 points de base par la Fed d’ici à la fin de l’année, ce qui implique 50 points de base lors d’un des trois meetings qui reste à la Réserve Fédérale en 2024.
Michelle Bowman de la Fed déclare qu'elle voit toujours des risques d'inflation à la hausse et qu'elle n’est peut-être pas prête à soutenir une baisse des taux de la Fed le mois prochain. Pendant ce temps, Kamala Harris indique qu'elle n'interférerait pas avec la Fed, dans une réplique à Donald Trump.
La BCE devrait désormais abaisser son taux de dépôt une fois par trimestre pour atteindre 2,25% en décembre 2025, selon une enquête de l’agence Bloomberg.
Au menu macro-économique du jour, rien de bien consistant à se mettre sous la dent. Cette semaine, les dernières statistiques mensuelles américaines des prix à la production (mardi) et à la consommation (mercredi), puis les ventes de détail et les chiffres hebdomadaires de l'emploi (jeudi) seront au cœur de l'attention.
Shell investit dans la phase 2 du projet gazier de Surat en Australie. Sandoz obtient le feu vert de la FDA pour le biosimilaire Enzeevu. Holcim entre sur le marché péruvien avec le rachat de deux sociétés. L'activiste Starboard Value prend une participation dans Starbucks, selon le WSJ. Une nouvelle vague de licenciements chez Cisco, pourrait frapper 4000 personnes. Boeing obtient un contrat de 2,56 milliards de dollars de l'armée de l'air américaine pour l'avion E-7A Wedgetail. Walt Disney lève le voile sur les prochains «Avatar» et «Star Wars». Tesla ne prend plus de commandes pour le Cybertruck le moins cher, mais propose désormais une version à 100 000 dollars. Hindenburg Research accuse le chef des régulateurs financiers indien de conflit d'intérêts dans le dossier Adani. Petrobras garde la porte ouverte à d'éventuels dividendes supplémentaires cette année.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices progressent hormis Shanghai qui égare 0,14% et Tokyo qui est fermée. Hong Kong avance de 0,20%, Séoul gagne 1,15% et le Nifty50 prend 0,17%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0.3%. Le pétrole a retrouvé des couleurs la semaine passée, ce matin le baril de WTI Light Crude traite à 77,47 dollars, l’or évolue à 2439 dollars l’once.