Le marché de la dette en zone euro a peu évolué vendredi, les investisseurs digérant la séance de la veille marquée notamment par une forte tension sur le taux d’emprunt en Italie.

«Par rapport à hier (jeudi) les taux sont stables, mais la session d’hier était assez vengeresse. Il s’agit d’un marché qui récupère, mais il n’y a pas d’inversion de tendance et de reprise de l’appétit pour le risque», souligne auprès de l’AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche chez SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

Jeudi, le taux d’emprunt italien avait nettement progressé, les investisseurs s’inquiétant notamment du futur budget du gouvernement antisystème.

Vendredi, la principale actualité en Italie devrait concerner l’actualisation éventuelle de la note du pays par l’agence Fitch.

«La question c’est la révision de la note par Fitch et la tendance potentiellement négative, mais sur les taux à 10 ans ce n’est pas vraiment un facteur d’inquiétude», note Antoine Lesné.

«L’Italie est un véritable point d’achoppement, les opérateurs surveillent la situation d’assez près. Il y a des acheteurs car autour de 3,20% (le taux à dix ans), c’est assez intéressant», poursuit-il.

Les investisseurs digéraient également les multiples menaces lancées par Donald Trump sur différents conflits commerciaux.

Le président américain s’est attaqué pêlemêle à la Chine qu’il menace de 200 milliards de dollars de nouvelles taxes douanières, à l’OMC dont il pourrait se retirer, et à l’Union européenne dont il juge «pas suffisante» l’offre d’abandonner les tarifs douaniers sur les importations automobiles.

«Il y a une posture électorale de la part de Trump, il s’agit d’un risque qui restera présent jusqu’aux élections de mi-mandat (début novembre). Mais ce sont des effets d’annonce et nous espérons qu’il n’osera pas aller jusqu’au bout», pointe M. Lesné.

Les investisseurs seront néanmoins attentifs à une éventuelle bonne nouvelle venant de Washington où les négociations entre les Etats-Unis et le Canada sur le traité de libre-échange nord-américain (Aléna) se poursuivaient. Donald Trump avait fixé un ultimatum à vendredi soir pour trouver un accord.

Le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne a légèrement reculé à 0,326% contre 0,346% à 18H00 (16H00 GMT) jeudi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même tendance, s’établissant à 0,682% contre 0,693%.

Celui de l’Espagne est resté stable à 1,473% contre 1,470%.

De son côté, le taux d’emprunt à dix ans de l’Italie a légèrement progressé à 3,236% contre 3,215%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans s’est légèrement replié à 1,427% contre 1,455%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis reculait un peu à 2,837%, contre 2,855% jeudi, tout comme celui à 30 ans à 2,986% contre 3,003%. Le taux à 2 ans s’établissait à 2,629% contre 2,649%.