Bonds Europe: l’écart entre l’Allemagne et l’Italie se creuse

AWP

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Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a reculé à -0,63%, au plus bas depuis début septembre, contre -0,61% vendredi.

Les taux d’emprunt de la France et de l’Allemagne poursuivaient leur recul lundi en zone euro, creusant davantage leur écart avec les rendements italiens et espagnols, dans un marché intégrant tant les risques liés au coronavirus que les mesures de soutien que pourraient prendre les banques centrales.

«Nous restons dans la même ambiance» sur les marchés de taux, qui sont dominés par le coronavirus et «avec des anticipations de plus en plus fortes d’actions concertées de la part des banques centrales», a résumé auprès de l’AFP Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis.

«L’inquiétude est relativement importante», d’autant que nous n’avons «pas de stabilisation dans le nombre de cas de coronavirus qui augmentent partout en dehors de la Chine», a-t-il ajouté.

La conjonction des craintes liées à l’impact du coronavirus sur l’économie mondiale - l’OCDE ayant ramené sa prévision de croissance planétaire de 2,9% à 2,4% pour cette année - et des anticipations d’actions monétaires accentuaient la détente des taux souverains des pays les plus solides de la zone euro, Allemagne en tête.

Le Bund a ainsi fortement creusé son écart (ou «spread») lundi avec les taux de l’Espagne et surtout de l’Italie, les obligations de ces pays étant considérées comme plus risquées.

«Si l’anticipation d’actions des banques centrales était déjà présente (chez les investisseurs) la semaine dernière, elle ne fait que se renforcer et être avancée», selon M. Regnat.

Les ministres de l’Economie et les banquiers centraux des pays membres du G7 se parleront mardi pour coordonner leur action face à l’épidémie de nouveau coronavirus, a indiqué lundi le Trésor américain à l’AFP.

Vers des actions monétaires «très significatives» ?

«Pour la Banque centrale européenne (BCE), les investisseurs anticipent aujourd’hui deux baisses de taux de dix points de base avec un premier geste effectué potentiellement dans dix jours» tandis qu’ils tablent sur «quatre baisses de taux de la Fed (en 2020), et notamment moins 50 points de base en mars», a détaillé M. Regnat.

Les investisseurs pariaient en effet lundi matin sur une baisse des taux d’un demi-point de pourcentage --un geste rare-- lors de la prochaine réunion de la Fed les 17 et 18 mars alors qu’il y a quelques jours, ils étaient encore une majorité à ne voir aucune baisse des taux ce mois-ci.

«Des actions très significatives sont anticipées aujourd’hui» par les marchés, selon M. Regnat.

Vendredi, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, s’est dit prêt à agir pour soutenir l’économie américaine si celle-ci était durement affectée par le coronavirus.

De son côté, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est montré plus favorable à «des mesures ciblées» des gouvernements qu’à des mesures de politique monétaire de la part des banques centrales, estimant qu’il était important de «ne pas surréagir» à la chute des marchés boursiers.

Mais, «si on n’a pas de réponse de la part des banques centrales, on peut supposer que les marchés actions vont dégringoler davantage» comme si elles avaient une «obligation d’action», a noté M. Regnat.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a reculé à -0,63%, au plus bas depuis début septembre, contre -0,61% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France s’est replié à -0,31%, un plus bas depuis fin septembre également, contre -0,29%.

Le taux à dix ans de l’Espagne s’est stabilisé à 0,28% tandis que celui de l’Italie a progressé à 1,13% contre 1,09%, son écart avec l’Allemagne ayant atteint en séance un plus haut depuis fin août 2019.

Le taux d’intérêt à 10 ans du Royaume-Uni a reculé à 0,40% contre 0,44%, un plus bas depuis début septembre également.

Aux États-Unis, le taux d’emprunt à dix ans s’enfonçait encore davantage à un nouveau plus bas historique, à 1,10% contre 1,15% vendredi, tandis que celui à 30 ans se repliait à 1,65% contre 1,68%. Celui à deux ans s’établissait pour sa part à 0,82% contre 0,91%.

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