Un environnement en faveur du risque

Salima Barragan

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Selon Karen Ward de J.P. Morgan AM, l’épargne accumulée par les consommateurs portera la reprise. Si ces derniers sont prêts à dépenser.

Jusqu’où les ménages sont-ils disposés à dépenser malgré la flambée sur les prix de l’énergie afin de soutenir l'économie? C’est la question cruciale à laquelle Karen Ward a livré des éléments de réponse lors de la présentation à Genève de la nouvelle édition des guides des marchés de J.P. Morgan Asset Management. Selon la responsable EMEA de la stratégie de marché, l’épargne accumulée par les foyers devrait leur permettre de composer avec le cours élevé du pétrole qui se maintiendra, d’après elle, dans une fourchette comprise entre 100 et 120 dollars le baril.

Quels sont les points saillants de cette édition?

Après avoir commencé l'année en position de force, nous nous demandons maintenant ce que la guerre en Ukraine et l'inflation persistante pourraient signifier pour la reprise économique. En l’absence d’un arrêt total du ravitaillement en pétrole et en gaz, la reprise devrait persister car les ménages ont accumulé durant le COVID une épargne considérable qu’ils souhaitent à nouveau dépenser. En outre, les marchés de l’emploi sont solides. La toile de fond est donc suffisamment encourageante pour soutenir la confiance des consommateurs malgré les cours élevés des matières premières.

Quels scénarios envisagez-vous?

Dans le meilleur des cas, il n'y a pas de perturbation à grande échelle de l'approvisionnement énergétique de l'Europe et la reprise se poursuit. Toutefois, nous gardons un œil sur les risques à la baisse. Nous regardons également les élections françaises, où les sondages se sont resserrés. Notre scénario de base est qu’Emmanuel Macron remporte un second mandat.

Le marché se préoccupe de la capacité avec laquelle l’économie va gérer les hausses de taux, mais nous pensons qu'elle sera résiliente.
Dans quelle fourchette voyez-vous les matières premières évoluer?

En assumant que le lien énergétique entre l’Europe et la Russie se maintienne, nous pensons que nous vivons actuellement un pic des prix du pétrole. Si son cours se majore davantage, nous aurions le risque d’une récession, ce que ni l’OPEC et ni la Russie ne souhaitent. Tous les producteurs chercheront à maintenir les prix du pétrole dans une bande comprise entre 100 et 120 dollars.

Quel est votre commentaire sur l’inversion de la courbe des taux d’intérêt américains?

Avant l’assouplissement quantitatif (QE), cette inversion signalait une récession parce que les taux à long terme étaient ancrés. Mais les politiques monétaires non orthodoxes ont faussé cet indicateur et il ne fonctionne plus. Cette inversion ne m’inquiète plus.

Qu’anticipez-vous du côté des banques centrales?

En ce moment, nous nous demandons si elles vont agir tel qu’elles le disent. Je prévois une hausse de 50 points de base lors du prochain meeting de la Fed, mais ensuite une voie plus progressive vers la normalisation. Le marché se préoccupe de la capacité avec laquelle l’économie va gérer les hausses de taux, mais nous pensons qu'elle sera résiliente.

Comment un investisseur doit-il envisager le positionnement de son portefeuille à la lumière de la guerre et du renchérissement?

La persistance d'une inflation élevée posera des défis aux titres à revenu fixe. On pourrait envisager une allocation aux obligations à maturité courte et le crédit de qualité afin de générer des rendements positifs. Nous pensons que l'immobilier et l’infrastructure constituent une bonne couverture contre les pressions sur les prix. Bien que les taux d'intérêt devraient augmenter, nous pensons que les taux d'intérêt réels resteront négatifs pendant un certain temps. Pour les actions, la hausse des taux d’intérêt va favoriser une rotation sectorielle vers les titres de valeur. Nous voyons déjà les bonnes performances des actions du secteur de l’énergie. Certains titres axés sur la valeur devraient bénéficier d’un environnement inflationniste. Les hausses de taux ont tendance à profiter aux secteurs de la finance ou à la santé, alors que les titres de croissance – dont les rendements futurs sont escomptés à un taux plus haut – semblent moins attrayant. En ce qui concerne les opportunités régionales, nous sommes plus positifs sur les États-Unis.

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