Un actif refuge en temps de crise

Salima Barragan

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Selon Antoine Aubry d’AXA Investment Managers, l’immobilier résidentiel européen ne cédera pas sous l’effet de la guerre en Ukraine.

Alors que les marchés des actions capituent, l’immobilier résidentiel européen apparait comme un rempart résistant aux frictions géopolitiques. L’inflation, les relèvements des taux d’intérêt et la hausse des rendements obligataires n’altèreront pas son attractivité, selon Antoine Aubry, Lead Fund Manager chez AXA Investment Managers. Entretien.

L’invasion en Ukraine pourrait-elle faire dérailler les prix de l’immobilier résidentiel européen?

L’attaque en Ukraine n’aura aucun impact. Lors des crises, les investisseurs recherchent naturellement une protection sur le capital avec un attrait en plus. Or, l’immobilier résidentiel est un placement défensif par lequel une forme de protection de capital est combinée au rendement locatif qui devrait rester résilient. Les indices immobiliers ne fléchiront pas à cause des solides fondamentaux: la sous-offre empêche les prix de chuter, car le logement reste un besoin vital. Lorsque vous investissez dans ce segment, vous adhérez également aux tendances porteuses de la croissance démographique et de la densification de métropoles.

Quelles sont les dynamiques de marché à l’heure où l’inflation revient dangereusement?

Le résidentiel européen est porté par le comportement des principaux acteurs. Les propriétaires occupants, grands détenteurs, recherchent une protection physique d’autant qu’ils bénéficient de taux de financement intéressant ainsi que la capacité de s’endetter pour plus longtemps, ce qui les a rendus particulièrement actifs ces dernières années. Les valeurs locatives se tiennent bien, car l’offre demeure insatisfaisante. Enfin, nous voyons de la part des investisseurs institutionnels une demande soutenue en raison du profil défensif de la classe d’actif qui offre des rendements à l’inflation.

On peut parler de cherté, car les fondamentaux qui alimentent les prix sont réels, mais pas de bulle parce qu’il n’y a pas de spéculation.
Quel sera l’impact du relèvement des taux d’intérêt pour la première catégorie d’investisseurs?

On entend parler d’une potentielle remontée des taux, mais avec la crise de l’Ukraine, elle reste difficile à quantifier. Les banques centrales devront probablement différer les hausses de taux parce qu’elles gardent en tête comme objectif principal le maintien de l’économie.

Les institutionnels se désinvestiront-ils de l’immobilier si les rendements du marché du crédit redeviennent plus intéressants?

Oui, c’est envisageable. Cependant, l’investisseur en quête de rendement cherchera à construire son capital de façon diversifiée. Même si des segments apparaissent plus compétitifs, certains investisseurs s’exposent aux marchés obligataires selon cette construction en privilégiant avant tout un profil défensif, malgré des rendements plus bas que ceux des autres produits risqués.

Quelles sont les régions le plus tendues?

Nous voyons des tensions sur le résidentiel un peu partout en Europe, car les différents types d’investisseurs recherchent cette classe d’actifs. Les loyers sont élevés dans toutes les grandes métropoles. Il est nécessaire que les gouvernements développent davantage de logements libres, mais également des appartements intermédiaires pour les jeunes travailleurs et ménages qui éprouvent des difficultés à se loger, ainsi que les habitations sociales pour venir en aide aux personnes en situation fragile. Nous constatons un manque d’offre dans ces 3 sous-secteurs, ce qui génère des tensions. Les gouvernements sont décidés à développer des constructions, mais le contrôle de la croissance des loyers telle qu’elle existe en France pourrait se développer davantage à travers l’Europe.

Pas de bulles, donc?

Non. On peut parler de cherté, car les fondamentaux qui alimentent les prix sont réels, mais pas de bulle parce qu’il n’y a pas de spéculation.