Trois associées et un CIO

Nicolette de Joncaire

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Yasmine Bouzourene, Annie Raccah, Pierre Martin et Nicole Curti, une équipe diversifiée pour une gestion intergénérationnelle.

©Michel Juvet

Nous sommes loin de l’atmosphère solennelle des institutions financières traditionnelles. Ici, pas d’huissiers, pas de salons feutrés, mais une ambiance résolument épurée. Capital Y respire la modernité et la fraicheur avec une volonté affichée de ses trois associées d’aborder la gestion de fortune autrement. Récemment arrivée de Stanhope Capital, Nicole Curti a rejoint Annie Raccah et Yasmine Bouzourene pour former un trio déployé sur trois générations, en harmonie avec une clientèle dont les contours ont beaucoup évolué dans les dernières années. Complétée par Pierre Martin, dans le rôle de CIO, l’équipe de Capital Y gère près d’un milliard de francs pour le compte d’une trentaine de clients.

Quel est le profil des clients de Capital Y?

Sans se montrer trop réducteur, on peut le résumer à trois groupes: des entrepreneurs entre 40 et 50 ans, des fortunes de seconde génération et des sportifs,. Et évidemment des femmes, de plus en plus actives dans la gestion de leur patrimoine. Notre clientèle est plutôt suisse et européenne. Pas d’Américains pour l’instant mais attention aux familles dont les enfants partent faire leurs études aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni et pour lesquels il faut une structure agile à même de maitriser des règles de gestion multi-juridictionnelles. Nous jouons le rôle de single family office pour chacun de nos clients en fonction des étapes que traversent leurs vies. Par exemple, nous savons qu’un entrepreneur en activité a besoin de liquidités alors qu’une fois l’affaire vendue, il se tournera davantage vers des investissements à horizon long. Particularité à noter: les plus jeunes sont souvent peu intéressés par la gestion de leur patrimoine, ils ont gagné de l’argent en très peu de temps et leur gérant sert souvent de garde-fou.

«N’ayant aucun produits-maison, nous sommes des investisseurs agnostiques proposant une large palette de classes et de produits.»
Les gérants se plaignent souvent du vieillissement de leur clientèle et de la difficulté à assumer la relève?

C’est là qu’est précieuse l’association au sein d’une même maison de gérantes de générations différentes comme c’est le cas ici.

Quel type d’investissement êtes-vous à même d’offrir?

N’ayant aucun produits-maison, nous sommes des investisseurs agnostiques proposant une large palette de classes et de produits. Du Fixed Income puisque Annie Raccah en est experte depuis ses années chez HSBC mais aussi des actions, du private equity, de l’immobilier, des hedge funds, des produits structurés, des commodities… Passé par Credit Suisse et Deutsche Bank, Pierre Martin opère une approche top-down. Il analyse le contexte macroéconomique et définit ainsi ses allocations en couvrant toutes les classes disponibles en fonction du contexte, mettant en concurrence aussi bien des produits actifs que passifs selon le coût et la performance. De manière générale, nous privilégions la liquidité pour nous prémunir contre la volatilité même si nous faisons quelques incursions dans l’univers du private equity. A l’heure actuelle, avec la hausse des taux, même le money market est redevenu intéressant. Bien évidemment, chaque portefeuille est adapté en fonction de la fiscalité du client.

Il semblerait que votre processus soit très institutionnel. Pouvez-vous détailler davantage?

Effectivement, notre processus est calqué sur ceux appliqué aux institutionnels. Nous achetons de la recherche pour faire une due diligence complète et, pour les fonds actifs, nous observons leurs performances aussi bien à la hausse qu’à la baisse des marchés pour juger de leur robustesse. La construction des portefeuilles vise à éviter redondances et corrélations pour réduire les risques. Notez que nous tenons compte également des actifs du client extérieurs à notre gestion (portefeuilles immobiliers ou mobiliers tenus ailleurs) pour nous assurer de l’absence de redondances.

Comment intégrez-vous l’ESG dans votre gestion?

Nous avons beaucoup de demandes de clients dans ce domaine dont Yasmine Bouzourene est spécialiste. Ces questions sont largement soulevées par les plus jeunes sur un spectre très large, de l’ESG à la philanthropie en passant par l’impact. Pour ce qui est de l’impact, le private equity – par l’intermédiaire de fonds ou en investissement direct – offre de vraies possibilités sur des horizons longs. En matière de philanthropie, nous sommes en train de conclure des partenariats afin de répondre à cette demande croissante de nos clients.

En quoi pensez-vous être différents des autres gérants de fortune?

Dans un univers de gérants essentiellement masculins, une équipe en partie composée de femmes pense et interagit différemment face aux femmes, de plus en plus nombreuses à investir. Les femmes posent plus de questions. Se préoccupent davantage de transmission. Sont rassurées par un auditoire qui leur ressemble. Au-delà d’une diversité hommes/femmes, notre équipe offre aussi une diversité culturelle – nous parlons 8 langues – qui met à l’aise les familles très internationales qui requièrent nos services. Sans oublier la diversité générationnelle qui met chacune d’entre nous sur le même pied que nos interlocuteurs.