Tesla, Nvidia et les sociétés chinoises

Salima Barragan

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Frank Schwarz de Mainfirst reste confiant sur Tesla malgré les controverses autour d’Elon Musk.

Mainfirst est une société de gestion d’actifs allemande indépendante s’adressant notamment à des investisseurs institutionnels. L’une de ses stratégies en actions consiste à investir dans des entreprises tournées vers l'avenir. Géants technologiques américains et chinois, semiconducteurs, services de cloud occupent une place prépondérante dans son allocation. Nous y retrouvons aussi Tesla, une entreprise pourtant devenue controversée dans les milieux des institutionnels en raison du caractère imprévisible de son CEO, Elon Musk. Le gérant de ce portefeuille, Frank Schwarz, répond aux questions d’Allnews.

En quoi consiste votre stratégie?

Nous investissons dans de grandes capitalisations boursières qui seront les leaders de demain dans leur secteur, et dont la croissance est supérieure à 20% par année.

Par exemple, dans quelles sociétés investissez-vous?

Nous avons des noms américains tels que Nvidia, Amazon et Tesla, pourtant critiqués par nos clients institutionnels en raison du caractère imprévisible de son dirigeant, Elon Musk.

Quelles sont vos perspectives sur Tesla, malgré la réduction de ses marges?

La presse avait allégrement salué le lancement du modèle S en 2020. Pour la première fois, un constructeur de véhicules électrique se retrouvait dans le top 10 de l’industrie automobile. Malgré sa personnalité controversée, Elon Musk a pourtant prouvé qu’il était capable de mener à bien ses affaires. Il a réussi à gérer les cadences et l’intégration de la chaine logistique de production. Dans une certaine mesure, je le compare un peu à Steve Jobs. Beaucoup de nos clients nous ont demandé de nous débarrasser de cette exposition. Convaincu de son potentiel, je conserve le titre.

Aucune crainte qu’Elon Musk prenne une décision fatale à la compagnie, suite aux moult rebondissements de sa nouvelle société X (anciennement Twitter)?

Son style de management pousse ses employés très loin, notamment avec le calendrier de production strict du modèle à 25'000 dollars US. Ses objectifs de réalisation semblent à priori impossibles, mais il finit toujours par les atteindre, même avec un ou deux ans de retard. A ses yeux, la seule manière de progresser consiste à mettre la barre haute. Il reste aussi très populaire en Chine ou ailleurs en Asie. Cependant, les médias sont davantage concentrés sur les développements de Twitter.

Croyez-vous à la conduite autonome?

Je n’en suis pas convaincu. Je préfère les projets sur le stockage d’énergie ou l’IA, qui demandera davantage de microprocesseurs. Elon Musk a également des intérêts dans l’IA. Il vient de lancer son système Gork afin de concurrencer ChatGPT.

Vous aimez aussi Nvidia, une société que vous connaissez bien…

J’ai rencontré leur CEO pour la première fois il y a dix ans. À cette époque, le leader des semi-conducteurs - US Intel - opérait sur une chaîne de production compliquée et étalée sur 18 mois. Le secteur ne progressait pas et les délais de production étaient conséquents. Nvidia est arrivé en tant que disrupteur, avec des puces graphiques pour les consoles et les ordinateurs. Sa technologie lui a permis d’accroitre annuellement la puissance de ses puces. Avec l’arrivée de l’IA, la demande sera encore plus importante car ces systèmes nécessiteront ses puces de haute qualité. La société détient aujourd’hui 96% du marché : elle rencontre peu de compétiteurs à sa hauteur.

Vous détenez aussi des parts du groupe américain Amazon

Nous pensons que ce géant mondial innovant présente un grand potentiel pour le futur. La société compte Microsoft et Google parmi ses clients et se taille la part du lion avec 45% de parts du marché du cloud. Amazon propose une large palette de service web et ils sont en train de construire une nouvelle plateforme IT.

La technologie américaine n’est-elle pas entrée en territoire de survalorisation ?

Apple me semble effectivement très chère, mais les autres sociétés s’échangent à des multiples raisonnables, si l’on tient compte de la visibilité des revenus pour l’année en cours.

Pourquoi surpondérez-vous la Chine?

Les sociétés chinoises sont sous-représentées dans les indices mondiaux. Pourtant, ce pays recèle de sociétés technologiques, de méga capitalisations boursières et des plus hauts revenus au monde. Nous avons surpondéré la région asiatique afin de mieux refléter les relations de pouvoir. La Chine reste leader dans 37 nouvelles technologies sur 44. Beaucoup d’entreprises chinoises sont premières de classe sur leur segment, notamment sur les matériaux intelligents et la communication par radiofréquence, ou encore les activités de défense dans la cybersécurité.

Comment les sociétés technologiques chinoises sont-elles valorisées par rapport à leurs pairs américains?

Le marché actions chinois présente actuellement une décote substantielle injustifiée par rapport au marché américain. Les entreprises de notre portefeuille continuent d'afficher des taux de croissance stables.

Avez-vous des exemples de société chinoise que vous appréciez?

Nous aimons CATL (Contemporary Amperex Technology Co. Limited); un leader spécialisé dans le développement et la fabrication de batteries au lithium-ion pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d'énergie. Ou encore, Meituan, qui est une entreprise technologique proposant une application très populaire pour différents services, notamment la livraison de produits alimentaires, la réservation de restaurants et de voyages. Enfin, la plateforme de commerce électronique en pleine croissance, Pinduoduo, se distingue par son concept de shopping social, où les utilisateurs achètent des produits ensemble pour obtenir des réductions.

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