Tenue verte de rigueur pour une première avec Crédit Agricole next bank

Anne Barrat

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Les premières obligations vertes sécurisées émises en Suisse ont séduit les investisseurs. Entretien avec la CFO Georgiana Solanet.

Destinées à financer des logements ayant une note de performance énergétique suffisante (A ou B) évaluée par le Certificat Energétique Cantonal des Bâtiments (CECB) et Minergie, les obligations sécurisées vertes s’invitent dans l’écosystème financier de l’immobilier vert helvétique, pour le plus grand bonheur des investisseurs et des particuliers, explique Georgiana Solanet, CFO de Crédit Agricole next bank.

Vous attendiez-vous au succès remporté par cette première émission d’obligations vertes sécurisées en Suisse? Comment l’expliquez-vous?

Dans un contexte de taux négatifs et dans un marché où les émissions souveraines sont majoritaires, cela n’a rien de surprenant que des obligations sécurisées remportent l’adhésion des investisseurs institutionnels. Ces obligations - 100% collatéralisées offrent un équilibre risque - rendement très prisé par les caisses de pension, compagnies d’assurance et autres institutionnels. Nos deux premières émissions d’obligations sécurisées, de 200 MCHF chacune, avaient déjà rencontré un grand succès. L’émission verte dont nous parlons maintenant avait tout pour séduire les investisseurs helvétiques : en premier lieu, parce qu’elle favorise la transition énergétique et ensuite, par son profil de risque. En cas de défaillance de la banque, ces obligations notées AAA par Fitch, offrent un double recours aux investisseurs, ce qui est une première en Suisse. Un point dont nous sommes fiers 20 ans seulement après notre création, c’est d’être pionniers sur des enjeux cruciaux pour l’avenir de notre planète, avec ce type d’obligation que des banques séculaires de la place n’ont pas encore expérimenté.

«Le groupe Crédit Agricole est un acteur majeur sur le marché européen des obligations sécurisées vertes et sociales.

L’expérience du Groupe Crédit Agricole nous a été utile à tous points de vue. Ce succès fait écho à celui qu’ont rencontré les obligations vertes sécurisées émises en France, ce qui laissait présager ce scénario favorable. Car, soulignons-le, le Groupe Crédit Agricole est un acteur majeur sur le marché européen des obligations sécurisées vertes et sociales.

Cette émission s’inscrit-elle dans une stratégie de long terme ou est-elle un essai pour voir?

Financer des projets à bénéfice environnemental est l’un des engagements de notre stratégie ESG, baptisée FreD, et la banque s’inscrit ici dans une dynamique de long terme. 

Pensez-vous qu’à terme cette stratégie remplacera l’approche hypothécaire traditionnelle?

L’émission à fin septembre a été réalisée dans le cadre d’un programme d’obligations sécurisées lancé en juillet 2020 portant sur 2 milliards de francs. Donc oui, elle sera suivie d’autres émissions, certaines seront vertes d’autres classiques. Si cela ne tenait qu’à nous nous ferions essentiellement du vert. Mais les contraintes extrêmement strictes applicables aux obligations vertes ne nous permettraient pas de remplir l’une de nos missions clés, celle de donner à nos clients l’opportunité de financer l’acquisition d’un logement.
Si ces logements sont durables, ou pourraient le devenir grâce à des travaux de rénovation pour recevoir les notes A ou B de la certification CECB que requièrent nos obligations vertes, tant mieux. Sinon, nous nous devons de favoriser l’accès à la propriété, sans quoi nous passerions à côté du caractère social – le S des critères ESG – qui est tout autant au cœur de notre vision stratégique.
Le jour, probablement pas si lointain, où l’offre de logement, neuf ou après rénovation, répondra intégralement aux critères des notes A et B du CECB, il sera donc envisageable de remplacer les financements classiques par des financement verts.

«Seuls les biens les plus performant en matière énergétique sont éligibles aux Ecoprêts, ce qui représente 9% du parc immobilier suisse.»
Quels logements sont-ils éligibles aux Ecoprêts de ces obligations sécurisées vertes?

Seuls les biens les plus performants en matière énergétique sont éligibles, ce qui représente 9% du parc immobilier suisse. Cette performance tient compte de l’efficacité de l’enveloppe du bâtiment (isolation du bâtiment : façades, toiture, sol, fenêtres) ainsi que de l’efficacité énergétique globale (qui inclut en plus les installations techniques et les équipements électriques). Concrètement, sont automatiquement éligibles, que ce soit pour un achat ou des travaux de rénovation, tous les logements en Suisse (résidence principale, secondaire, locative ou d’immeuble de rendement, à l’exclusion d’un usage commercial) construits après le 1er janvier 2016 ou bénéficiant d’un certificat CECB (class A ou B) de moins de 10 ans ou encore labelisé Minergie depuis le 1er janvier 2017. Si la demande de prêt concerne des travaux pour un bien construit avant 2016, elle doit avoir pour but une mise aux normes énergétiques pour l’obtention d’un certificat Minergie ou CECB de classe A ou B. 

Comment sera mesuré l’impact de ces prêts? 

A travers la certification CECB qui doit être renouvelée tous les dix ans. En réalité, l’impact est prévisible puisque l’obtention du prêt, qu’il s’agisse d’une acquisition ou d’une rénovation, est conditionnée au diagnostic ex ante réalisé dans le cadre du CECB. 

Le vert remporte-t-il le même succès chez les clients que chez les investisseurs?

Les Ecoprêts accordés avant notre émission obligataire verte rencontraient un franc succès auprès des particuliers remplissant les conditions d’octroi. Nul doute que cela continuera, la nouvelle offre d'éco-prêts offrant rabais de 20 points de base par rapport à un prêt classique ainsi que d’une possibilité de forward offert. C’est notre façon de récompenser les efforts de nos clients pour préserver la planète.

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