Stratégie d’expansion

Salima Barragan

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«La BCGE rejoint les leaders bancaires suisses», déclare Blaise Goetschin.

Hyper-règlementation bancaire (LSFin), échange automatique d’informations, taux d’intérêt négatifs: le climat n’est pas propice aux affaires des banques suisses. Pourtant, la BCGE a annoncé un bénéfice opérationnel record de 59,3 millions de francs suisses pour le premier semestre, soit une hausse de 14%, résultant d’une diversification élevée de ses activités. L’augmentation des actifs institutionnels ainsi que le lancement d’un nouveau mandat Private Equity de fonds de fonds témoignent de cette stratégie de croissance volontaire. Entretien avec Blaise Goetschin, CEO.

Après Julius Baer et Pictet, c’est au tour d’UBS d’annoncer un intérêt négatif de 0,75% sur les dépôts supérieurs à 2 millions de francs. La BCGE mène-t-elle une politique similaire?

Nous avons en effet une politique similaire et transparente. Nous exonérons les taux d’intérêt sur tous les dépôts inférieurs à 3 millions pour protéger les petits déposants, ceci afin de préserver les enjeux à long terme dont le capital de confiance. Nous essayons aussi de trouver des solutions de substitution comme des investissements en actions ou des achats de biens immobiliers. Dans certains cas, avec les investisseurs institutionnels, nous accordons des plafonds d’exonération temporaires. Notre responsabilité reste à devoir dégager du profit pour nos actionnaires publics et privés.

«Nous sommes techniquement en mesure de nous adapter
à une situation de taux encore plus négative.»
Comment la BCGE réagira-t-elle si la Banque nationale suisse, lors de sa prochaine réunion en septembre, abaisse son taux directeur?

Nous sommes techniquement en mesure de nous adapter à une situation de taux encore plus négative. Nous réussissons à survivre dans cet environnement de taux négatifs qui dure depuis bien plus longtemps que nous avions imaginé! Mais si nous passons à un taux négatif de -1,25, nous devrons adapter le seuil de déclenchement de l’intérêt négatif. Il est actuellement à 3 millions. 

Les actifs de la clientèle institutionnelle ont progressé de 3 milliards de francs, soit un bond de 23,4%. Comment cette forte croissance se décompose-t-elle?

Quelques nouveaux mandats sur clients existants, l’acquisition de la société zurichoise Loyal Finance AG, spécialiste de la gestion institutionnelle, et enfin une contribution des marchés favorables expliquent cette performance. Cette acquisition suit notre stratégie d’expansion dans le marché institutionnel. Pour devenir un acteur crédible à Genève, nous devons aussi justifier d’une envergure nationale, notamment auprès des consultants institutionnels. 

«Nous considérons que les marchés
immobiliers suisses et genevois sont globalement sains.»
Les volumes hypothécaires ont également évolué favorablement malgré la réglementation sur les fonds propres et le volant anticyclique. Cependant, vous incitez votre clientèle à la prudence. Craignez-vous une surchauffe immobilière?

Nous considérons que les marchés immobiliers suisses et genevois sont globalement sains. Nous ne percevons pas de risques généraux. Il faut toutefois se méfier des moyennes s’agissant d’immobilier… Nous devons ainsi rester vigilants en regard des dossiers individuels, notamment dans l’immobilier commercial.

Quelles sont vos perspectives pour le semestre à venir?

Nous sommes très positifs sur le développement de nos nouveaux métiers. La banque table sur un niveau de rentabilité opérationnelle proche de 2018, dont le ROE était de 5,9%. Notre pronostic est prudent car nous constatons de nombreux risques, notamment sur le marché des taux. Enfin, sur la conjoncture suisse, nous observons les premières incidences liées à la guerre commerciale entre grands blocs.

Vous lancez un fonds de fonds dans le Private Equity à l’intention des investisseurs qualifiés de taille moyenne. Comment ce produit fonctionne-t-il?

Nous avions déjà lancé dans le passé deux produits dans le Private Equity. Celui-ci consiste en un mandat de fonds de fonds, périmètre mondial, dont le montant minimum à la souscription est de 100'000 euros. Nous bénéficions déjà de compétences en Private Equity pour le propre compte de la banque et pour notre filiale spécialisée Capital Transmission.

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