Spécialiste genevois des placements alternatifs

Salima Barragan

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L’objectif d’ITERAM est d’offrir un accès facilité, différencié et de qualité. Entretien avec Manuel Garzelli, associé et CEO.

Grâce à l’obtention en décembre dernier de la licence de gestionnaire de fortune collective, ITERAM Capital SA compte désormais trois lignes de métiers: la gestion et le conseil de portefeuilles alternatifs, les solutions de financement aux entreprises et la représentation de placements collectifs de capitaux étrangers destinés à des investisseurs qualifiés en Suisse. La société genevoise lancée en 2015 par d’anciens gérants d’Edmond de Rothschild (Suisse) SA, s’inscrivait dans la continuité de leurs activités de gestion et de conseil dans les investissements alternatifs. Elle ambitionne dorénavant de devenir un acteur genevois incontournable des placements alternatifs. Entretien avec Manuel Garzelli, associé et CEO.

Déjà actif depuis quelques années à Genève, quel objectif recherchez-vous avec cette nouvelle licence?

ITERAM va pouvoir gérer et offrir des solutions d’investissement alternatifs présentant des rendements stables et réguliers qui ont pour double objectif la préservation du capital et sa croissance. L’univers d’investissement s’étend des diverses stratégies de hedge funds, non-directionnels et directionnels, aux stratégies moins liquides de type dette privée et venture capital. Ces solutions ont déjà fait leurs preuves sur de multiples cycles économiques et ont été régulièrement récompensées en Suisse et en Europe. Les clients pourront ainsi choisir entre différentes structures selon leurs besoins de diversification et de prise de risque. Les véhicules d’investissement publics existent sous forme de fonds de droit luxembourgeois déclinés sous différentes stratégies. Par ailleurs, nous pourrons également proposer des solutions de co-investissement à travers des véhicules dédiés sur des transactions spécifiques.

Les membres de l’équipe de gestion disposent d’un savoir-faire
et d’un track record éprouvé en gestion et sélection de fonds alternatifs.
Cette nouvelle licence a-t-elle modifié votre organisation?

La société, de par sa licence de représentant obtenue en 2017, évoluait déjà dans un cadre règlementé. Avec cette nouvelle licence, nous avons procédé aux modifications requises par la FINMA. Ainsi, pour superviser et renforcer la fonction globale de la gestion des risques, ITERAM a engagé un responsable des risques, en la personne d’Alexandre Louchtchay, ancien directeur adjoint des risques d’Edmond de Rothschild Asset Management à Genève. Nous avons aussi opté pour l’externalisation des services de compliance à Deloitte. A mes côtés, Marc Sbeghen, associé fondateur et CFO, est responsable de la recherche et membre de la direction. La gouvernance de la société a aussi été renforcée avec une nouvelle composition du Conseil d’Administration en y intégrant des spécialistes de l’asset management et en le rendant plus indépendant. Enfin, de nouveaux collaborateurs seront amenés à compléter l'équipe.

Comment vous distinguez-vous de vos compétiteurs locaux?

Ayant préalablement travaillé ensemble pour la même institution, l’équipe de spécialistes possède une histoire professionnelle commune qu’elle peut faire valoir dans les activités d’investissements, de structuration et de gestion des risques. S’appuyant sur deux décennies d’expérience, les membres de l’équipe de gestion disposent d’un savoir-faire et d’un track record éprouvé en gestion et sélection de fonds alternatifs.

Notre offre se distingue par des solutions thématiques, comme par exemple un accès au domaine de la santé et plus spécifiquement celui des biotech, en partenariat avec la société Seveneast et organisé autour d’un comité consultatif composé d’experts scientifiques et d’industriels renommés. Nous offrons également un accès à un portefeuille de financements directs à haut rendement issus des marchés privés tel que le leasing d’actifs industriels, les royalties de musique et le financement de contentieux.

Quels nouveaux produits allez-vous lancer pour les clients suisses?

Grâce à cette nouvelle licence, nous pourrons développer davantage de solutions d’investissements et de stratégies sous la forme de fonds de droit luxembourgeois, de notes ou de certificats disponibles pour une clientèle qualifiée. Nous avons identifié certaines thématiques porteuses qui pourront fournir aux clients des relais et moteurs de performances supplémentaires.  

Nous concevons la gestion alternative comme un seul bloc
au sein duquel l’industrie propose plusieurs segments.
Comment l’industrie des placements alternatifs évolue-t-elle?

L’industrie alternative a connu une progression positive au cours de la décennie écoulée grâce à la demande croissante d’investisseurs mais aussi par la démocratisation de l’accès à ce segment du marché. Selon Preqin*, à l’échelle mondiale, le volume total a atteint aujourd’hui presque 11'000 milliards de dollars US alors qu’en 2010, la masse n’en représentait que le tiers. Les prévisions sont également très encourageantes avec une croissance d’environ 10% par an sur les cinq prochaines années. Cette progression va surtout être portée par les placements alternatifs les moins liquides comme le private equity et la dette privée mais également par les hedge funds. Avec des taux d’intérêt faibles voire négatifs et une forte volatilité des marchés actions, la gestion alternative permet aux investisseurs d’augmenter leurs rendements grâce, notamment, à la prime d’illiquidité.

Comment appréhendez-vous ce marché très segmenté?

Nous concevons la gestion alternative comme un seul bloc au sein duquel l’industrie propose plusieurs segments avec différents couples rendement/risque et une liquidité distincte. Nous avons une vision globale de cet univers, car nous identifions en premier lieu l’opportunité ou la stratégie et non la zone géographique. Les opportunités peuvent provenir de tous les marchés, bien que certaines stratégies aient leurs propres spécificités régionales comme notre portefeuille sur la santé qui investit principalement dans des sociétés de biotech basées aux États-Unis. Nous sommes opportunistes, et c’est pour nous la plus intéressante des manières de fonctionner.

Quelles sont vos perspectives sur les investissements alternatifs?

Nous pensons que les placements alternatifs ne peuvent être ignorés du fait de la taille de l’industrie mais aussi pour leur complémentarité et la diversification en termes de risque qu’ils offrent par rapport aux classes d’actifs traditionnels dans les portefeuilles des clients. Au premier trimestre 2020, la gestion alternative a offert une belle résilience durant la forte correction des marchés et a rapidement su se repositionner pour tirer profit des opportunités et dislocations provoquées par la volatilité et le manque de liquidité sur les marchés. Pour ce qui est des hedge funds, non seulement ils ont enregistré d’excellentes performances par rapport au marché dans son ensemble, mais ont aussi obtenu leurs meilleurs résultats depuis 2009 tout en gardant un profil moins volatil.

* Preqin fournit des données financières et des informations sur le marché des actifs alternatifs.