Raiffeisen anticipe une croissance du marché hypothécaire cette année aussi

Yves Hulmann

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Avec la remontée des taux d’intérêt, les gens souhaitent à nouveau investir leur argent, observe Heinz Huber, directeur de Raiffeisen.

En 2022, le groupe Raiffeisen a réalisé un bénéfice de 1,18 milliard de francs, en hausse de 10,6% par rapport à l’an précédent. Sur le marché hypothécaire, la troisième banque helvétique dispose d’une part de marché de 17,6% qui est restée stable. L’établissement saint-gallois, constitué de 220 banques organisées en tant que coopératives largement autonomes, est présent sur 803 sites à travers le pays, disposant ainsi du réseau d’agences le plus dense de Suisse. A fin 2022, les effectifs du groupe s’élevaient à 9901 emplois équivalents à plein temps. Le point sur les résultats publiés jeudi avec Heinz Huber, président de la direction de Raiffeisen Suisse.

Avec des créances hypothécaires qui ont atteint 203,7 milliards de francs en 2022, en hausse de 3,7%, Raiffeisen a pour la première fois dépassé le seuil des 200 milliards de francs l’an dernier. Lors de la présentation des résultats, vous avez déclaré que le marché suisse de la propriété ne s’est pour l’instant pas laisser impressionner par le niveau des taux d’intérêt. En 2022, les taux hypothécaires à dix ans ont pourtant pratiquement doublé par rapport à l’an précédent en Suisse. A partir de quels niveaux, la hausse des taux d’intérêt pourrait-elle véritablement freiner la demande sur le marché du logement?

Il est toujours très difficile d’établir un pronostic à ce sujet. L’achat d’un logement est une décision qui ne repose pas seulement sur des critères purement économiques. Il s’agit aussi d’une décision émotionnelle. Plusieurs facteurs influencent la décision d’acheter un logement, y compris des aspects liés au mode de vie. Néanmoins, il est certain que plus les taux d’intérêt augmentent, plus la marge de manœuvre tend à se réduire pour une partie de la population. Et indépendamment de l’évolution les taux d’intérêt proprement dite, les personnes qui souhaitent contracter un emprunt hypothécaire doivent aussi remplir différents critères en matière de capacité financière. Le volume futur des crédits hypothécaires dépend des prix pratiqués sur le marché et du niveau des taux d’intérêt.

«L’achat d’un logement est une décision qui ne repose pas seulement sur des critères purement économiques. Il s’agit aussi d’une décision émotionnelle.»
Vous anticipez néanmoins toujours une croissance des créances hypothécaires chez Raiffeisen en 2023?

Oui, nous tablons sur une croissance du marché hypothécaire cette année également.

Dans le domaine des opérations d’intérêt, Raiffeisen a amélioré sa marge d’intérêt à 0,92% en 2022, contre 0,89% en 2021. Pourrez-vous continuer à améliorer cette marge dans un contexte de hausse des taux d’intérêt?

Après la fin de l’ère des taux négatifs, le retour à la normale sur le plan des taux d’intérêt constitue un environnement plus favorable. Maintenant, la marge d’intérêt dépend aussi de la croissance du bilan, de la marge passive et des coûts de couverture.

L’afflux net d’argent frais dans les dépôts de prévoyance et de placement a atteint 3,9 milliards de francs en 2022, après un peu plus de 4 milliards en 2021 et comparé à 2,1 milliards en 2020. Avez-vous constaté des évolutions différentes en fonction des régions en matière d’apports d’argent frais?

Non, un afflux positif a été constaté dans toutes les régions du pays et dans toutes les banques Raiffeisen. Il y avait également peu de différences entre les régions linguistiques.

Sur le plan de la rentabilité, le groupe Raiffeisen a légèrement amélioré son ratio coûts/revenus à 55,9%, contre 56% en 2021 et par rapport à 59,4% en 2020. Sera-t-il possible d’améliorer ce ratio tout en continuant d’investir dans différents projets, notamment dans la IT ou en ouvrant de nouvelles agences?

Un ratio coûts/revenus de moins de 56% est une très bonne valeur pour une banque comme Raiffeisen. Nous allons continuer à essayer de l’améliorer. Et c’est à mon avis possible même si nous poursuivons nos investissements dans différents projets, notamment dans la digitalisation de notre offre de services. Les coûts plus élevés dus à ces investissements devraient aussi se traduire à terme par des recettes plus élevées, grâce notamment aux nouvelles clientes et nouveaux clients que nous gagnons continuellement.

«Nous essayons d’être présent là où les gens ont besoin de conseil en leur offrant un cadre agréable. Le concept de l’entretien qui s’effectue derrière une vitre blindée appartient au passé.»
Raiffeisen ne prévoit donc pas de réduire le nombre de ses sites en Suisse, comme le font parfois certains autres établissements bancaires?

A ce sujet, il faut rappeler que chacune des différentes banques Raiffeisen peut elle-même décider du nombre d’agences qu’elles exploitent. Certaines d’entre elles ferment des sites, d’autres en ouvrent ailleurs. Chaque banque Raiffeisen peut agir de manière très autonome en la matière.

De manière générale, Raiffeisen ouvre surtout de nouveaux espaces de conseil – non plus nécessairement des banques au sens strict comme on l’entendait par le passé. Nous essayons d’être présent là où les gens ont besoin de conseil en leur offrant un cadre agréable. Le concept de l’entretien qui s’effectue derrière une vitre blindée appartient au passé. Les gens se rendent de toute façon de moins en moins souvent dans une banque pour retirer de l’argent liquide.

Les dépôts de la clientèle ont crû de 1,5% à près de 205 milliards de francs l’an dernier. Que font les gens de cet argent – sont-ils intéressés à l’investir ou préfèrent-ils le laisser en cash sur leur compte?

En dépit d’un environnement marché difficile l’an dernier, on observe que la clientèle se montre à nouveau davantage intéressée à investir. Durant la pandémie en 2020 et 2021, les clientes et clients avaient souvent gardé de très grandes quantités de liquidités. Avec la remontée des taux d’intérêt, on constate au contraire que les gens souhaitent à nouveau placer leur argent. Aussi bien le nombre de dépôts de prévoyance que les mandats de gestion de fortune ont du reste fortement augmenté l’an dernier.

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