Le signal d’alarme de FTX

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Les niveaux de qualité des émetteurs sont hétéroclites, estime Bradley Duke de ETC Group.

ETC Group se différencie de ses pairs du monde des monnaies numériques. La jeune société anglo-allemande n’est pas dirigée par des cryptos-natifs, mais des professionnels de la finance. Elle a lancé hier le premier ETP numérique basé sur un indice MSCI ( MSCI Global Digital Assets Select Top 20 Capped).  Son CEO Bradley Duke revient sur le modèle d’affaires de la société et partage avec Allnews sa lecture de la faillite retentissante de FTX. Entretien.

Quel est le modèle d’affaires d’ETC Group?

Notre vocation consiste à lancer des produits donnant accès au marché des monnaies numériques d’une façon sure, fiable et réglementée. L’équipe est composée de professionnels de la finance traditionnelle et non de crypto-natifs : nous connaissons les marchés financiers, leurs réglementations et savons parfaitement ce qu’on peut faire ou ne pas faire. Nous comprenons également les devoirs de due diligence des acteurs institutionnels pour qui nous avons créé des produits réglementés conformes à leurs contraintes. Nous avons par exemple lancé le premier Bitcoin ETP à compensation centralisé sur la bourse allemande XETRA.

En tant que professionnel de la finance, quel est votre regard sur la chute de FTX?

À cause de cette débâcle, le public a perdu confiance dans les cryptos devises. Les voix de leurs détracteurs se sont renforcées. Cependant, si ce type de sociétés était réglementé de la même manière que les banques, elles se comporteraient de manière adéquate en séparant clairement les activités. Le régulateur devrait partir du principe que les entreprises comme FTX, qui fonctionnent et mènent des opérations similaires à celles des banques, doivent être  réglementées de la même manière et appliquer aussi les accords de Bâle. Cette histoire constitue un véritable signal d’alarme. Il y a une pléthore d’émetteurs sur les marchés de qualité hétéroclite.

Quoi qu’on puisse penser du succès futur du métavers, le smart manufacturing demeure une tendance dont on va certainement parler de plus en plus.
Bien que vos produits de type ETF et ETC soient réglementés, ils ne sont non plus pas à l’abri de turbulences…

Bien que nos instruments soient approuvés par des régulateurs stricts, notamment en Allemagne, nous ne sommes pas immunisés contre les krachs. Nous n’avons pas été exposés au cas de FTX car nous ne faisons pas de trading de devises.

Pourquoi les institutionnels, aux contraintes de placement strictes, s’intéresseraient-ils à un actif volatil?

Nous avons analysé un portefeuille balancé et investi 60% en actions et 40% en obligations en simulant des expositions de 0%, de 3% et de 5% à la classe des crypto actifs. Nos résultats ont démontré que les portefeuilles contenant 5% d’exposition aux crypto-monnaies performent mieux. La volatilité des devises numériques baisse car le marché devient plus mature. Davantage de personnes investissent : ces actifs deviennent mainstream.

Vous avez lancé un produit basé sur le métavers. En quoi consiste-t-il et quels sont ses sous-jacents?

Nous voulions créer un produit destiné aux personnes intéressées par le métavers. Mais nous ne souhaitions pas créer un produit exposé à des acteurs connus tels que Méta ou Microsoft, facilement accessibles, mais donner un accès aux purs «players». Ce sont des sociétés qui fournissent des softwares ou des hardwares de réalité virtuelle, mixte ou augmentée telles qu’Unity ou Activision.

Quoi qu’on puisse penser du succès futur du métavers, le smart manufacturing demeure une tendance dont on va certainement parler de plus en plus. La fabrication intelligente utilise les technologies de l’information pour améliorer les processus de production et faire du sur mesure, typiquement pour les lunettes de réalité augmentée.

Quelles sont vos ambitions en Suisse?

La Suisse constitue pour nous un marché important en raison de ses acteurs financiers. De plus, l’écosystème des crypto-devises rayonne grâce au soutien de la Finma qui a créé un environnement positif pour les sociétés. Ce phénomène est unique en Europe. Il existe partiellement en Allemagne et en Suède. Au Royaume-Uni, la FCA vient de faire une annonce dans le sens de l’ouverture du marché. Mais pour l’instant, l’Allemagne et la Suisse restent les places les plus importantes de l’univers des monnaies numériques.

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