Le secteur minier n'a jamais été en aussi bonne santé

Salima Barragan

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Portées par le rallye sur l’or, les sociétés aurifères ont performé de 47% depuis novembre 2022. Avec Imaru Casanova de VanEck.

L’or et les actions aurifères sont en ébullition. Depuis le mois d’octobre, le cours du métal jaune a gagné 22,77%, tandis que l’indice sur les sociétés aurifères (NYSE Arca Gold Miners Index) a flambé de 47,25%. Une illustration parfaite de l’adage affirmant que les valeurs minières surperforment toujours la hausse du métal jaune. L’or a brièvement franchi le seuil psychologique des 2000 dollars l’once malgré les hausses de taux d’intérêt qui jouent en sa défaveur. Le point avec Imaru Casanova de VanEck.

Malgré leur performance éclatante, les sociétés aurifères ont publié des résultats peu encourageants en raison des pressions sur les prix.  Quel est l’impact de l’inflation sur leur résultat?

L'inflation des coûts a durement frappé les sociétés minières l'année dernière, avec une augmentation de plus de 10% des coûts d'exploitation en 2022 par rapport à 2021. Nous prévoyons une nouvelle hausse des coûts d'exploitation en 2023. Compte tenu de l’atténuation des pressions inflationnistes, l’élévation des coûts cette année sera moindre que l’année passée. Les dépenses d'investissement liées aux reports des années précédentes ou au séquençage des mines pourraient également contribuer à l'augmentation des coûts de maintien pour cette année.

Les entreprises mettent en œuvre avec succès des stratégies de création de valeur afin de démontrer qu'elles peuvent maintenir leur rentabilité à travers les cycles du prix de l'or, ce qui devrait attirer une base d'investisseurs plus large.

Cependant, le récent rallye du cours de l'or va défendre les marges des mineurs: si les cours actuels se maintiennent, les gains de prix sur le métal jaune dépasseront largement les augmentations de coûts estimées en 2023, ce qui va conduire à une expansion des marges et à des valorisations plus élevées.

Pourquoi les mineurs peinent-ils à augmenter leur rythme de production annuel?

Si l'on prend l'exemple de Newmont, le plus grand producteur d'or au monde avec 6 millions d'onces d'or en 2022, l'augmentation - ou même le maintien- de la production est une tâche considérable. L'entreprise a plus que remplacé toutes les onces qu'elle a extraites en 2022, augmentant ses réserves de 92,8 millions d'onces à la fin de 2021 à 96,1 millions d'onces d'or à la fin de 2022. Trouver ou convertir 9,3 millions d'onces de réserves en un an n'est pas une tâche facile, et pour Newmont, cela se traduit par seulement 6 mois de production supplémentaire, déduction faite de l'épuisement. Agnico-Eagle a fourni des prévisions à trois ans qui prévoient une hausse de la production annuelle de 7 % d’ici 2025 par rapport à 2022, mais en deçà des estimations de consensus et à des coûts accrus. Cela met en évidence les défis de l'industrie pour assurer sa croissance.

Comment les entreprises pourraient-elles maintenir leur production, et donc leurs marges?

Elles doivent augmenter leurs efforts d'exploration, quitte à opérer dans des juridictions plus difficiles ainsi que poursuivre leur effort de réduction des coûts d'extraction et de traitement. Les mineurs pourraient également consolider leurs actifs par des fusions ou acquisitions, afin de réaliser des gains d'efficacité et de développer de nouvelles technologies.

Cela dit, le secteur minier n'a jamais été en aussi bonne santé. Les entreprises mettent en œuvre avec succès des stratégies de création de valeur afin de démontrer qu'elles peuvent maintenir leur rentabilité à travers les cycles du prix de l'or, ce qui devrait attirer une base d'investisseurs plus large.

Les sociétés aurifères sous-performent également l’or en cas de chute de son cours. La question cruciale pour la fin demeure: quelles sont les perspectives sur le métal jaune?

Sa bonne performance depuis le début de l’année réaffirme son rôle légitime de valeur refuge et d'assurance du portefeuille. Nous pensons que l'or a la possibilité de poursuivre sa progression, car la demande d'investissement s'est améliorée. De même, le positionnement des détenteurs d'ETF de lingots d'or et des positions longues nettes au COMEX reste bien en dessous des niveaux observés lorsque l'or s'est négocié pour la dernière fois dans cette fourchette de prix. Le point d'entrée de l'or reste attractif, car malgré le niveau de risque global accru en mars, le métal jaune n'a même pas atteint ses sommets historiques, ce qui signifie que le marché ne reflète pas pleinement les risques à venir. L'aggravation des conditions financières devrait conduire à la fin du cycle de hausse des taux de la Fed: le marché prévoit déjà des réductions en 2023, ce qui constitue un élément positif pour l'or. Enfin, la probabilité d'une récession n’est pas encore intégrée dans le marché, ce qui augmente également l'attrait de l'or.

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