Le secteur de l’immobilier profite du retour à la normale des taux

Yves Hulmann

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Pour Roland Vögele, CEO de MV Invest, la période des taux négatifs n’a pas été exceptionnellement rentable pour les investissements immobiliers.

Après deux éditions qui avaient été compliquées par la pandémie en 2021 et 2022, le salon immobilier suisse destiné aux investisseurs IMMO23, qui se tient mercredi et jeudi à Zurich, peut à nouveau se dérouler normalement cette année. A noter aussi que les conférences qui auront lieu dans le cadre d’Immo Forum seront retransmises en direct en ligne sur le site de l’événement et traduites en français. En fin de semaine dernière, plus de 3000 personnes avaient déjà réservé un billet pour cet événement qui rassemble plus de 150 exposants, se réjouit Roland Vögele, directeur de MV Invest, la société qui co-organise ce salon consacré à l’immobilier aux côtés de Swiss Circle. Roland Vögele, directeur (CEO) de MV Invest, livre ses impressions au sujet de l’évolution actuelle du marché de l’immobilier en Suisse.

Comparé aux éditions précédentes, quels sont les thèmes et les aspects qui ont en particulier gagné en importance cette année?

Même si les thèmes varient d’une année à l’autre, le but de l’événement reste le même: le salon Immo est une plateforme qui permet de rapprocher investisseurs et acteurs du secteur de l’immobilier. Maintenant, à la question de savoir quels sont les thèmes qui sont particulièrement représentés lors l’édition de 2023, je dirais plutôt que c’est l’intérêt de la branche qui a évolué au fil des années. Cela fait, par exemple, déjà plus de cinq ans que l’on parle de durabilité ou des placements immobiliers à l’étranger. C’est plutôt la perception du public et des participants qui change au fil des années.

L’insuffisance de l’offre est particulièrement prononcée dans le domaine résidentiel: l’activité de construction se réduit rapidement, les taux de vacances diminuent constamment tandis que l’immigration reste forte.
Le salon Immo’23 est-il avant tout un espace de discussion ou plutôt un salon ou se présentent divers exposants?

Depuis que notre manifestation a lieu séparément du salon Finanzmesse (ndlr: ce qui était le cas jusqu’à 2020), Immo s’est à mon avis ouvert à un public beaucoup plus vaste. Il ne s’adresse plus seulement à des professionnels de l’investissement. Chez MV Invest, nous sommes à la base une société active dans l’immobilier indirect. Notre vision est de permettre à différents participantes – qu’il s’agisse d’investisseurs, de professionnels de la branche ou de personnes qui sont à la recherche de surfaces de bureaux ou de nouvelles idées – de se rencontrer dans le cadre d’un événement qui donne la parole à toutes sortes d’acteurs. Nous ne cherchons pas à influer sur le choix des thèmes abordés – ce sont les exposants qui le font.

Un des grands sujets de 2022 a été l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Quel est son impact sur les acteurs de la branche?  

Avant la remontée des taux d’intérêt, il n’y avait pratiquement plus que l’immobilier qui permettait de rapporter un rendement positif avec une prise de risque modeste. Cette situation, provoquée par les taux négatifs, n’était pas normale. Tous les investisseurs se ruaient alors sur l’immobilier pour obtenir un peu de rendement. Le paradoxe de cela est que les performances annuelles qui ont été réalisées pendant les années où les taux étaient négatifs ont été les plus mauvaises. Entre 2018 et 2022, la performance moyenne par an des fonds immobiliers cotés s’est limitée aux environs de 2.80%. Si l’on prend en considération la période de 2016 à 2022, le rendement annuel moyen du secteur de l’immobilier en Suisse a été d’à peine 4%. En comparaison, avant 2015, le rendement annuel moyen était généralement situé entre 4 et 6%. Donc, dire que la période des taux négatifs était un moment génial pour l’immobilier en Suisse est complètement faux. Personnellement, je pense qu’il est plutôt positif pour le secteur de l’immobilier que l’on soit revenu à la normale en matière de taux.

Avec la hausse des taux d’intérêt, il est néanmoins possible d’obtenir à nouveau des rendements positifs dans l’obligataire, même en prenant très peu de risque. Cela ne va-t-il pas réduire, à terme, l’attrait pour les placements dans l’immobilier?

Il est effectivement désormais plus facile de diversifier ses placements et de les investir de façon rentable dans des obligations. Toutefois, à la différence de plusieurs crise précédentes – comme lors de l’éclatement de la bulle Internet en 2002 et 2003 ou de la grande crise financière de 2008 et 2009 – où l’immobilier était à la peine, ce n’est pas du tout le cas actuellement. Comme l’a montré une étude récente de JLL, on observe au contraire une poursuite de l’augmentation des loyers, tandis que la construction de bureaux et de logements a été limitée. L’insuffisance de l’offre est particulièrement prononcée dans le domaine résidentiel: l’activité de construction se réduit rapidement, les taux de vacances diminuent constamment tandis que l’immigration reste forte. Ce n’est donc pas étonnant que les loyers ne cessent d’augmenter. Actuellement, je n’observe aucun signe de réduction de la demande, tandis que l’activité de construction de logements reste insuffisante.

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