Le private equity se décline en vert

Salima Barragan

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Ferdinand Dalhuisen, ODDO BHF AM: «Ce segment connait la croissance la plus rapide».

Tendance récente, les fonds de capital-investissement ciblent des entreprises non cotées durables. Ferdinand Dalhuisen, managing director, Private Equity, ODDO BHF AM a observé une forte augmentation des levées de fonds et des opérations dans la transition écologique. Une force de frappe non négligeable, sachant que les besoins d’investissement dans les dix prochaines années s’élèveront à 1’000 milliards de dollars selon l’ONU. Il répond aux questions d’Allnews lors de la 13e édition du Geneva Forum for Sustainable Investment (GFSI) du 14 septembre à l’hôtel Fairmont de Genève.

Comment l’industrie du private equity développe-t-elle une offre dans la transition durable?

La transition écologique est clairement une tendance structurelle positive de l’industrie du capital-investissement et c’est probablement le segment du marché qui connaît en ce moment la croissance la plus rapide. Nous observons une forte augmentation des levées de fonds et des opérations d’investissement dans la transition écologique au sens le plus large du terme. Cela n’est pas surprenant, car le capital-investissement a toujours montré qu’à chaque fois qu’il y a de l’innovation et un changement de paradigme, il est au cœur de l’action et, de fait, constitue un moteur déterminant pour conduire ces changements. C’est dans ce type de configurations que naissent un certain nombre d’opportunités.

De quelle manière cette thématique se traduit-elle dans les stratégies des fonds de PE? 

L’univers des acteurs de la transition écologique dans le domaine du capital-investissement est extrêmement large. Il existe par exemple une multitude de fonds de private equity qui se concentrent exclusivement sur le développement des énergies renouvelables, mais au-delà, de nombreux fonds de private equity se concentrent aussi sur l’ensemble de l’écosystème créé par la mise en place de ces énergies renouvelables. Cet écosystème englobe des secteurs tels que les logiciels, les composants et la maintenance, l’économie circulaire, l’exploitation responsable des terres ou encore l’agriculture durable.

Existe-t-il des acteurs du private equity estampillés durable?

Un label reconnu internationalement pour les fonds de private equity n’existe pas vraiment à l’heure actuelle. Les classifications Article 8 ou 9 selon le Règlement européen SFDR sur la publication d’informations en matière de durabilité sont des mécanismes de transparence et non des labels ESG, ce qui parfois a pu être mal compris par le marché. Un label européen, par exemple basé sur un chiffre d’affaires vert minimum et/ou des dépenses d’investissement vertes des entreprises sous-jacentes, pourrait être envisagé, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Dès lors, comment se prémunir contre le «greenwaching», d’autant plus que les sociétés non listées ne publient pas systématiquement des données extrafinancières?

Les investisseurs doivent vraiment se concentrer en premier lieu sur ce que fait une entreprise et sur la manière dont les produits ou services qu’elle offre font intrinsèquement avancer la transition écologique. Puis, seulement dans un second temps, ils doivent s’interroger dans quelle mesure cette entreprise le fait de manière durable.

Pour donner un exemple, une entreprise qui fournit un logiciel pour maximiser la consommation des énergies renouvelables pour un client contribue incontestablement à la transition écologique, alors que le cas d’un fabricant de T-shirts qui améliore ses processus pour minimiser les déchets et la consommation de carbone est un cas beaucoup plus complexe à analyser et à catégoriser. En se concentrant sur le premier exemple plutôt que sur le second, on réduit ainsi considérablement le risque d’écoblanchiment pour les investisseurs.

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