Les stratégies permettant de tirer profit des variations de cours sont nombreuses et variées. Elles reposent généralement sur des périodes de temps prédéterminées. À long terme, la stratégie du «Buy and Hold», par exemple, est bien connue des investisseurs.
Dans des horizons temporels beaucoup plus courts (et risqués), notamment dans le cadre du trading à haute fréquence, une multitude de stratégies existent également, allant de quelques nanosecondes à quelques jours. Charles Chardonnens, responsable «Investment Solutions» à la Banque Piguet Galland, nous en présente quelques-unes en détail.
Le mot «day trading» est aujourd'hui bien connu, celui du «swing trading» moins. Que signifie-t-il et comment fonctionne cette stratégie d'investissement?
Le swing trading vise à capturer les fluctuations de prix d'un actif financier sur une période généralement plus longue que le day trading, s'étendant de quelques jours à plusieurs semaines. Cette stratégie repose principalement sur l'utilisation d'indicateurs techniques tels que les moyennes mobiles exponentielles ou pondérées par le volume, les indicateurs de force relative (RSI), les oscillateurs stochastiques, les bandes de Bollinger, ou encore l'indicateur ADX, afin d’identifier des points d’entrée et de sortie.
Les signaux fournis par ces indicateurs permettent de se positionner pour des swings à la hausse ou à la baisse. Des figures chartistes telles que les «triangles» (symétriques, ascendants ou descendants) ou les formations en tête et «épaules» viennent naturellement compléter cette approche, permettant de valider une continuation ou un retournement de tendance.
Quels en sont les principaux avantages et les inconvénients?
On peut identifier trois avantages principaux au swing trading. Premièrement, les décisions reposent sur une approche froide et factuelle, évitant ainsi les biais cognitifs souvent observés dans les recherches en finance comportementale. Cette prise de décision s'appuie sur des modèles de marché éprouvés, largement utilisés par les algorithmes et la majorité des professionnels de la gestion d’actifs. Deuxièmement, cette stratégie permet d'étendre la période d’analyse au-delà d’une seule journée, évitant ainsi les réactions excessives au «bruit du marché». Enfin, le swing trading offre la possibilité de mesurer graphiquement les gains potentiels tout en gérant activement le risque de baisse.
Le scalping repose sur des analyses techniques à très court terme, utilisant des indicateurs tels que les moyennes mobiles, exprimées en unités de temps très réduites, allant de quelques minutes à quelques secondes.
En ce qui concerne les inconvénients, j’en perçois deux principaux. Premièrement, il est nécessaire de posséder une excellente compréhension et interprétation des indicateurs techniques pour détecter les vrais signaux. Deuxièmement, les positions maintenues pendant la nuit (overnight) ou le week-end peuvent subir des fluctuations imprévues à la réouverture des marchés, entraînant des pertes potentielles. Par exemple, une action peut ouvrir avec un écart significatif à la baisse après l'annonce de résultats financiers décevants.
On oppose aussi le swing trading à une autre technique, celle du «scalping». Qu’est-ce que le scalping?
Le scalping est une technique de trading à très court terme, principalement utilisée par des traders visant à réaliser des profits sur de petits mouvements de prix, souvent sur une durée de quelques secondes à quelques minutes. Contrairement au swing trading, le scalping requiert une exécution ultra rapide, souvent facilitée par des plateformes de trading à haute fréquence.
Et quelles sont les grandes différences entre les deux techniques?
Le scalping repose sur des analyses techniques à très court terme, utilisant des indicateurs tels que les moyennes mobiles, exprimées en unités de temps très réduites, allant de quelques minutes à quelques secondes. À l'inverse, le swing trading se base sur des observations à plus long terme, souvent quotidiennes ou hebdomadaires.
La durée de détention des positions est de quelques secondes ou minutes pour le scalping, contre plusieurs jours ou semaines pour le swing trading. Cette différence peut entraîner des coûts de transaction plus élevés dans le cadre d’une stratégie de scalping.
Enfin, le recours à l’effet de levier est plus fréquent et plus important dans les stratégies de scalping, afin d’amplifier les gains. Toutefois, cet effet de levier augmente également le risque de pertes importantes si les positions ne sont pas gérées correctement. Par exemple, un effet de levier de 10:1 peut transformer une perte de 1% en une perte de 10% en quelques secondes ou minutes.
Day trading, swing trading ou scalping sont toutes des stratégies misant sur le court terme… sont-elles vraiment payantes et recommandées?
Ces stratégies exigent une expertise approfondie, une discipline rigoureuse et des outils sophistiqués pour maximiser les chances de succès. Lorsqu'elles sont appliquées à une portion ciblée du portefeuille, elles peuvent générer de l'alpha et/ou du bêta, à condition d’être correctement exécutées.
On entend souvent dire que les stratégies à court terme sont moins performantes que celles adoptant une vision à long terme. Qu'en pensez-vous?
Les stratégies à court et à long terme sont parfaitement compatibles dans le cadre d’une gestion de portefeuille disciplinée. Le cœur du portefeuille («core») peut être construit sur la base de l’analyse fondamentale, tandis que l’utilisation judicieuse d’indicateurs techniques permet de saisir de manière systématique des opportunités à plus court terme, constituant ainsi la partie «satellite» du portefeuille.
Si vous deviez recommander une seule stratégie d'investissement, laquelle serait-ce?
Le swing trading pour autant qu’il soit réalisé avec discipline.