Exploiter la volatilité

Salima Barragan

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Gerald Moser de Barclays souligne qu’au niveau de volatilité actuel, les marchés sont en hausse 8 fois sur 10.

A la fin du mois de janvier, la valeur du VIX, jauge de la nervosité des marchés, a brusquement décollé au-dessus de 30. A ce niveau de volatilité, certains d’investisseurs se sont réfugiés dans une stratégie que les Anglo-saxons qualifient de «wait and see». Pourtant, Gérald Moser Chief Market Strategist chez Barclays en Suisse, souligne que sur une fenêtre de 3 à 6 mois, les marchés sont en hausse 8 fois sur 10. Remettre ses investissements à plus tard ne pourrait donc pas être la meilleure approche, même lorsque la volatilité s’emballe. Entretien.

Certains investisseurs ont changé leur fusil d’épaule pour adopter une approche «wait-and-see» face à un marché actions devenu plus volatil. Que pensez-vous de cette stratégie?

Ce n’est généralement pas la bonne stratégie sur des marchés où les plus hauts historiques sont devenus la tendance. Le marché ne cesse de monter, et sur un horizon de 3 à 8 mois, il est haussier dans 80% des cas. C'est pourquoi vous pourriez rater des opportunités de croissance ainsi que des opportunités plus tactiques liées à la volatilité. Nous utilisons la volatilité pour compenser les rendements que les obligations n’offrent plus du fait des politiques accommodantes des banque centrales. Ne pas investir peut conduire à rater des opportunités.

De belles performances sur les indices sont peu
probables après le fort rebond des titres .
Surpondéré sur les actions, comment appréhendez-vous ce marché dont la hausse provient principalement de l’expansion des multiples et non des profits?

Si dans l’absolu, les valorisations sont chères, elles sont relativement plus intéressantes que les obligations qui ont perdu leur rôle de diversification et dont le potentiel d’appréciation est très bas dans un environnement de taux à zéro. Globalement, de belles performances sur les indices sont peu probables après le fort rebond des titres confondus, mais nous prévoyons une dispersion entre les entreprises qui bénéficieront de l’environnement actuel et celles qui se retrouveront avec des difficultés structurelles. Notre approche ascendante et sélective peut nous permettre de générer des rendements en ligne avec l’historique des performances moyennes des actions de 8%, ce que la gestion indicielle est moins susceptible d'atteindre.

Dans cette perspective, quels secteurs et styles de sociétés mettez-vous en avant?

Nous avions investi dans la pharmaceutique avant la pandémie et sommes aussi exposés à la communication. Du côté des valeurs cycliques, nous mettons en avant les sociétés industrielles européennes de qualité qui profiteront du rebond chinois. En règle générale, nous aimons les entreprises qui mettent en place des politiques de perturbation ainsi que celles de qualité avec une bonne visibilité sur leurs bénéfices. Nous avons également une approche thématique de segments à croissance solide pour les cinq prochaines années comme le changement climatique. La crise a visiblement agi comme un catalyseur pour les énergies alternatives comme l’hydrogène, dont la croissance sera sans aucun doute plus importante que celle des marchés.

La livre est fondamentalement sous-évaluée et
devrait se raffermir dans un horizon de 12 à 18 mois..
Que pourrait-il se passer sur le marché actions lorsque les banques augmenteront leur taux?

Les experts articulent une correction entre 5 et 10 %. Pour s’en protéger, nous construisons des portefeuilles solides et diversifiés dans des stratégies non corrélées aux marchés publics comme l’or et le private equity. Beaucoup de sociétés restent dans la sphère privée jusqu’à une étape très tardive de leur croissance et elles représentent de belles opportunités d’investissement dans le cadre de notre approche thématique à long terme.

Quel impact pourrait avoir le Brexit sur les investissements au Royaume-Uni et enfin, quelles sont vos vues sur la livre sterling?

Son impact est pour l’heure difficile à estimer, car la grande partie des accords ne porte que sur les biens. Beaucoup de points, notamment sur les investissements et les services, doivent encore être précisés, mais le gouvernement britannique se laisse la liberté de créer des accords avec le plus de pays possible afin d’attirer des capitaux étrangers. La livre est fondamentalement sous-évaluée et devrait se raffermir dans un horizon de 12 à 18 mois.

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