EFG: une croissance davantage profitable

Yves Hulmann

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Pour Giorgio Pradelli, directeur d’EFG International, la progression des actifs du groupe se traduit désormais aussi par une rentabilité plus élevée.

Un bénéfice net qui triple à 106,5 millions de francs au premier semestre, une masse sous gestion de 172 milliards à fin juin située à son plus haut niveau historique et un ratio coûts / revenu qui est redescendu à moins de 80%. Le groupe bancaire zurichois EFG International a publié mercredi des chiffres supérieurs aux attentes qui ont été bien accueillis par les marchés, permettant à l’action de gagner 1,9% à 7,61 francs à la clôture. Quelles sont les ambitions du groupe pour la suite? Entretien avec Giorgio Pradelli, directeur général d’EFG International depuis 2018. 

Quels sont les aspects des résultats au premier semestre d’EFG International («EFG») qui vous ont le plus frappé?

Dans l’ensemble, les chiffres réalisés par EFG International au premier semestre ont été très solides. Après une forte croissance au premier trimestre, le deuxième trimestre s’est aussi poursuivi favorablement. En plus d’un bénéfice net en forte hausse sur l’ensemble du premier semestre, il faut aussi souligner la forte croissance des afflux nets de nouveaux capitaux qui a atteint 4,2 milliards entre janvier et juin, ce qui correspond à un taux de croissance annualisé de 5,3% pour l’ensemble des six premiers mois de l’année. Compte tenu d’une croissance située à 4% durant les trois premiers mois de 2021, cela signifie donc qu’EFG a enregistré un taux de croissance annualisé de ses afflux de nouveaux capitaux dépassant les 6% entre avril et juin, ce qui est très réjouissant. C’est le neuvième trimestre consécutif durant lequel l’afflux net de capitaux est positif. Avec des actifs sous gestion de 172 milliards de francs à fin juin, nous avons aussi atteint un record.

«Nous voulons seulement augmenter le nombre d’endroits où nous proposons
une offre d’advisory – mais pas accroître le nombre de booking centers.»

Ce qui est à mon avis particulièrement réjouissant, c’est que notre croissance élevée commence aussi à se refléter sur la profitabilité. Le bénéfice net de 106,5 millions de francs au premier semestre est, par exemple, trois fois plus élevé que celui enregistré durant la même période de l’an dernier.

EFG s’était fixé comme objectif d’atteindre un taux de croissance annualisé de ses afflux nets d’argent frais situé entre 4 et 6% par an. Cet objectif reste-t-il maintenu à long terme?

Oui, c’est l’objectif que nous nous étions fixés il y a deux ans. Nous le maintenons.

Durant le premier semestre, EFG a fermé ou vendu certains actifs, à l’exemple du désinvestissement de la société Oudart en France ou de la cession de sa participation dans la banque privée espagnole A&G. Dans l’ensemble, allez-vous continuer à réduire nombre de sites et d’activités dans votre portefeuille - ou allez-vous aussi poursuivre votre expansion à certains endroits?

Nous poursuivons un processus d’ajustement continuel de nos activités. Quand nous avons défini notre stratégie actuelle, nous l’avons décrite avec les termes de «sustainable and profitable growth». Cela veut donc dire que nous souhaitons continuer d’avoir à la fois de la croissance mais tout en simplifiant notre portefeuille d’activités dans certains domaines. Nous clôturons donc aussi certaines entités lorsque nous pensons que nous n’avons pas de perspectives suffisamment intéressantes avec celles-ci. C’est pourquoi, nous avons vendu les activités d’Oudart en France et certaines activités au Luxembourg. En outre, nous avons annoncé la vente de notre participation dans la banque privée A&G en Espagne, tandis que nous sommes en train de fermer notre booking centre à Guernesey et transférons ces activités vers d’autres booking centres. 

«C’est la qualité des personnes ou des équipes que l’on peut
embaucher qui prime, davantage que la quantité.»

Pour autant, cela ne nous empêchera pas d’étendre ou renforcer notre présence sur certains sites lorsque des opportunités intéressantes se présentent. C’est le cas par exemple au Portugal ou à Dubaï. En revanche, nous voulons seulement augmenter le nombre d’endroits où nous proposons une offre d’advisory – mais pas accroître le nombre de booking centers.

S’agissant du recrutement de nouveaux conseillers, EFG avait mentionné un nombre de 70 à 100 nouveaux relationship managers par année. Est-ce encore un objectif?

En réalité, ce n’est pas un objectif «dur», comme nous pouvons en fixer dans d’autres domaines. C’est plutôt un ordre de grandeur qui reflète notre ambition. Depuis 2019, nous avons toujours été à un niveau plus élevé ou dans cette fourchette. En 2020, nous avons recruté un peu plus de 70 nouveaux relationship managers. En 2021, nous devrions aussi arriver à peu près à ce chiffre. Toutefois, pour nous, c’est la qualité des personnes ou des équipes que l’on peut embaucher qui prime, davantage que la quantité.

Beaucoup d’experts ou consultants prédisent année après année une poursuite du mouvement de consolidation dans le secteur de la gestion de fortune en Suisse. Envisagez-vous d’effectuer des acquisitions - et si oui des sociétés qui présentent quel profil?

En matière de consolidation, lorsque les marchés sont orientés à la hausse, on observe souvent que le mouvement de consolidation perd de son élan. Ensuite, quand il y a davantage de difficultés, il s’accélère souvent à nouveau. A moyen ou long terme, il y aura certainement une nouvelle vague de consolidation – et nous serons alors intéressés à y participer. En ce qui concerne le seul marché suisse, EFG a, en quelques années, triplé ses actifs sous gestion qui sont passés de 15 milliards à 46 milliards actuellement. Pour autant, EFG s’intéressera à effectuer des acquisitions de sociétés seulement si leurs employés et relationship manager ont une culture qui peut bien s’intégrer dans la nôtre.

«Sur le seul marché suisse, EFG a, en quelques années, triplé ses actifs
sous gestion qui sont passés de 15 milliards à 46 milliards actuellement.»

En termes de régions, nous avons défini une série de marchés bien précis. Outre la Suisse, il y a notamment le Moyen-Orient, l’Europe du Sud, et de l’Est, l’Amérique latine, l’Asie et encore le segment de clientèle appelé «Non-Resident Indians», qui concernerait le cas échéant les sites de Londres ou de Dubaï plutôt que la Suisse.

Donc, si l’on trouve des entités qui réunissent à la fois ces aspects de compatibilité sur le plan de la culture d’entreprise et qui ont des clients dans les régions où nous voulons croître, alors oui, nous serons intéressés à de potentielles acquisitions.

Qu’anticipez-vous pour la seconde moitié de l’année 2021 – quelles sont les opportunités et quels sont les risques?

Côté positif, la reprise va se poursuivre en seconde moitié d’année. Je ne pense pas non plus qu’il y aura un changement fondamental sur le plan de la politique monétaire. Côté négatif, force est de constater que les marchés boursiers ont déjà beaucoup progressé, ce qui les expose aussi à d’éventuelles corrections. En outre, il y a toujours certaines craintes au sujet de l’inflation, tandis que des résurgences de la pandémie ne peuvent pas être exclus. Malgré tout, de manière générale, le contexte économique reste toujours globalement positif. 

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