Le 10 mars, une réglementation européenne sur les investissements durables viendra mettre de l’ordre. Avec Tillmann Lang de Yova.
Difficile de s’y retrouver dans la jungle des labels ESG. Problème principal pour les consommateurs non avertis (ou éclairés): le greenwashing, qui consiste à faire passer des investissements pour durables. Tillmann Lang de la Fintech zurichoise Yova, dédiée aux investissements durables, distingue deux catégories de «greenwasher»: les émetteurs promouvant consciemment des produits trompeusement étiquetés ESG, et ceux dont les pratiques durables sont tout simplement insuffisantes. Le 10 mars, la nouvelle réglementation européenne sur la transparence des investissements durables viendra mettre de l’ordre dans un marché où les définitions sont souvent floues. Entretien.
Il y a une différence entre un véritable greenwashing malveillant réalisé avec la volonté consciente de cacher la vérité et un greenwashing où la qualité de l'évaluation de la durabilité est tout simplement faible. Par exemple, les critères utilisés par des émetteurs d’ETF durables sont souvent insuffisants et inefficients, pour mériter véritablement d'être qualifiés de «green». Un exemple courant est celui des fonds qui s’auto-proclament durables parce qu’ils n’investissent pas dans les armes. Si c'est une bonne chose, cela ne suffit pas pour mériter le label «durable».
Cela dépend de ce qui est exclu. Pour être durable, les critères doivent inclure les dimensions écologiques. Dans ce cas, exclure les armes est tout simplement insuffisant: on passe à côté de certains des plus grands facteurs de durabilité tels que le changement climatique.
sera effective dans deux mois.
Tout simplement parce que la transparence ne constitue pas un élément que le monde financier a respecté dans le passé. Cela commence par l'absence de divulgation d’information sur les frais ou les coûts supplémentaires. Plus les prestataires de services financiers publient de données, plus ils s’exposent aux critiques. Si ces derniers ne veulent pas être mis en position délicate, nous devons écouter les exigences en transparence des consommateurs et nous avons également besoin d'une certaine forme de réglementation. Nous l'avons déjà constaté dans d'autres secteurs, avec par exemple la réglementation selon laquelle les ingrédients des produits alimentaires doivent désormais être affichés sur l'emballage.
Oui, une régulation sur la divulgation sera effective dans deux mois. Elle fera partie du plan de finance durable de l’Union Européenne et permettra, espérons-le, une plus grande transparence ainsi que de meilleures bases de comparaison entre différents produits financiers.
Le Conseil Fédéral a publié un rapport sur la durabilité en tant que pierre angulaire de la finance suisse et le Département des Finances a lancé le Swiss Clean Network pour encourager l’écosystème. Bien qu'il ne s'agisse pas encore d'une action concrète comme la taxonomie de l'UE, il s'agit d'un pas en avant important.
doivent être traités par une technologie fiable.
Pour évaluer de manière fiable la durabilité des investissements, des volumes considérables de données doivent être traités par une technologie fiable. Grâce à l'innovation en matière de technologie d’analyse de data, nous pouvons réunir un grand nombre d’informations et les traiter pour les rendre transparentes pour nos clients qui peuvent vérifier à tout moment la durabilité des entreprises de leur portefeuille.
Globalement, la précision des données s’est améliorée durant ces deux dernières années. Et elle s'améliorera encore plus au cours des deux prochaines années. Toutefois, afin de garantir la transparence, nous ne nous fions jamais uniquement à un seul fournisseur de données. Nous nous intéressons également à l’impact futur des sociétés sur le changement climatique, et non seulement sur l’impact qu’elles ont eu dans le passé. Par ailleurs, il est essentiel d'examiner l’impact que les produits et services peuvent avoir plutôt que de se contenter d’évaluer par exemple l'empreinte carbone. Imaginons deux fabricants de turbines; l'un fonctionne au gaz et l'autre produit des turbines éolienne. Les deux entreprises peuvent avoir la même note de durabilité dans leur chaine d’approvisionnement, mais il est évident que la turbine à gaz aura une émission de carbone plus élevée à l'avenir.