Connaître en profondeur la situation patrimoniale de nos clients

Yves Hulmann

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Martin Liebi, CEO d’ODDO BHF (Suisse), souligne l’importance du marché helvétique, le troisième au sein du groupe ODDO BHF, après la France et l’Allemagne.

Bien qu’il ait changé plus d’une fois d’employeur au cours de sa carrière, Martin Liebi, CEO de ODDO BHF (Suisse) depuis janvier 2022, est resté fidèle à son lieu de vie principal, le Tessin, où il réside depuis le début des années 1990. Parfaitement bilingue allemand-italien, le diplômé de l’Université de Berne a été tour à tour directeur régional pour l’Europe de la banque privée de la Lloyds Bank, puis responsable de la banque privée Schroders & Co Bank, de Notenstein Privatbank à Zurich, avant de prendre la responsabilité de la banque privée suisse d’Edmond de Rothschild pendant trois ans. Pourquoi avoir repris la direction des activités suisses du groupe franco-allemand ODDO BHF depuis le début de 2022? Entretien avec Martin Liebi au siège zurichois de l’unité helvétique d’ODDO BHF qui emploie quelque 130 collaboratrices et collaborateurs sur un total de 2700 pour le groupe.

Qu’est-ce qui vous a incité à rejoindre ODDO BHF (Suisse), l’unité helvétique d’un groupe bancaire franco-allemand, plutôt que de continuer votre carrière auprès d’un établissement bancaire typiquement suisse?

Il faut tout d’abord souligner l’importance que revêt l’unité suisse d’ODDO BHF au sein du groupe. La Suisse est le 3ème marché pilier au sein du groupe ODDO BHF, après la France, son premier marché, et l’Allemagne, son second marché. On peut également dire que ODDO BHF est désormais devenu vraiment un établissement suisse suite à l’acquisition de la banque privée Landolt & Cie, fusionnée au sein du groupe en 2021.

A-t-il été envisagé de garder la marque Landolt & Cie au sein du groupe?

Il est difficile pour moi de m’exprimer en détail à ce sujet car la reprise de la banque privée a été effectué avant mon arrivée chez ODDO BHF. Maintenant, cette question s’est certainement posée car il s’agissait d’une marque bien connue en Suisse romande, avec une histoire de plus de deux siècles et basée à Lausanne. S’il s’agissait d’une marque bien connue en Suisse romande, c’était moins le cas en Suisse alémanique. Pour le marché alémanique, le fait de garder la marque Landolt & Cie n’aurait pas vraiment apporté de valeur ajoutée. Par ailleurs, il faut aussi souligner que ODDO BHF n’est pas spécialisée uniquement dans la banque privée ou la gestion de fortune. Le groupe exerce trois métiers principaux: la banque privée, la gestion d’actifs ainsi que la banque de financement et d’investissement.

Notre seuil de départ se situe aux environs d’un million de francs – en revanche, il n’y a pas non plus besoin d’avoir 10 millions pour devenir client d’ODDO BHF.
En Suisse, l’accent est placé sur quel segment d’activité et sur quel type de clientèle?

En Suisse, on a fusionné deux entités totalement différentes. D’un côté, il y avait Landolt & Cie, avec un modèle d’affaires axé sur la banque privée et avec une grande offre de services. De l’autre, il y avait BHF qui était très focalisé sur l’Allemagne et qui gérait surtout des mandats discrétionnaires. Il a fallu non seulement intégrer les deux mentalités alémaniques et romandes distinctes mais aussi réunir deux cultures d’entreprises très différentes. En fin de compte, nous avons quelque peu simplifié le modèle d’affaires de la partie romande qui était trop complexe et, au contraire, complété les activités zurichoises de BHF reprises en 2016 qui étaient un peu trop simple. Aujourd’hui, je pense que l’on a atteint un bon équilibre et que l’on peut mieux expliquer ce que l’on fait.

Comment résumeriez-vous la spécificité des activités d’ODDO BHF sur le marché suisse?

A ce sujet, il est utile de rappeler que ODDO BHF est un groupe franco-allemand doté d’une structure actionnariale particulière dans le sens où 65% de son capital est détenu principalement par la famille Oddo, puis à hauteur de 25% par les collaboratrices et collaborateurs de l’entreprise et à 10% par des tiers. Nous proposons non seulement des services de gestion de fortune et de gestion d’actifs mais nous sommes également actifs dans les domaines de la finance d’entreprise, à quoi s’ajoute par exemple aussi notre expertise dans les marchés privés. Ici, il vaut la peine de rappeler que Philippe Oddo a toujours été actif dans le private equity et qu’il est lui-même un véritable entrepreneur. Donc, pour résumer, on peut dire que notre cible de clientèle est d’abord la clientèle d’entreprise.

Sur quels aspects mettez-vous l’accent avec ce type de clientèle?

Nous insistons sur le fait d’avoir une approche globale de la situation financière de nos clients. Nous ne nous limitons pas à la seule gestion des liquidités ou au placement des actifs qui peuvent être facilement achetés ou revendus. Il est important de connaître en profondeur la situation patrimoniale de nos clients, en incluant aussi bien des actifs tels que l’immobilier ou la valeur des entreprises qu’ils détiennent, lorsque c’est le cas. La gestion des actifs liquides de nos clients est même souvent le dernier de leurs soucis.

Accompagnez-vous des entreprises tout au long de leur développement ou seulement lorsqu’elles ont atteint une taille minimale?

Je pense qu’il serait très arrogant de dire que nous allons nous occuper seulement des grands clients. Au contraire, ce sont même souvent ceux qui étaient au début des petits clients qui ont fini par devenir ensuite nos plus grands clients.

Y a-t-il un seuil minimal à avoir pour être client chez ODDO BHF en Suisse?

Il est clair que nous n’allons pas nous lancer dans la banque de détail, ça ne serait pas rentable. Notre seuil de départ se situe aux environs d’un million de francs – en revanche, il n’y a pas non plus besoin d’avoir 10 millions pour devenir client d’ODDO BHF.

Sur quels points insistez-vous dans le cadre de vos processus d’investissement?

Un aspect qu’il faut mentionner est que nous n’investissons que dans des titres individuels, non pas par le biais de fonds. D’où l’importance de bien connaître les sociétés dans lesquelles nous investissons. Ensuite, nous ne modifions que peu la composition des portefeuilles, hormis lorsqu’il est nécessaire de réallouer les différentes classes d’actifs pour respecter les guidelines qui ont été définies au préalable et qu’ils est important de respecter. Nos clients ont en général bien compris l’importance de rester fidèle à une stratégie d’investissement lorsqu’elle a été définie – et ils ne paniquent ensuite pas même lorsque des chocs tels que l’éclatement de la guerre en Ukraine surviennent.

Quels sont les projets importants qui sont actuellement en cours chez ODDO BHF?

Nous allons notamment lancer une nouvelle plateforme d’E-banking qui sera encore plus performante et plus dynamique ainsi qu’avec un layout un peu différent.

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