«C’est surtout l’environnement de taux d’intérêt plus élevé qui profite à notre secteur d’activité» expliquent Patrick Combes (photo) et François Brisebois.
En 2022, Compagnie Financière Tradition (CFT) a vu son bénéfice net bondir de plus de 40% sur un an pour atteindre 89,1 millions de francs, a indiqué vendredi la société basée à Lausanne dans un communiqué. Le chiffre d’affaires ajusté du leader des services d’intermédiation a, lui, augmenté de 10,6% pour s’établir à près de 1,03 milliard de francs. Le point sur ces résultats et sur les perspectives du groupe avec Patrick Combes (P.C.), CEO, et François Brisebois (F.B.), directeur financier (CFO).
François Brisebois (F.B.): C’est surtout l’environnement de taux d’intérêt plus élevé qui profite à notre secteur d’activité. Au-delà de la volatilité des marchés observée ces dernières semaines, c’est plutôt la remontée des taux d’intérêt et, de manière plus générale, le changement d’environnement macroéconomique qui compte le plus dans l’évolution de nos résultats. On peut du reste l’observer en regardant l’évolution de nos chiffres entre le premier et le deuxième semestre 2022. Au premier semestre, le chiffre d’affaires consolidé ajusté a progressé de 7,7% sur un an à cours de change constants, tandis que l’augmentation a atteint 13,8% durant le deuxième semestre. La hausse des taux d’intérêt a amené les investisseurs à revoir leur allocation d’actifs, ce qui profite à notre activité.
Patrick Combes (P.C.): Non, c’est avant tout le changement de politique monétaire depuis l’an dernier qui pèse le plus dans la balance. C’est pourquoi nous nous attendons à un marché soutenu aussi durant le reste de l’année, à cours de change constants et dans un environnement de marché constant. Si une croissance de plus de 10% peut paraître élevée à prime abord, il faut aussi garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une progression irréaliste. Entre 1997 et 2008, CFT a vu son chiffre d’affaires progresser en moyenne d’environ 16% par an.
F.B. : Les variations des monnaies les plus importantes à l’exemple du dollar par rapport à l’euro sont souvent aussi une évolution relative à la politique monétaire des banques centrales. Par exemple, si la Banque du Japon modifiait sa politique monétaire, cela va affecter le cours du yen.
P.C : Notre politique repose d’abord sur le recrutement de personnel complémentaire dans certains segments. Nous recherchons des compléments de compétence d’individus qui peuvent compléter notre portefeuille d’activités. Les acquisitions ne figurent pas parmi nos priorités.
P.C. : Il faut constater que la crise qui a affecté ces banques régionales résulte notamment de l’absence de régulation applicable aux grandes banques pour ces établissements régionaux. Les leçons qu’on peut en tirer sont à mon avis les suivantes : premièrement, quand une réglementation est mise en place, il faut qu’elle s’applique à l’ensemble des acteurs d’un secteur. Sinon, cela peut inciter les établissements qui en sont exemptés à agir différemment. Deuxièmement, quand une réglementation est trop stricte dans un domaine spécifique, cela peut conduire certains acteurs à reporter leurs opérations sur d’autres produits ou d’autres instruments. Donc, appliquer la réglementation la plus stricte dans un domaine ne profite pas toujours à la stabilité du système dans son ensemble. Enfin, il faut aussi faire attention à ne pas mettre en place des réglementations qui peuvent elles-mêmes contribuer à l’instabilité des marchés. Quand, dans un contexte de hausse des taux, un établissement est obligé de liquider rapidement des actifs, il réalise une perte en capital qui n’était au départ que comptable. L’approche de valorisation de type «mark to market» (MTM), qui consiste à enregistrer au jour le jour la valeur d’un actif selon son prix de marché, a aussi une dimension pro-cyclique. Il faut ainsi faire attention au caractère potentiellement pro-cyclique de la réglementation.