BCV: une attractivité intacte

Anne Barrat

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«La résistance de nos résultats nous permet de verser de nouveau 310 millions de dividendes» se félicite Thomas Paulsen.

En dépit de la crise, la 2e banque cantonale helvétique tient ses engagements, qui la placent au premier rang en termes de création de valeur pour ses actionnaires. Une générosité qui tient non seulement à la solidité des fondamentaux du Groupe, qui a franchi les 100 milliards d’actifs sous gestion pour afficher une hausse de 5% en pleine crise sanitaire et économique, mais aussi à sa politique de dividende inchangée depuis 2008. Un exploit qui ne doit rien au hasard, selon Thomas Paulsen, CFO du groupe BCV.

Le Groupe a globalement bien résisté à la crise sanitaire et économique, comment l’expliquez-vous ?

Il y a plusieurs facteurs. A la base, notre modèle d’affaire de banque universelle de proximité est logique, diversifié sur une quinzaine de métiers, et ceci de manière cohérente et sans dispersion inutile. Cela nous assure une répartition équilibrée des revenus et permet une bonne gestion des risques. C’est l’un des facteurs qui nous a permis de limiter les dommages de la crise de la COVID-19.

En second lieu, nous bénéficions aussi de notre fort ancrage dans le canton, au service des clients vaudois, que ce soit des institutionnels, des PME, ou des privés qui nous font confiance. Signe de cet ancrage, nous avons octroyé plus de 6'000 crédits Covid-19 aux entreprises du canton pour un total supérieur à 700 millions de francs et reporté les amortissements sur les crédits aux PME, une mesure, reconduite en 2021, qui a laissé 40 millions de liquidités à leur disposition.

Nous avons aussi été aidés par certains facteurs particuliers. L’activité d’investissement de la clientèle a été soutenue. De plus, au niveau du Groupe, l’apport d’argent frais s’est monté à 4,5 milliards en 2020, toutes clientèles confondues - particuliers, PME, grandes entreprises et institutionnels. Notre gestion de fortune, au sens large avec l’Asset Management et le Private Banking, y a fortement contribué. Par ailleurs, dans un marché immobilier peu affecté par la pandémie, la BCV a aussi octroyé pour environ 1 milliard de francs de nouvelles hypothèques.

Le résultat est que la banque reste très solide, avec un niveau de fonds propres élevé, une notation stable - de AA chez Standard & Poor’s -, et un ratio de fonds propres – capital total qui est passé de 17,3% en 2019 à 17,8% en 2020. Malgré ce niveau de fonds propres élevés et la baisse du bénéfice net, le ROE a atteint 9,3% et figure parmi les meilleurs des établissements bancaires comparables.

Vous n’avez pu malgré tout échapper complètement aux effets de la crise, quelles en ont été les principales séquelles ?

Effectivement, nos revenus ont subi une baisse de 6% pour s'inscrire à 945 millions. L’un des principaux facteurs est la réduction volontaire de l’exposition dans le Trade Finance, pour limiter les risques face aux perturbations des circuits logistiques avec la pandémie et les mesures de confinement dans de nombreux pays. Cela a eu des effets sur plusieurs postes du compte de résultat: au niveau des revenus d’intérêts et des produits de commissions, avec une baisse des volumes de financement de transactions, amplifiée par le recul des prix des matières premières. De plus des provisions pour risques de crédit, principalement au premier semestre, sont également liées à la crise.

Parmi les autres répercussions négatives de la pandémie, il faut relever, au niveau des commissions, une diminution des transactions de la clientèle privée (cartes de crédit, bancomats, devises étrangères).

A côté de cela, les taux négatifs continuent de peser sur les revenus d’intérêts. La dynamique des taux bas, que l’on observe depuis de nombreuses années, a encore été renforcée avec la crise du Covid-19 et les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales pour limiter les effets de la crise. En matière de report des taux négatifs, nous restons moins agressifs que certains de nos concurrents, même si nous avons dû graduellement resserrer les critères ces dernières années. Les taux d’intérêt négatifs ne sont refacturés, au-dessus d’un certain seuil, qu’à des grandes entreprises et des institutionnels, ainsi qu’à certains clients du private banking ou à des sociétés qui déposent chez nous des montants importants en cash sans utiliser d’autres services, qui compenseraient les taux négatifs que nous payons.

En revanche, les commissions ont augmenté dans la gestion de fortune et l’Asset management, grâce à l’activité transactionnelle de la clientèle. La maîtrise des coûts, qui ont diminué de 2%, notamment grâce à la maîtrise des coûts informatiques, a aussi contribué positivement à la rentabilité. Au final, même s’il diminue de 9% à 331 millions, le résultat net reste solide. De plus il ne faut pas oublier qu’on le compare à un bénéfice record en 2019.

Votre attractivité semble finalement intacte. Quel est votre secret ?

L’un des volets de notre attractivité est la création de valeur pour nos actionnaires. L’action BCV a vu son cours augmenter de 22% en 2020 et afficher un rendement total (incluant le dividende) de 26%. Il s’agit de la 2e meilleure performance des banques cotées sur le SIX Swiss Exchange. Cette performance s’inscrit dans la durée. Sur cinq ans l’action BCV offre un rendement total de 107%, qui se compare à 16% pour la moyenne des banques cotées à la bourse suisse. Ce n’est pas dû au hasard: c’est le résultat de notre vision long terme et de notre travail de fond. Cette performance à long terme, combinée à une bonne liquidité du titre, lui a permis d’intégrer les indices MSCI World et STOXX Europe 600 en mai 2020.

Pour les investisseurs, notre proposition et notre politique de dividende sont assez uniques. Nous nous engageons sur une fourchette de dividende en francs – et non sur un taux de redistribution du bénéfice net – sur des horizons de cinq ans. Au titre de l’exercice 2020, nos actionnaires sont récompensés de leur confiance par le versement d’un dividende de 3,60 francs par action, stable par rapport à l’exercice précédent (sous réserve du vote de l’Assemblée générale du 29 avril 2021) et en ligne avec la politique de retour aux actionnaires, communiquée en 2008 et qui est maintenant dans sa 3e phase.

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