Aller là où d'autres ne vont pas

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Choix anticonformistes et alpha portable. Les stratégies pour capturer l'alpha. Entretien avec Katia Coudray de SYZ AM.

Difficile d'investir sur des dossiers que d'autres évitent, voire détestent. Cette démarche anticonformiste  - qualifiée de "contrarian" en anglais - exige une recherche pointue et pas mal de patience. Pas facile non plus d'identifier de l'alpha sur des univers où, apparemment, tout a déjà été dit et redit. Explications de Katia Coudray, CEO de SYZ Asset Management.

Vous définissez votre stratégie en actions européenne de contrariante. Pourquoi et de quelle manière?
Parce que nous sommes convaincus que la gestion active peut battre les indices  à moyen et long terme avec ce type de stratégie.  Au travers de cette approche contrariante, nous privilégions des entreprises méconnues  ou insuffisamment étudiées ou encore à celles qui souffrent de désintérêt parce qu'elles appartiennent à un pays ou à un secteur  économique impacté momentanément par un facteur macroéconomique. Cette approche des titres de qualité, victimes de circonstances externes, nécessite une équipe de recherche dédiée, ce qui est le cas de la nôtre, qui compte huit collaborateurs basés à Londres. Ce type de gestion exige de robustes convictions sur des positions concentrées.
«Nous sommes convaincus que la gestion active peut battre
les indices  à moyen et long terme avec ce type de stratégie.»
Est-ce que vous appliquez la même recette pour votre stratégie en actions japonaises?
Non, même s’il s’agit également d’une stratégie de conviction, le processus de sélection des titres est différent. Le portefeuille de ce fonds est constitué par un nombre restreint de titres sélectionnés avec soin par notre équipe de recherche. La première poche ou partie du portefeuille  est constituée de valeurs phares, capables de résister aux évolutions économiques, et l’autre  partie par des valeurs cycliques domestiques ou internationales.  La combinaison de ces deux types de titres nous permet de générer de l’alpha de manière consistante, sans  dépendance à un biais de style «value» ou «growth», fréquemment répandu sur le marché japonais..
Vous avez récemment lancé une stratégie sur les primes de risque. Pouvez-vous nous en dire davantage?
Cette stratégie «prime de risque actionsglobales» est issue des travaux de notre équipe de recherche quantitative et a été lancée en décembre sur la base d'un modèle propriétaire. Cela fait suite à une stratégie «prime de risque actions Europe» déjà active depuis un an. Il s'agit d'une stratégie en actions long-short dont l'intérêt est  d’être décorrélée à la fois des mouvements sur les marchés actions et de ceux des taux d'intérêt, ce qui permet de capturer l'alpha sur la durée et de tirer parti des moteurs de rendements quel que soit le contexte macro-économique. Une alternative d'alpha «portable» intéressante pour les investisseurs obligataires qui peinent à trouver des rendements aujourd'hui.
Votre fonds de dette subordonnée parait surclasser ses concurrents en termes de performance.  Pour quelle raison?
L'une de nos expertises porte sur le crédit bancaire européen où nous avons précocement identifié les opportunités créées par le refinancement du secteur des banques et des assurances grâce, en particulier, à nos analystes spécialisés au bénéfice d’une expérience passée dans la structuration du capital bancaire.
«Nous avons conclu un partenariat avec une société spécialisée
pour l'analyse ISR du bilan des sociétés sur lesquelles nous investissons.»
Quel est votre engagement envers l'investissement responsable?
En 2014, le groupe SYZ est devenu signataire des principes des Nations Unies pour l’investissement responsable (UN PRI) et nous travaillons en partenariat avec une société spécialisée pour l'analyse ISR du bilan des sociétés sur lesquelles nous investissons. In fine, ce sont nos clients qui définissent les critères de l'investissement qu'ils considèrent éthique et nous menons une stratégie de proxy-voting pour les représenter. Pour ne citer qu'un seul exemple, la priorité des caisses de pension est de payer des retraites et non d'investir de manière responsable. Notez, par ailleurs, que les principes éthiques varient selon l'environnement culturel.  J'aimerais toutefois attirer l'attention sur une découverte récente que nous avons faite en analysant notre stratégie d'actions globales de qualité qui a plus de 10 ans et dont les titres n'ont pas été sélectionnés sur la base de critères ISR. Nous y avons constaté une empreinte carbone 50% inférieure à celle des valeurs de son indice de référence. En d'autres termes, il paraitrait qu'il y a bien une forme de convergence entre performance des sociétés et comportement responsable. Ce qui va nous mener à formaliser une offre tenant compte du critère de performance énergétique.
Vous évoquiez à l'instant les fonds de pension et avez, il y a peu, annoncé la volonté d'améliorer la portée de votre offre aux clients institutionnels en Suisse.
Historiquement, notre stratégie de vente auprès de clients distributeurs  a été très dynamique notamment en Europe continentale et en Suisse.  Sur la clientèle de fonds de pension, nous sommes convaincus que nous avons encore du potentiel de croissance en Suisse. Notre compréhension de leurs problématiques, notre expertise et notre proximité devraient nous permettre de leur apporter des solutions innovantes, en particulier en matière de protection contre les retournements de marché. C'est à cet effet que nous avons recruté récemment  Thierry Cherf au poste de Head of Institutional Sales pour la Suisse, et renforcé notre équipe dédiée à ce type de clientèle.