Alken lance une plateforme obligataire sophistiquée

Salima Barragan

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«Nous souhaitons exprimer notre vue fondamentale à travers tous les instruments disponibles» affirment Nicolas Walewski et Antony Vallée.

Nicolas Walewski, fondateur d'Alken et gestionnaire de fonds en actions européennes, et Antony Vallée, directeur de la gestion obligataire d'Alken.

La société de gestion spécialisée sur les actions européennes, fondée par Nicolas Walewski, lance une plateforme obligataire. Cette nouvelle activité sera sous la direction d’Antony Vallée, qui rejoint la société après avoir été le responsable des obligations convertibles chez JP Morgan. Alken compte ainsi exprimer sa vue fondamentale sur l’univers des obligations d’entreprises et des convertibles. Interview avec Nicolas Walewski, fondateur et gestionnaire de fonds en actions européennes, et Antony Vallée, directeur de la gestion obligataire.

Pourquoi diversifiez-vous vos activités avec le lancement d’une plateforme obligataire?

Antony Vallée: L’ADN de Alken est l’analyse des sociétés. Nous allons la mettre à profit sur le monde du crédit d’entreprise. Si vous avez de la compétence en recherche fondamentale, vous pouvez la mettre aussi bien sur les actions que sur le crédit corporate.
Nicolas Walewski: Les sociétés de qualité - et celles qui vont s’améliorer - sont notre point de départ. Elles seront les vecteurs de performance. Nous voulons exprimer notre vue fondamentale à travers tous les instruments disponibles. Nous pensons que bénéficier du point de vue actions et obligations est une bonne chose pour Alken car ces activités sont complémentaires.

«Sur le segment des obligations convertibles, la demande revient en force.»
Plus précisément, vous lancez un fonds global fixed income ainsi qu’un deuxième sur les obligations convertibles. Quelles raisons ont motivé ces choix?

AV: Sur le segment des obligations convertibles, la demande revient en force. Avec l’augmentation de la volatilité, les investisseurs privés et institutionnels recherchent plus de sécurité. C’est une tendance générale qui s’observe dans les période de fin cycle. Sur le fixed income, le demande est forte pour les fonds flexibles, de duration courte, avec différents types d’instruments.
NW: Il est important de souligner que sur les actions, nous sommes spécialisés sur l’Europe, même si nous avons une vision mondiale sur la plupart des secteurs. Nos analystes parcourent la planète pour comprendre ce qui se passe dans les investissements, et sur la plateforme de fixed income, nous proposerons des fonds mondiaux. La diversification au niveau mondial est importante. 

Quels profils d’instrument ciblez-vous spécifiquement?

AV: Nous descendons jusqu’à des profils de crédit de type BB afin de capturer les primes de risques qui génèrent du rendement. Nous recherchons des sociétés où les activités opérationnelles et la qualité du crédit s’améliorent, plutôt que du bêta. Sur la stratégie des obligations convertibles, nous nous intéressons également aux sociétés de qualité ou qui s’améliorent, sans cibler un profil spécifique. Car quel que soit la sensibilité aux actions, leurs obligations convertibles vont performer.

Quels sont vos objectifs?

AV: Notre objectif est de lancer des fonds de stock picking corporate performants. En termes d’avoirs sous gestion, nous sommes assez ambitieux! Nous concevons une plateforme qui va être très compétitive en termes de systèmes et de personnel, d’intégration de la recherche fondamentale et quantitative. Mais nous souhaitons maintenir des fonds de taille raisonnable, afin de les manœuvrer facilement dans le contexte obligataire actuel.

«Nous avons un biais positif sur les obligations de qualité
'investment grade', notamment aux États-Unis.»
L’environnement obligataire actuel vous semble propice pour lancer une telle stratégie?

AV: L’environnement est compliqué mais porteur, et il s’agit d’une stratégie obligataire inscrite sur le long terme. Les stratégies de bêta ont bien fonctionné jusqu’à présent, mais nous passons dans une phase où le stock picking sera prépondérant.

Quelles sont vos vues sur le marché obligataire?

AV: En général, nos vues sont plutôt prudentes. Nous avons un biais positif sur les obligations de qualité «investment grade», notamment aux États-Unis, car nous pensons que l’écartement des spreads qui a eu lieu rend ce marché plus attractif. Nous focalisons sur les sociétés de bonne qualité avec le potentiel d’améliorer leur performance opérationnelle dans cette partie du cycle économique. Nous voyons beaucoup de valeur sur le compartiment des obligations convertibles. Nous aimons bien les entreprises européennes qui ont émis des obligations libellées en dollars, un secteur peu regardé par les gestionnaires européens. Valeo et Carrefour, par exemple, rentrent dans ce gisement. En ce qui concerne les obligations convertibles, le marché primaire américain est important et les conditions y sont intéressantes. Nous y trouvons des produits avec des profils rendement/risque attractifs. En Europe, le marché est en retrait depuis quelques année. Enfin, les convertibles suisses restent de bonne qualité mais les émissions sont moins actives que dans le passé. 

«L’idée est d’avoir une plateforme obligataire avec une recherche interne
très poussée et indépendante, un trading propre et un système propriétaire.»
Comment comptez-vous transférer vos compétences actions dans l’univers obligataire?

NW: L’idée est d’avoir une plateforme obligataire comme celle que nous avons sur les actions avec une recherche interne très poussée et indépendante, un trading propre et un système propriétaire. Ce sont ces éléments qui vont nous permettre de performer dans la durée.
AV: Alken a une réputation très forte de stock-picker sur les actions. Nous allons déployer la même philosophie d’investissement et créer des synergies avec nos ressources.

Quelle est la philosophie d’investissement que vous allez déployer pour créer de l’alpha?

AV: Nous avons un approche bottom-up car la recherche fondamental est le cœur du métier d’Alken. C’est donc la connaissance des sociétés couplée à la bonne compréhension des différents types d’instruments disponibles qui nous permettra de créer de l’alpha. Les sociétés qui créent de la valeur à long terme vont capturer de la prime de risque, donc elles représentent un vecteur de performance important. Puis, en fonction des valorisations, nous choisissons les types d’instrument à sélectionner. Nous avons passé 6 mois à créer une plateforme obligataire sophistiquée et à mettre sur place des outils pour valoriser les produits. 
NW: La combinaison entre des sociétés de bonne qualité et des instruments bien valorisés qui guideront notre sélection des titres, et qui fera la différence.

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