Que ce soit pour des raisons sociales, politiques ou économiques, le logement idéal suisse connaît lui aussi des changements. C’est ce que révèle la dernière étude sur le logement idéal de MoneyPark et Helvetia. Elle met en lumière les conséquences de l’inflation, qui freinent notamment les investissements verts dans les logements, et de la baisse des taux d’intérêt, qui a stimulé les intentions d’achat. En outre, la votation sur la suppression de la valeur locative produit déjà des effets et il devient de plus en plus difficile de supporter une hypothèque une fois qu’on prend sa retraite. Dans l’ensemble, la population suisse reste toutefois extrêmement satisfaite de son logement et la vie à la campagne demeure, avec la maison individuelle, le rêve résidentiel numéro un.
Comme les années précédentes, le désir de vivre à la campagne est plus grand que celui d’habiter en ville ou en agglomération. Le cadre de vie le plus populaire et l’environnement souhaité se recoupent à 76%, surtout dans la population vivant à la campagne, avec 86%. La situation est différente pour le type de bien immobilier. Ici, les souhaits et la réalité ne coïncident qu’à 51%. Pour beaucoup, le désir d’avoir une maison individuelle à la campagne reste un rêve. Toutefois, un renversement de tendance se dessine, en particulier chez les 25-30 ans. Seules 46% des personnes de la génération Z rêvent d’une maison individuelle, contre 58% un an auparavant. Le tableau est le même chez les 61 - 65 ans (baisse de 47% à 41%). L’appartement est donc le gagnant secret du sondage de cette année. 34% des 25-30 ans préfèrent ce type de bien immobilier (contre 20% l’année précédente), et cette proportion atteint même 37% chez les plus de 65 ans. Il est difficile d’évaluer si cette évolution est liée à une envie accrue de la génération Z de vivre dans un environnement urbain, ou si l’appartement est une solution de compromis en raison du manque de maisons individuelles abordables.
Les intentions d’achat augmentent légèrement, les attentes en matière de prix restent inchangées
Le fait est que le rêve de devenir propriétaire subsiste. L’intention concrète d’acheter un bien immobilier dans les huit ans a légèrement augmenté (à 20%) pour la première fois depuis 2020. Les intentions d’achat sont notamment soutenues par les locataires (28%), qui souhaitent réaliser leur rêve de devenir propriétaires. «Les locataires bénéficient du fait que la Banque nationale suisse a réduit le niveau des taux d’intérêt de plus de 1% l’année dernière en baissant ses taux directeurs à quatre reprises et qu’elle pourrait encore stimuler les achats immobiliers en maintenant ses taux directeurs à un bas niveau, voire en les baissant», déclare Lukas Vogt, CEO de MoneyPark. Les prix de l’immobilier devraient également continuer d’augmenter au même rythme. C’est du moins ce que pensent 72% des personnes interrogées, qu’elles soient locataires ou déjà propriétaires.
Le choix du logement dépend du prix
Dans la décision sur un nouveau logement, le loyer ou le prix de vente reste le premier critère (61%), suivi de l’extérieur (50%) et de la luminosité du logement (43%). Les réponses ont été plus ou moins les mêmes que lors des enquêtes précédentes: la disposition (36%) et la taille (37%) ainsi qu’un bon ensoleillement (33%) restent des critères déterminants, tandis que la possibilité de recharger une voiture électrique (6%) et les équipements de luxe (3%) sont moins demandés. Les facteurs écologiques (14%) ont sensiblement perdu de leur importance. Par ailleurs, le prix du logement a plus d’importance pour les femmes (62% d’approbation) que pour les hommes (59%). L’extérieur est également plus déterminant pour les femmes (55%) que pour les hommes (45%), alors que les deux sexes sont plutôt d’accord sur d’autres critères.
Le jardin est florissant tandis que la «vague verte» marque le pas
Rétrospectivement, les investissements prévus et réalisés ces dernières années reflètent les influences sociales, politiques et économiques: l’année dernière, le thème de la pénurie d’énergie était omniprésent et l’inflation était devenue un sujet important; auparavant, une «vague verte» avait pu être observée et la pandémie de Covid avait aussi laissé des traces. Cette année, les propriétaires interrogés montrent un peu plus de réticence que l’année précédente à l’égard des investissements prévus dans leur logement. 50% des personnes prévoient de mobiliser des fonds pour revaloriser leur habitation au cours des deux prochaines années. L’année dernière, ce chiffre atteignait les 53%. Les investissements prévus dans les mesures énergétiques, en particulier, perdent de l’importance. L’installation solaire (14%), qui était encore l’investissement le plus planifié il y a deux ans, tombe à la huitième place. Elle reste également en deçà des prévisions en ce qui concerne les investissements déjà réalisés (20%) et plus aucun boom ne se dessine. Il en va de même des bornes de recharge pour les voitures électriques. Si les investissements réalisés (8%) correspondent bien aux prévisions de l’année précédente (8%), seuls 5% prévoient d’investir dans une borne de recharge à l’avenir, ce qui fait perdre trois places à cette opération. Les propriétaires se font à nouveau plaisir et investissent de plus en plus dans l’embellissement de leur habitat. Le jardin et l’extérieur (25%) constituent la première priorité des investissements prévus, suivis des toilettes, de la douche et de la salle de bains (23%). Les travaux de peinture et de plâtrerie (22%) occupent désormais la troisième place, gagnant trois places par rapport à l’année précédente.
Les effets de la votation sur la valeur locative déjà perceptibles
Une votation sur la suppression de la valeur locative aura bientôt lieu. Dans le sondage mené dans le cadre de l’étude sur le logement idéal, une faible majorité de locataires et de propriétaires (52%) se prononcent en faveur de cette suppression, considérant qu’elle aurait très probablement une incidence à la fois sur les investissements et sur le financement des logements. En ce qui concerne les investissements, il faudrait s’attendre à un petit boom dans le domaine de la rénovation pendant la période de transition jusqu’à l’éventuelle suppression. Après la suppression, en revanche, les investissements visant à préserver la valeur et donc aussi ceux effectués dans l’efficacité énergétique du bâtiment devraient perdre de leur attractivité et être de plus en plus repoussés aux calendes grecques. Concernant le financement, environ un tiers (34%) des propriétaires interrogés envisagent un remboursement partiel (24%) ou total (10%) de leur hypothèque. «Selon notre estimation, le marché hypothécaire suisse perdrait ainsi environ CHF 50 à 150 Mrd de volume au cours des cinq prochaines années», déclare Lukas Vogt.
Les logements constituent-ils encore une prévoyance vieillesse sûre?
35% des propriétaires interrogés de moins de 65 ans déclarent avoir utilisé des fonds de prévoyance provenant de leur caisse de pension pour financer leur bien immobilier. MoneyPark observe que c’est déjà le cas pour un financement sur deux. La prise de conscience du fait qu’un retrait du capital de la caisse de pension, en particulier, laisse une lacune et a donc de grandes répercussions sur la capacité à supporter l’hypothèque à l’âge de la retraite, n’est toutefois pas encore largement répandue. Seuls 37% des propriétaires de 51 à 60 ans interrogés déclarent s’être penchés en détail sur la question de la viabilité de leur hypothèque à la retraite. Cela surprend quand on sait que les remboursements correspondants dans la caisse de pension ou l’amortissement de l’hypothèque à l’âge de 60 ans ne peuvent généralement être réalisés qu’au prix d’énormes efforts d’épargne. «Si l’on ne s’y intéresse pas ou si l’on s’y prend trop tard, on court le risque de devoir vendre son logement. Ce seul argument devrait inciter à se pencher sur la planification de sa retraite dès 50 ans», estime Jan Kundert, Chief Customer Officer chez Helvetia Assurances Suisse.
Heureux dans son chez-soi
Il n’y a rien d’étonnant à ce que la retraite (29%) soit la deuxième raison la plus fréquente de vendre son logement, derrière la taille du bien, devenu trop grand (31%), et avant un changement de lieu (19%). Près d’un cinquième des propriétaires prévoient de vendre leur logement dans les huit prochaines années, soit un peu plus tôt que l’année précédente. Les personnes qui n’envisagent pas de vendre leur bien l’expliquent surtout par la grande satisfaction qu’elles éprouvent à son égard. 52% des personnes interrogées sont actuellement propriétaires de leur logement. Plus d’un tiers (37%), et en particulier les plus de 50 ans, ne veulent pas vendre parce qu’ils sont convaincus qu’ils ne peuvent pas se loger moins cher ailleurs. Enfin, le souhait de rester dans un environnement familier (33%) et l’idée de léguer ou de transmettre un jour le bien immobilier (23%) jouent également un rôle important dans le fait de garder son logement.