SIX cède Payment Services à Worldline

AWP

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L’opération se monte à 2,75 milliards de francs. Le groupe zurichois obtient une part de 27% dans l’entreprise française.

SIX vend son unité Payment Services à son concurrent français Worldline, une filiale du groupe informatique Atos. Dans le cadre d’un partenariat stratégique, le prestataire zurichois de services financiers, qui exploite notamment la Bourse suisse, cède sa division active dans le trafic des paiements à Worldline, contre une participation de 27% dans cette dernière.

La transaction se monte au total à 2,3 milliards d’euros (2,75 milliards de francs), écrit mardi SIX. Elle comporte l’émission de 49,1 millions de nouvelles actions Worldline ainsi qu’un apport en numéraire de 338 millions de francs. L’accord prévoit également le versement par Worldline au 2e trimestre 2020 d’une compensation d’un montant maximal de 139 millions d’euros, en fonction de l’évolution des affaires du groupe hexagonal, ajoute ce dernier dans un communiqué distinct.

A l’issue de l’opération, attendue au quatrième trimestre 2018, Atos verra sa participation dans Worldline se réduire de près de 70% actuellement à 51%, SIX détenant de son côté 27% de son partenaire d’outre-Jura. Le groupe établi à Zurich, qui gère l’infrastructure de la place financière helvétique, disposera en outre de deux représentants au sein du conseil d’administration de Worldline.

En intégrant SIX Payment Services, Worldline deviendra le numéro un européen du trafic des paiements avec les commerçants, cette activité générant a elle seule un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Au final, les revenus du groupe devraient se hisser à 2,3 milliards à l’horizon 2019, contre 1,6 milliard en 2017.

Assurance pour l’emploi

L’actuelle direction et les quelque 1300 salariés de SIX Payment Services en Suisse, au Luxembourg, en Autriche, en Allemagne, en Pologne ainsi que sur d’autres sites en Europe seront intégrés au sein de Worldline, qui emploie pour sa part 9400 collaborateurs dans le monde. Du fait de l’existence de doublons, certains emplois seront ponctuellement supprimés, a indiqué dans un entretien avec AWP Remo Lacher, le président du conseil d’administration de SIX.

M. Lacher s’est cependant voulu rassurant, ajoutant que la volonté affichée des deux partenaires de croître dans le domaine du trafic des paiements représente le facteur décisif en matière d’emploi. «Nous souhaitons aussi conserver tous nos sites», a-t-il poursuivi.

Worldline prévoit de synergies annuelles de quelque 110 millions d’euros d’ici 2022. Le groupe français identifie un potentiel de rationalisation des coûts dans les services informatiques, les dépenses générales ainsi que les achats.

Le deux entreprises se sont en outre engagées à collaborer durant une période de dix ans, Worldline prenant dans l’immédiat une participation dans la société Twint, en charge du développement de l’app de paiement éponyme, pour un montant de 15 à 20 millions d’euros. Les investissements dans Twint se poursuivront, a souligné M. Lacher. L’app pourrait aussi être lancée dans d’autres pays européens.

SIX estime que les deux partenaires se complètent parfaitement. Alors que SIX Payment Services constitue le numéro du secteur dans la région formée par l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, Worldline est solidement implanté en Belgique, aux Pays-Bas, en France ainsi qu’outre-Rhin.

Acteur de la consolidation

Outre la croissance interne, Worldline entend jouer un rôle de premier plan dans la consolidation du marché européen. A ce titre, M. Lacher s’est dit convaincu que la transaction entraînera «beaucoup» de mouvement dans le secteur. Worldline et SIX entendent jouer un rôle actif, «les deux partenaires ayant établi une liste» de cibles potentielles. Libres de dettes, les deux groupes disposent des moyens nécessaires.

Né en 2008 de la fusion de SWX Group (Bourse suisse), Telekurs Group (informations et services financiers) et SIS Group (clearing), SIX est contrôlé par 130 établissements financiers, lesquels représentent aussi ses principaux utilisateurs. Credit Suisse et UBS en détiennent à eux seuls près de 30%.

SIX avait solidement étoffé son activité dans le trafic des paiements ces dernières années. Il a procédé à plusieurs acquisitions, dont celles de l’autrichien Paylife en 2013 et du concurrent helvétique Aduno l’an passé.

Mais dans le contexte d’un environnement en mutation, SIX avait annoncé en novembre dernier en parallèle à la nomination de son nouveau directeur général, Jos Dijsselhof, une réorganisation en profondeur et son intention de céder son segment des cartes et des terminaux de paiements. Dans la foulée, SIX avait entamé la restructuration de l’unité SIX Payment Services, avec à la clef la suppression d’une centaine d’emplois et la fermeture des sites de Bedano (TI) et Oerlikon (ZH).

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