Scor creuse ses pertes au troisième trimestre, plombé par les catastrophes

AWP

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Le réassureur Scor a continué à perdre de l’argent au troisième trimestre, à hauteur de 270 millions d’euros, plombé principalement par le coût des catastrophes naturelles.

Déjà dans le rouge au premier semestre, le réassureur Scor a continué à perdre de l’argent au troisième trimestre, à hauteur de 270 millions d’euros, plombé principalement par le coût des catastrophes naturelles.

Par rapport à la même période l’an dernier, qui s’était soldée par une perte nette de 41 millions d’euros (un peu moins en francs), c’est une multiplication par 6,5, et ce malgré une hausse du chiffre d’affaires de 11,6% sur un an, à 5,14 milliards d’euros.

Pour l’entreprise, dont l’activité consiste à assurer des assureurs pour les indemniser en cas de sinistre trop important, c’est moins bon que ce à quoi s’attendaient les analystes dont le consensus oscillait entre -175,4 millions et -182 millions, selon respectivement Bloomberg et Factset.

Selon Laurent Rousseau, directeur général de Scor, qui s’est exprimé auprès de l’AFP, ce différentiel s’explique principalement par la décision de l’entreprise de différer l’utilisation de certains crédits d’impôts, à hauteur de 94 millions d’euros au troisième trimestre, pour attendre le retour des bénéfices, visé pour 2023.

Sur neuf mois, la perte s’élève à 509 millions d’euros.

Le groupe a souffert des catastrophes naturelles avec notamment un coût de 279 millions d’euros de l’ouragan Ian fin septembre, et de 166 millions d’euros pour les tempêtes de fin juin en France.

Anticipant «une poursuite de la hausse de l’inflation et du coût des sinistres», selon le communiqué, Scor a décidé de renforcer son bilan en ajoutant 485 millions d’euros aux réserves de sa branche de réassurance dommage.

Avec cette provision, Scor «a pris des mesures décisives pour limiter le risque que la volatilité de 2022 ne se reproduise en 2023», ont salué les analystes de Jefferies.

Le ratio combiné de la branche dommage s’est établi à 117,2%, hors provision (141,4% en l’intégrant). Cet indicateur, crucial pour le secteur, mesure la rentabilité de l’activité. Lorsqu’elle est au-dessus de 100, cela signifie qu’elle perd de l’argent.

Sur la santé, le groupe s’intéresse «au marché asiatique où l’impératif de la santé est devenu de plus en plus visible avec la crise du Covid», a expliqué le directeur général.

Réduction des coûts

Pour revenir dans le vert, Scor prévoit de réduire sa volatilité en s’exposant moins aux catastrophes naturelles, d’augmenter ses tarifs, de bénéficier de la hausse des taux et de réduire ses coûts, notamment en accélérant sa politique de non-remplacement de certains départs, a détaillé M. Rousseau.

Aucun plan social n’est cependant à l’ordre du jour et «il est important de ne pas couper dans le vif», tient à rassurer le directeur général, préférant parler d’»allocation de ressources» différente.

L’entreprise a ainsi par exemple réduit son nombre de bureaux au Brésil de 5 à 3.

Au total, Scor table sur une économie de 125 millions d’euros.

Concernant la réduction de la volatilité, «les mesures que nous avons prises commencent à payer, mais pas encore suffisamment pour être dans le vert ce trimestre», a déclaré Laurent Rousseau.

Selon le groupe, si l’ouragan Ian était survenu un an plus tôt, il aurait en effet coûté 60% plus cher à Scor.

Face à la multiplication des catastrophes naturelles, sur ce segment, la hausse des tarifs pourrait dépasser +20% en Europe et +30% aux Etats-Unis, avec en outre une indexation sur l’inflation.

«Nos clients n’aiment pas, mais ils n’ont pas le choix. On arrive à un point où les réassureurs, comme nous, sont prêts à se retirer s’ils n’obtiennent pas les conditions qu’ils souhaitent», a expliqué M. Rousseau.

Le secteur de la réassurance est en effet sous tension depuis plusieurs années, ce qui contraste avec une activité historiquement très volatile, où les mauvaises années se retrouvaient compensées par d’autres années bien meilleures.

Depuis 2016, le ratio combiné du secteur se situe soit au-dessus de 100%, soit juste en dessous, s’était inquiété début septembre Bertrand Romagné, président de l’Association des professionnels de la réassurance en France.

La hausse rapide des taux d’intérêt devrait cependant redonner un peu de souffle aux réassureurs. Aujourd’hui, lorsque Scor investi dans des obligations d’entreprises, il le fait avec un taux de 5,1%, contre 1,7% il y a un an, a indiqué Laurent Rousseau.

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