Lombard Odier inculpé de blanchiment d’argent aggravé

AWP

1 minute de lecture

Le MPC accuse la banque et un ancien employé d’avoir joué un rôle déterminant dans la dissimulation de biens appartenant à Gulnara Karimova, fille de l’ex-président ouzbek. L’établissement genevois souligne qu’il est à l’origine de l’enquête.

Lombard Odier et un ancien employé de la banque genevoise devront répondre de blanchiment d’argent aggravé devant le Tribunal fédéral. Le Ministère public de la Confédération (MPC) les accuse d’avoir joué un rôle déterminant dans la dissimulation de biens appartenant à Gulnara Karimova, fille de l’ex-président ouzbek Islam Karimov.

Le MPC a déposé un acte d’accusation le 26 novembre contre un ancien gestionnaire et la Banque Lombard Odier & Cie, indique vendredi le parquet fédéral dans un communiqué. Les deux prévenus auraient «joué un rôle déterminant» dans la dissimulation, par le biais de neuf comptes bancaires, de fonds issus de l’activité de l’»Office», une organisation créée par Mme Karimova et considérée comme criminelle par le MPC.

Plus particulièrement, Lombard Odier est accusé de ne pas avoir «respecté les standards de l’époque en matière de lutte contre le blanchiment et ses propres directives internes en vigueur», précise le communiqué. Le MPC pointe du doigt les «multiples défaillances» présumées du dispositif de la banque privée. Les relations d’affaires avec Gulnara Karimova, une personnalité politiquement exposée, auraient dû faire l’objet d’une surveillance accrue.

Comptes sous des «faux» noms

Les faits incriminés remontent à la période entre 2008 et 2012. Lombard Odier recrute en 2008 le gestionnaire susmentionné. Celui-ci est membre du comité d’investissement d’un fonds de Mme Karimova, aurait connu la fille de l’ex-président d’Ouzbékistan et plusieurs membres de l’»Office» avant même son arrivée à la banque genevoise.

L’homme aurait maintenu des contacts avec ces milieux durant son engagement auprès de Lombard Odier. Il serait à l’origine de l’ouverture des neuf comptes sur lesquels ont transité les fonds incriminés. Ces relations bancaires auraient été attribuées à de faux ayants droit économiques. Le gestionnaire «n’aurait pas signalé au sein de la banque alors qu’il aurait su que la réelle et unique» propriétaire des fonds était Gulnara Karimova, note le MPC.

Ces faits présumés - parmi d’autres mentionnés dans le communiqué - sont constitutifs de blanchiment d’argent aggravé, au sens de l’article 305bis du Code pénal suisse.

Cette inculpation intervient après celle, survenue en septembre 2023, de Gulnara Karimova elle-même. La fille de l’ancien président de la République d’Ouzbékistan, est accusée par le MPC d’avoir participé à une organisation criminelle présente dans différents pays et d’avoir blanchi en Suisse, entre 2005 et 2012, l’argent de cette activité.

Sollicitée par l’agence AWP, la banque affirme avoir «pris note» de la décision du MPC d’engager des poursuites contre elle. «Les allégations sont infondées et fermement rejetées» par Lombard Odier a-t-elle insisté.

L’établissement genevois souligne qu’il est à l’origine de l’enquête, celle-ci ayant débuté suite à une déclaration «proactive» de Lombard Odier auprès des autorités de lutte contre le blanchiment d’argent. «La procédure est en cours depuis lors et la banque a toujours pleinement coopéré avec les autorités compétentes.»

A lire aussi...