La fusion entre Credit Suisse et UBS définitivement actée, les actions progressent

AWP

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Comme précédemment indiqué, le nouveau groupe bancaire veut concentrer ses forces sur la gestion de fortune, les clients privés, les entrepreneurs et les sociétés.

Credit Suisse, établissement historique du paysage bancaire helvétique, a définitivement cessé d’exister lundi en tant que groupe indépendant. Repris par son ex-concurrent UBS, les actions de l’établissement fondé par Alfred Escher au 19e siècle, seront radiées mercredi de la cote.

«Nous avons finalisé la reprise juridique de Credit Suisse» a indiqué UBS dans une lettre ouverte parue lundi dans la presse, évoquant «le début d’un nouveau chapitre historique».

Confirmant ses précédentes intentions, le nouveau groupe bancaire veut concentrer ses forces sur la gestion de fortune, les clients privés, les entrepreneurs et les sociétés. La banque aux trois clés a précisé que «l’objectif est d’assurer la stabilité», dans la missive signée par le directeur général Sergio Ermotti et le président Colm Kelleher. Les services bancaires de Credit Suisse continueront d’être assurés «comme d’habitude et sans interruption».

«Nous disposons d’une incroyable opportunité. Il ne s’agit pas juste de fusionner deux banques (mais) de combiner nos forces et notre savoir-faire», ont-ils ajouté dans une note interne consultée par l’agence AWP. Le nouveau géant bancaire se veut être un acteur majeur de la gestion de fortune et d’actifs, le numéro un suisse de la banque de détail et disposer d’une banque d’affaires agile, ont énuméré les deux dirigeants.

L’action Credit Suisse, issu de la Schweizerische Kreditanstalt fondée en 1856, vivait ce lundi sa dernière séance effective de négoce à la Bourse suisse. La dernière journée de négoce «technique» aura lieu mardi et la décotation effective de la nominative Credit Suisse sera réalisée mercredi. Les certificats de dépôt américains (ADS) négociés à Wall Street ne sont déjà plus échangés.

Les actionnaires du désormais feu numéro deux bancaire helvétique recevront un titre UBS pour 22,48 actions détenues.

Deux entités séparées

Empêtrée dans des scandales à répétition depuis plusieurs années, Credit Suisse avait vu sa situation se détériorer rapidement suite à la faillite mi-mars de la banque américaine Silicon Valley Bank. Dans le cadre du plan de sauvetage dévoilé le 19 mars par les autorités helvétiques, UBS avait alors accepté de reprendre son ancien rival pour 3 milliards de francs, après avoir obtenu d’importantes garanties financières de la part de la Confédération et de la Banque nationale suisse.

Pour la suite immédiate, le groupe UBS va opérer deux sociétés-mères indépendantes - UBS AG et Credit Suisse AG. Ces deux entités distinctes vont continuer à opérer leurs propres filiales et succursales, ainsi que leurs clients respectifs. Une série de nominations et de départs ont parallèlement été prononcés. Au total, sur les 160 cadres qui sont nommés ou confirmés, plus d’un cinquième provient de Credit Suisse. Selon Sergio Ermotti, près de 10% des collaborateurs de Credit Suisse auraient déjà quitté la banque.

Le conseil d’administration de Credit Suisse AG sera présidé par Lukas Gähwiler, actuellement vice-président de l’organe de surveillance d’UBS.

Le nouveau géant bancaire né de cette fusion improbable sera sous surveillance étroite et devra se plier à des règles spécifiques. Le gendarme des marchés financiers Finma a ainsi averti qu’il «continuera à surveiller de très près la grande banque fusionnée pendant le processus d’intégration».

«Une des premières priorités de la grande banque fusionnée consiste à réduire rapidement les risques de la banque d’investissement de l’ex-Credit Suisse», a lancé l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (finma). Selon le régulateur, «la banque fusionnée disposera des fonds propres et des liquidités nécessaires pour procéder résolument à cette réduction rapide des risques et mener à bien l’intégration».

L’oeil de la Finma

Pour le directeur de la Finma, Urban Angehrn, «la phase de surveillance intensive des grandes banques va indiscutablement se poursuivre». «Nous superviserons le processus d’intégration avec la plus grande attention», a-t-il souligné, après que la Finma se soit retrouvée dans la critique pour ne pas avoir réagi assez tôt aux déboires de l’ex-numéro deux bancaire.

En matière d’objectifs financiers, le nouveau groupe UBS vise au deuxième trimestre un taux de fonds propres durs (CET1) «d’environ» 14%, qui devrait «plus ou moins» être maintenu à ce niveau pour le reste de l’année. L’établissement s’attend par ailleurs à compenser les pertes opérationnelles et les charges de restructuration de Credit Suisse par une réduction des actifs pondérés des risques.

Les résultats du deuxième partiel d’UBS seront dévoilés le 31 août. Ils comprendront la performance financière consolidée des deux établissements combinés selon la norme comptable IFRS et en dollars américains.

Les investisseurs ont réservé un accueil favorable à ces nouvelles. Le titre UBS a achevé la séance en hausse de 0,82% à 18,35 francs, alors que la nominative Credit Suisse a effectué un baroud d’honneur en gagnant 1,1% à 82 centimes. L’indice vedette SMI a quant à lui pris 0,42%.

Moody’s relève la perspective des notes d’UBS à «positive»

Moody’s a relevé à «positive» la perspective des ratings d’UBS. Ce relèvement concerne les titres prioritaires non garantis d’UBS Group SA, dont la note est maintenue à «A3». La note pour les instruments Tier + (AT1) reste à «Baa3» (hyb).

La note des titres prioritaires non garantis de Credit Suisse Group est relevée à «A3» de «Baa2» et transférée sur celle d’UBS. La perspective pour les «Senior Unsecured Debt» est relevée à «positive» de «rating sous revue».

Moody’s a achevé l’examen entamé le 20 mars pour un relèvement de Credit Suisse et lié à la reprise désormais finalisée de Credit Suisse par UBS.

Ces changements n’ont aucun effet sur d’autres entreprises du groupe combiné.

 

Fitch égratigne la note d’UBS

L’agence de notation britannique Fitch modère son appréciation de la capacité d’endettement du groupe UBS sur le long terme à «A» contre «A+», dans le sillage de la finalisation du rachat par le numéro un bancaire helvétique de son ancien dauphin.

La note pour l’entité UBS AG passe, elle, de «AA-» à «A+». Le cabinet londonien indique par contre avoir retiré l’établissement de sa liste de surveillance négative, précise un compte-rendu publié lundi sur le site de Fitch. La note de l’unité Credit Suisse AG a parallèlement été relevée à «A+» contre «BBB-».

 

Un plan social commun exigé après la fusion

L’association suisse des employés de banque (Aseb) réclame lundi un plan social commun pour les deux banques, après la finalisation de la fusion entre UBS et Credit Suisse. L’organisation déplore le manque de détails quant à l’avenir des employés des deux groupes.

Le plan social doit être conclu pour une durée d’au moins cinq ans, a ajouté le syndicat dans un communiqué. Ce dernier exige également des mesures supplémentaires, notamment une protection contre le licenciement pour les salariés âgés de plus de 55 ans et des prestations étendues pour les employés à partir de 50 ans. Le groupe doit aussi prendre à sa charge d’éventuels coûts de reconversion et de formation.

L’Aseb demande par ailleurs plus de clarté sur l’avenir des 17’000 employés de Credit Suisse et des 21’000 salariés d’UBS. D’ici là, l’association demande un gel des licenciements. «La première des préoccupations de la nouvelle grande banque suisse doit être le maintien d’autant d’emplois que possibles en Suisse», a-t-elle insisté.

Le syndicat a aussi critiqué un traitement inéquitable des employés de Credit Suisse, pour lesquels des «lignes rouges» auraient été définies. Selon le journal britannique Financial Times, qui cite des personnes proches du dossier, la banque aux trois clés aurait interdit aux nouveaux salariés repris de Credit Suisse un certain nombre d’activités.

Ces interdictions, définies par le service Conformité d’UBS, regroupent 11 domaines financiers et 12 non-financiers. Interdits sont désormais l’acquisition de clients en provenance de Libye, de Russie, du Soudan et du Venezuela et le lancement de nouveaux produits sans l’accord préalable des cadres de la banque aux trois clés.

Des responsables politiques et entrepreneurs publics ukrainiens sont également concernés par ces restrictions, afin d’éviter d’éventuels actes de blanchiment d’argent, écrit le journal. Contactée par l’agence AWP, la banque n’a pas souhaité commenter ces informations de presse.

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