La course à la tête de Goldman Sachs perd un candidat

AWP

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Harvey Schwartz, co-directeur général délégué et l’un des principaux favoris à la succession de Lloyd Blankfein, quittera la banque le 20 avril.

Harvey Schwartz

La puissante banque d’affaires américaine Goldman Sachs, symbole de la puissance de Wall Street et aussi de ses excès, est agitée par une lutte de pouvoir autour de sa direction alors qu’elle traverse une passe difficile.

L’établissement fondé en 1869 a annoncé lundi que David Solomon, 56 ans, était désormais le seul successeur potentiel du PDG Lloyd Blankfein, 63 ans, donné partant.

Harvey Schwartz, 53 ans, qui était également en lice pour ce poste, un des plus convoités et influents de la finance mondiale, va quitter l’établissement le 20 avril. Les raisons de ce départ surprise n’ont pas été données mais sont très probablement liées à la lutte pour la succession de M. Blankfein.

Les milieux d’affaires sont suspendus depuis vendredi à toutes les rumeurs provenant du 200 West Street, siège de la banque au sud de Manhattan, après que le Wall Street Journal a indiqué que Lloyd Blankfein allait se retirer en fin d’année.

L’annonce avait fait tanguer le titre en Bourse mais celui-ci s’était repris par la suite. Lloyd Blankfein avait lui-même twitté: «C’est l’annonce du WSJ... et non la mienne. J’ai l’impression d’entendre mon éloge funèbre».

Mais ces mots n’ont pas suffi pas à arrêter les rumeurs, d’autant que M. Blankfein n’a toujours pas dit quand il entend partir.

Harvey Schwartz et David Solomon étaient les principaux favoris depuis qu’ils avaient été faits en décembre 2016 dauphins avec le titre de «co-présidents» et assumaient jusqu’à aujourd’hui les fonctions de co-directeurs généraux délégués.

L’actuel directeur financier Martin Chavez, 54 ans, et Gary Cohn, 57 ans, qui fut pendant une décennie le bras droit de Lloyd Blankfein, sont considérés plus comme des «outsiders» avec de très faibles chances pour le second de revenir au bercail.

M. Cohn, qui avait échoué à pousser vers la sortie M. Blankfein, avait rejoint la Maison Blanche en janvier 2017. Mais il a démissionné de ces fonctions la semaine dernière, en désaccord avec les mesures protectionnistes de Donald Trump.

Goldman Sachs et Lloyd Blankfein, qui voulaient donner l’image d’une succession minutieusement préparée, semblent avoir été pris de court par la succession des événements.

Lloyd Blankfein a informé le conseil d’administration le mercredi 21 février que son choix pour lui succéder se portait sur David Solomon, indique cette source et une autre également proche du dossier. Cette recommandation a été immédiatement ratifiée par cette instance stratégique, ont-elles ajouté.

MM. Solomon et Schwartz ont été informés en début de semaine dernière que le premier serait désigné seul successeur et le départ d’Harvey Schwartz a été officialisé en interne lundi.

L’ascension de David Solomon, qui a contribué à développer la division de banque d’investissement ces deux dernières années, traduit l’inversion du rapport de forces à Wall Street depuis la crise entre banquiers et traders.

RÉPUTATION TERNIE

C’est «absolument le meilleur choix», estime l’expert Richard Bove chez Vertical Group, ajoutant qu’il suggère que dans l’avenir Goldman Sachs «va miser probablement tout sur la banque d’investissement et les (activités) de prêts».

Avant la crise, le courtage était la vache à lait des grandes banques de Wall Street mais le durcissement de la règlementation financière, l’explosion des algorithmes dans la finance et le succès des fonds de placements cotés (ETF) permettant de minimiser les risques et de réduire les coûts ont redistribué les cartes.

Au quatrième trimestre 2017, Goldman Sachs a enregistré sa première perte trimestrielle depuis 2011, de l’ordre de 2,14 milliards de dollars à cause du plongeon des recettes du courtage.

L’établissement a dévoilé récemment un plan de croissance de 5 milliards de dollars qui se repose essentiellement sur ses nouvelles activités de prêts et dépôts liées à Marcus, sa plateforme de prêts en ligne destinés au grand public.

L’un des faits d’armes d’Harvey Schwartz, entré chez Goldman Sachs en 1997 dans la division courtage dirigée alors par Lloyd Blankfein, était d’avoir convaincu la firme de ne pas changer de cap lors de la crise financière.

Ce pari a permis aux traders de l’établissement de générer pour 33 milliards de dollars de recettes en 2009, un record jamais égalé depuis à Wall Street alors que les autres banques mordaient toutes la poussière.

La réputation de Goldman Sachs en a toutefois été écornée: La banque a accepté en 2010 de verser 550 millions de dollars au gendarme de la Bourse américaine, la SEC, pour solder des poursuites concernant Abacus, un type de «collateralized debt obligation» (CDO), c’est-à-dire des obligations adossées à des actifs destinées à se défaire des risques de crédit et qui s’étaient retrouvées au coeur de la crise financière.