La Banque cantonale de Genève durcit les restrictions de voyage s’appliquant au personnel alors que, pour l’heure, «aucun dommage économique» n’est à déplorer.
La Banque cantonale de Genève (BCGE) a réagi suite à l’arrivée du coronavirus aux portes de la Suisse, en durcissant lundi les restrictions de voyage s’appliquant au personnel. Pour l’instant, «aucun dommage économique» n’est à déplorer. Les taux négatifs, pour leur part, ont continué à s’attaquer au système immunitaire de la BCGE l’année dernière. L’exercice 2019 s’est néanmoins soldé par une hausse des recettes et du bénéfice.
L’établissement genevois avait déjà mis en place une «task force» et pris différentes mesures, notamment de mise en quarantaine, afin de protéger le personnel de l’épidémie de coronavirus, a expliqué mardi en conférence de presse le directeur général Blaise Goetschin.
Les mesures de restriction de voyage concernent des personnes, non pas contaminées par le virus, mais qui sont revenues pour raisons privées «essentiellement» de zones déclarées à risque pendant leur séjour. «Nous avons quelques collaborateurs dans cette situation», a précisé le patron de la banque. La propagation du coronavirus en Italie a poussé la BCGE à renforcer, lundi, sur le «court terme» les restrictions de voyage pour le personnel.
Concernant la marche des affaires, «il n’y a pas d’alerte» pour le moment, a assuré M. Goetschin. Certaines PME qui dépendent de sites de production en Chine actuellement à l’arrêt pourraient représenter un problème à l’avenir, par exemple si elles n’étaient pas en mesure d’honorer leurs obligations de débitrices vis-à-vis de la BCGE.
La crise sanitaire intervient après une bonne année, toujours marquée par les taux négatifs en premier lieu. Malgré cela, le bénéfice net de la BCGE s’est étoffé de 6,2% sur un an à 96,8 millions de francs, selon les indications fournies par la banque.
Le conseil d’administration propose de relever le dividende à 3,75 francs par action, contre 3,40 francs au titre de 2018. La contribution aux collectivités publiques, dont l’Etat de Genève, s’élèvera ainsi à 65 millions de francs (+10%).
La diversification des activités de la banque a permis d’effacer le recul enregistré dans l’activité de crédit, principal contributeur au produit d’exploitation. Le résultat net des opérations d’intérêts s’est replié de 6,5% à 231,2 millions de francs. Ce recul est toutefois imputable à différents éléments «techniques», a précisé le directeur financier Eric Bourgeaux.
La banque a notamment constitué une provision de 6,3 millions pour «crédits sains», qui sera désormais récurrente. En contrepartie, la charge fiscale sera réduite de 6 millions en 2020 grâce à la réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA), acceptée en votation en mai 2019.
Les recettes ont grimpé de 2,7% à 420,3 millions et les charges ont pris 3,1% à 239,3 millions. Pour chaque franc gagné, la banque dépense ainsi quelque 57 centimes pour couvrir ses frais.
Au bilan, les créances hypothécaires ont pris 2,6% à 11,68 milliards et les dépôts clientèle 2,1% à 14,95 milliards. A fin décembre, la somme au bilan frôlait les 25 milliards.
Pour 2020, la BCGE table sur un niveau de rentabilité opérationnelle proche de celui de 2019.
La nouvelle année a été porteuse de bonnes nouvelles pour la banque, toujours concernée par une initiative d’Ensemble à gauche. Il y a deux semaines, la Chambre constitutionnelle de la Cour de justice a confirmé l’invalidation du texte qui demande à la BCGE de «rembourser les 3,2 milliards de francs prêtés» par le canton lors de son sauvetage des années 2000. «Le jugement est très approfondi, très technique, très solide», selon Blaise Goetschin.
Ensemble à gauche a confirmé à AWP qu’un mémoire était en cours d’élaboration dans l’optique d’un éventuel recours au Tribunal fédéral. Sur la base de la décision de la justice genevoise, Blaise Goetschin s’est dit serein au sujet d’une hypothétique procédure à l’échelon supérieur.
A la Bourse, l’action BCGE a terminé sur une hausse de 0,5% à 202 francs, dans un SPI en baisse de 1,98%.