Credit Suisse se réorganise après de solides résultats

AWP

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La performance trimestrielle dépasse les attentes. En remaniant sa banque d’affaires, le groupe compte réaliser d’importantes économies dès 2022.

Dans la foulée de résultats trimestriels convaincants, Credit Suisse a annoncé une réorganisation de ses activités dans la banque d’affaires. La deuxième banque helvétique compte réaliser d’importantes économies dès 2022, a-t-elle indiqué jeudi.

Au 1er août, la banque sera dotée d’une nouvelle division dédiée à la banque d’affaires mondiale (Investment Bank). Cette plateforme globale permettra «d’avoir la taille critique» pour servir ses clients, précise le communiqué.

Cette nouvelle division regroupera à nouveau les segments Global Markets et Investment Banking & Capital Markets, qui avaient été séparés sous l’ère Tidjane Thiam.

Deux nouvelles fonctions seront par ailleurs créées au directoire, l’une associant le risque et la conformité (compliance) et l’autre dédiée à la durabilité, un sujet sur lequel la banque ambitionne de progresser.

La réorganisation devrait entraîner un nombre de suppressions de postes «limité», à en croire les déclarations de la direction, qui s’est refusée à articuler un chiffre concret. En Suisse, une vingtaine de succursales seront fermées, pour n’en conserver «qu’environ une centaine».

Elle doit permettre de réaliser des économies de 400 millions de francs par an dès 2022. Les charges sont attendues entre 300 et 400 millions sur l’ensemble de la durée du programme, soit une année.

En dépit de ces changements, la stratégie de combiner banque d’affaires et gestion de fortune est maintenue. Pour accélérer la croissance dans cette dernière, environ deux tiers du capital sera alloué aux trois divisions qui lui sont dédiées.

Deuxième trimestre au-delà des attentes

La performance trimestrielle a dépassé les attentes, surtout au niveau de la rentabilité. Le bénéfice net du groupe zurichois a bondi de 24% à 1,16 milliard de francs.

Le bénéfice avant impôts a progressé de 19% pour atteindre 1,55 milliard, surtout porté par Investment Banking & Capital Markets (+61%), Global Markets (+71%) ainsi que dans deux des trois divisions dédiées à la gestion de fortune, Asia Pacific (+26%) et Swiss Universal Bank (+5%). Il s’est par contre replié pour International Wealth Management (-22%), freiné notamment par des provisions pour perte sur crédit.

Le produit d’exploitation s’est inscrit à 6,19 milliards, en hausse de 11% sur un an. Les charges ont parallèlement augmenté de 2% à 4,35 milliards. Sur l’ensemble de l’exercice la banque table sur des coûts de 16 à 16,5 milliards.

La banque a effectué des provisions pour pertes sur crédit supplémentaires de 296 millions au deuxième trimestre, après 568 millions au premier. Au premier semestre, les provisions sur crédit ont été douze fois plus élevées que la moyenne sur les dix dernières années à chaque premier semestre.

Selon l’évolution de la situation pandémique, de nouvelles provisions pourront être réalisées au second semestre, a précisé le directeur financier David Mathers.

Le rendement des fonds propres tangibles s’est inscrit à 11,0%, contre 13,1% en fin de premier trimestre. Il demeure toutefois au-dessus de l’objectif d’environ 10% pour 2020.

L’afflux d’argent nouveau a atteint 9,8 milliards, en nette progression par rapport au trimestre précédent, où il s’était inscrit à 5,8 milliards. Les actifs sous gestion sont restés stables à 1400 milliards.

La banque demeure solidement financée. Le ratio de fonds propres durs CET1 s’est établi à 12,5%, contre 12,1% à la fin du premier trimestre.

À moyen terme, la banque ambitionne d’inscrire un rendement des fonds propres tangibles de 10 à 12%, un ratio de fonds propres durs CET1 d’environ 12% et un ratio de levier CET1 d’environ 4%.

Les actionnaires devraient en profiter

Fort de cette solide performance, la banque prévoit de verser la deuxième partie du dividende, équivalent à la première distribution de 0,1388 franc brut par action. La décision sera prise lors d’une assemblée générale extraordinaire le 27 novembre.

À cette occasion, le conseil d’administration «entend revoir» également le programme de rachat d’actions de cette année. Interrompu en raison de la pandémie, le programme prévoit le rachat de titres pour un montant jusqu’à 1,5 milliard de francs. Jusqu’à présent, la banque en a acquis pour 325 millions.

À moyen terme, la banque cible un versement d’au moins 50% du bénéfice net aux actionnaires, tandis que le dividende ordinaire doit progresser d’au moins 5% par an. Des provisions pour le dividende de 2020 ont été réalisées à cette fin.

Les analystes ont unanimement salué des résultats solides pour le deuxième trimestre et ne se sont pas étonnés des adaptations stratégiques motivant la réorganisation, largement attendue selon eux.

A la Bourse, le titre Credit Suisse a sombré dans le rouge après un solide début de séance pour clôturer en recul de 1,56% à 9,46 francs, dans un SMI en repli de 1,73%.

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