La rentabilité sera fortement dépendante de la santé des marchés financiers en 2020, avertit le groupe. Réaction très mesurée des investisseurs.
L’incertitude planant sur les marchés financiers a forcé Credit Suisse à revoir à la baisse son objectif de rentabilité pour 2020. La grande banque reste néanmoins fidèle à ses principes de discipline des coûts et de générosité vis-à-vis des actionnaires.
En 2020, le rendement des fonds propres (RoTE) devrait atteindre 10%, contre 11-12% auparavant, a annoncé Credit Suisse mercredi, dans le cadre de sa journée des investisseurs à Londres. La grande banque confirme la cible à moyen terme de «plus de 12%». Pour l’exercice en cours, cet indicateur de rentabilité est attendu à 8%.
Pour la plupart des analystes couvrant la grande banque, le coup de rabot passé sur l’objectif de rentabilité n’apparaît pas comme une surprise. Le consensus tablait sur un RoTE de 9,5%, une différence jugée «significative» par Vontobel. Pour Goldman Sachs, même ramenée à 10%, la cible visée en 2020 constitue une nette amélioration par rapport à l’exercice en cours.
Les investisseurs ne réagissaient d’ailleurs pas excessivement à ces annonces. Sur la place zurichoise, le titre Credit Suisse perdait à peine 0,2% à 12,89 francs, dans un SMI quasiment stable (-0,01%) à 15h03.
Les actionnaires ne devraient pas être affectés par cette révision à la baisse. Credit Suisse s’engage à maintenir le niveau de redistribution de capital, notamment par le versement d’un dividende qui représentera au moins 50% du bénéfice net et qui devrait croître de 5% par an.
Les rachats d’actions vont se poursuivre comme prévu, à hauteur de 1,5 milliard de francs maximum en 2020. Le géant zurichois garantit l’acquisition de titres pour au moins 1 milliard l’année prochaine.
Parallèlement à cela, Credit Suisse s’engage à rester discipliné en matière de coûts. En tout, la banque aux deux voiles prévoit d’économiser 200 millions de francs au cours des deux prochaines années dans les fonctions administratives. Aucune suppression de postes d’ampleur n’est cependant prévue, a assuré la grande banque.
La banque aux deux voiles a également fait un point sur la marche des affaires. La principale déception est mettre au passif de la division Investment Banking and Capital Markets (IBCM), qui regroupe les activités de banque d’affaires. Pour le directeur général de Credit Suisse, Tidjane Thiam, IBCM n’a pas été à la hauteur des attentes.
L’unité devrait boucler dans le rouge en 2019, plusieurs grandes opérations ayant été repoussées. Le portefeuille d’opérations de fusion-acquisition s’est cependant bien rempli au dernier trimestre.
Dans l’activité stratégique de gestion de fortune, la division International Wealth Management (IWM) devrait évoluer de manière stable, ce qui permettra une «amélioration significative» de la rentabilité.
La division Apac, dévolue à l’activité de gestion de fortune en Asie-Pacifique, affichera au dernier partiel une bien meilleure performance en comparaison annuelle. Il en ira de même pour l’unité Global Markets (GM), au coeur de la restructuration entre 2015 et 2018. Cela n’est guère étonnant, relativisent les analystes d’UBS, puisque le quatrième trimestre de l’année dernière s’était révélé particulièrement difficile.
Pour 2020, Credit Suisse table sur une hausse des avoirs sous gestion, a précisé le directeur financier David Mathers. Les volumes devraient croître d’environ 75 milliards de francs, ce qui représenterait une progression de 4% sur un an. Cette croissance devrait se traduire par une hausse du produit d’exploitation de près de 215 millions.
En termes d’investissements, le groupe bancaire a décidé de ne plus financer de quelque manière que ce soit les nouvelles centrales à charbon, un changement de politique qualifié d’«important».