Un jeu de contrastes

Alan Mudie, Société Générale Private Banking

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Le monde est ballotté par des forces contradictoires. Aucune de ces forces ne devrait l’emporter, ce qui aura pour effet de favoriser la volatilité à court terme.

 

Le monde est ballotté par des forces contradictoires. D’une part, les tensions commerciales, le gouvernement populiste en Italie, les crises monétaires en Turquie ou en Argentine crispent les investisseurs. D’autre part, la confiance des chefs d’entreprise demeure solide, la politique monétaire reste favorable et la croissance mondiale de cette année devrait dépasser celle de 2017. Reste qu’aucune de ces forces opposées ne devrait l’emporter, ce qui aura pour effet de favoriser la volatilité à court terme.

Un bras de fer commercial

Si beaucoup trouvent le Président Trump imprévisible tant dans ses propos que dans ses actes, il est mû par des convictions fortes, voire inébranlables. Il est notamment convaincu que des relations bilatérales sont préférables à des organisations multilatérales. Il est par ailleurs persuadé que le creusement du déficit commercial démontre que les sociétés étrangères ont pris le dessus sur les travailleurs américains et que la mise en place de droits de douane constitue le meilleur moyen d’y remédier. Tout au long de sa carrière, avant même d’entrer en politique, Donald Trump a été un fervent détracteur du libre-échange. Depuis sa victoire, il met ses idées en pratique et ne fait guère de distinction entre alliés et adversaires traditionnels des Etats-Unis. Son approche s’avère populaire auprès de sa base électorale, comme en témoigne la remontée de sa cote de popularité. Jusqu’aux élections de mi-mandat prévues le 6 novembre prochain, le commerce international restera une des principales préoccupations pour les investisseurs.

Une position neutre semble pertinente
au vu des difficultés géopolitiques encore nombreuses.

Pour autant, les inquiétudes relatives au commerce ne sont pas illégitimes. Le respect par la Chine des droits internationaux en matière de propriété intellectuelle laisse beaucoup à désirer. Et les droits de douane de 10% appliqués par l’Union européenne aux importations automobiles en provenance des Etats-Unis semblent constituer un anachronisme injustifiable. Mais en préférant une action unilatérale au forum multilatéral de l’OMC, les Etats-Unis ont encouragé des représailles de la part de leurs partenaires mais aussi de leurs ennemis. Il est à craindre qu’une hausse des prix et une baisse des échanges commerciaux provoquent un ralentissement de la croissance et une contraction des profits. Ce n’est néanmoins une certitude. Il semble en effet envisageable que des accords soient conclus avant les élections de mi-mandat. Les inquiétudes et la volatilité resteront fortes en attendant.

Un contexte économique porteur

Ces derniers mois, les actifs risqués ont souffert de la croissance atone aux Etats-Unis, d’un passage à vide en zone euro et de tensions géopolitiques et commerciales ravivées. L’économie mondiale se rapproche-t-elle de la récession? Afin d’identifier des points de retournement conjoncturel, les économistes utilisent un certain nombre d’outils prospectifs, soit en construisant un indice avancé composite soit en examinant la confiance des chefs d’entreprise. Le Conference Board américain élabore un indicateur avancé composé d'un certain nombre d'éléments comme les nouvelles commandes, les attentes des consommateurs ou les permis de construire. Cet indice permet d’évaluer l’évolution future de la croissance. Or, actuellement, il demeure très proche des plus-hauts cycliques, laissant entrevoir la poursuite d’une croissance soutenue.

Par ailleurs, les chiffres mensuels de la confiance des chefs d’entreprise sont un bon indicateur en temps réel de l’évolution de la conjoncture, bien avant les calculs et la publication des chiffres du Produit intérieur brut. Par exemple, l’indice des directeurs d’achats (PMI) calculé par IHS Markit est largement utilisé pour mesurer les périodes d’expansion et de contraction de l’activité, la frontière entre les deux étant fixée à 50. Il est donc encourageant que l’indice composite pour la zone euro ait grimpé de 54,1 à 54,9 en juin, toujours en territoire d’expansion, suggérant que le ralentissement de début d’année n’était pas le signe avant-coureur d’une récession.

Malgré le contexte économique solide, une position neutre semble pertinente au vu des difficultés géopolitiques encore nombreuses. Le regain de volatilité attendu générera sans doute des opportunités attrayantes pour repondérer les portefeuilles.

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