UBS: la rentabilité de la gestion de fortune reste en-deçà des attentes

Yves Hulmann

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La gestion de fortune globale (GWM) vise des afflux nets d’argent de 100 milliards par an d’ici à 2025. Le ratio coûts/revenus de l’unité demeure trop élevé.

©Keystone

 

Ni l’annonce du relèvement de 27% du dividende à 0,7 dollar par action UBS, ni le rehaussement de l’objectif de réduction des coûts à hauteur de 13 milliards de francs à fin 2026 n’ont suffi à donner une nouvelle impulsion au titre mardi. 
L’action UBS a clôturé la séance de mardi en recul de 4,44% à 24,56 francs, soit la plus forte baisse au sein de l’indice SMI (-0,26%). Si l’action de la première banque helvétique affiche une progression de 24% sur 12 mois, elle s’inscrit désormais en recul de 1,5% depuis début janvier.

Lors de la publication de ses chiffres au quatrième trimestre d’UBS, qui se sont soldés par une perte nette de 279 millions de dollars, ce ne sont pas tant les résultats – encore largement marqués par la reprise de Credit Suisse - présentés par le groupe qui ont le plus retenu l’attention des marchés mardi. Le bénéfice net annuel de plus de 29 milliards pour l’ensemble de l’année, principalement dû à des raisons comptables, a en effet moins pesé dans la balance que les annonces au sujet de l’intégration de Credit Suisse au sein d’UBS et des coûts qui y sont liés.

100 milliards de nouveaux actifs nets par an visé d’ici 2025 dans l’unité GWM

L’attention des marchés s’est davantage portée sur l’évolution des résultats des activités de gestion de fortune internationale, l’unité appelée Global Wealth Management (GWM). UBS ambitionne de porter les actifs de cette à plus de 5 trillions de dollars en 2028, comparé à 3,8 trillions à fin 2023 en incluant les actifs issus de Credit Suisse (3,2 trillions sans cette dernière). Pour y parvenir, le nouveau géant bancaire affiche des ambitions importantes concernant les afflux nets d’argent frais: d’ici à 2025, UBS vise des nouveaux actifs nets («net new assets») d’environ 100 milliards de dollars par année à 2025, avant qu’ils ne doublent à quelque 200 milliards par an d’ici à 2028. Pour montrer que le groupe est en bonne voie d’y parvenir, la direction d’UBS a rappelé que 77 milliards de dollars de nouveaux actifs nets ont déjà afflué dans l’unité GWM depuis l’acquisition de Credit Suisse.

Concernant le seul quatrième trimestre, le montant des nouveaux actifs nets a atteint 21,8 milliards de dollars. Si l’on multipliait par quatre ce montant, UBS n’aurait pas été loin d’atteindre au dernier trimestre son objectif de 100 milliards de nouveaux actifs nets sur une base annuelle.

Des afflux nets d’argent soutenus mais des coûts qui restent élevés

Certains commentateurs ont néanmoins pointé du doigt la difficulté de pouvoir comparer les montants d’argent frais de 21,8 milliards de dollars qui ont afflué dans l’unité GWM au quatrième trimestre, définis désormais en tant que «net new assets», par rapport à ceux du troisième trimestre encore présentés sous le terme de «net new fee generating assets» à hauteur de 21,3 milliards.

Les «net new fee generating assets» dans l’unité de gestion de fortune (Global Wealth Management) les afflux nets d’argent frais dans la gestion d’actifs (Asset Management) ont été «relativement décevants», a jugé Roland Pfänder, analyste chez ODDO BHF, cité par Reuters. La division de gestion d’actifs (AM) a subi des retraits d’argent de 12 milliards de dollars au quatrième trimestre, après des sorties de 1 milliard au troisième trimestre. «Nous ne sommes pas convaincus de la capacité à rétablir la dynamique des flux d'actifs à court terme», a poursuivi l’analyste, qui a évoqué les vents contraires dus à la situation économique en Asie pour l’unité GWM.

«Alors que les afflux nets de nouveaux capitaux ont été à nouveau positifs au quatrième trimestre, l'élan s'est quelque peu ralenti par rapport au trimestre précédent», a estimé de son côté la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans une note.

Plus de stabilité dans l’unité Personal & Corporate Banking (P&C)

L’évolution de la rentabilité de la gestion de fortune internationale au quatrième trimestre a aussi été scrutée avec attention. Entre octobre et décembre, l’unité GWM a réalisé un bénéfice avant impôt de 381 millions de dollars, comparé à un peu plus de 1 milliard au troisième trimestre. Le ratio coûts/revenus de l’unité GWM était de 93% au quatrième trimestre, encore loin de l’objectif visé de ramener ce ratio à moins de 70% d’ici à fin 2026. A titre de comparaison, l’unité Personal & Corporate Banking (P&C), qui regroupe notamment les activités destinées à la clientèle privée et d’entreprise en Suisse, a réalisé un bénéfice avant impôts de 788 millions de dollars (701 millions de francs) au quatrième trimestre, comparé à 1,12 milliard de dollars au troisième trimestre.

Réduction des coûts: 13 milliards visés d’ici à fin 2026 au lieu de 10 milliards

S’agissant de l’évolution des coûts, UBS a la fois convaincu et déçu les marchés. Alors que les résultats au quatrième trimestre ont été jugés décevants au niveau des coûts par les analystes de RBC, Vontobel a certes aussi évoqué une évolution décevante en matière de coûts tout en relevant les progrès effectués par UBS dans la restructuration de ses activités. A cet égard, le relèvement de l’objectif de réduction des coûts bruts à 13 milliards (contre 10 milliards précédemment) d’ici à fin 2026 a marqué les esprits. Cela devrait permettre à la nouvelle UBS de ramener son ratio coûts/bénéfices à moins de 70% (sur une base sous-jacente) d’ici à fin 2026, comparé à 93% au quatrième trimestre, n’a pas manqué de souligne son directeur Sergio Ermotti. Autre point positif relevé par les investisseurs: l’annonce fait par UBS de la reprise du programme de rachat d’actions cette année qui pourrait atteindre jusqu’à 1 milliard de dollars en 2024.

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