UBS avance à marche forcée avec l’intégration de Credit Suisse

AWP

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L’exercice 2024 s’annonce donc comme «une année pivot» pour UBS et «la tâche ne sera pas facile», a averti le directeur général Sergio Ermotti.

UBS poursuit à marche forcée l’intégration de son ex-rivale Credit Suisse et espère bientôt en récolter les fruits. Dans l’immédiat, cette gigantesque opération pèse sur les comptes de la banque qui a resserré la vis en matière de réduction des coûts.

«Nous avons acquis Credit Suisse dans le cadre de l’une des plus importantes opérations dans l’histoire du secteur bancaire», a résumé le directeur général Sergio Ermotti. Un coup de tonnerre s’est en effet produit l’année dernière avec l’absorption, ordonnée par les autorités helvétiques, en mars 2023 de la banque aux deux voiles, alors au bord de la faillite, par sa concurrente et voisine de la Bahnhofstrasse.

Depuis, le patron tessinois, revenu d’urgence aux commandes d’UBS après avoir assuré la présidence de Swiss Re, s’affaire à gérer cette méga fusion. Dans un message vidéo diffusé mardi, il en a esquissé les grandes étapes: dans une première phase, UBS a stabilisé les activités de Credit Suisse et mis fin aux aides publiques.

Dans une seconde phase, le groupe va s’atteler à la restructuration et l’optimisation des activités rachetées. L’ambition de la banque est de devenir le numéro un mondial de la gestion de fortune avec plus de 5000 milliards de dollars d’avoirs investis dans ce domaine d’ici 2028, a souligné M. Ermotti.

L’exercice 2024 s’annonce donc comme «une année pivot» pour UBS et «la tâche ne sera pas facile», a averti le dirigeant lors d’une conférence vidéo.

Le groupe vise à finaliser d’ici la fin du deuxième trimestre 2024 la fusion des entités UBS SA et Credit Suisse SA. L’achèvement de l’union entre les activités helvétiques des deux établissements respectifs est quant à lui attendu au sortir du troisième partiel. UBS prévoit de commencer le démantèlement des plateformes héritées de Credit Suisse au second semestre.

Sergio Ermotti a également souligné l’importance de «profondément restructurer» le nouvel ensemble. Le groupe a réalisé l’année dernière environ 4 milliards de dollars de réductions brutes de coûts. Il vise des économies totales de 13 milliards d’ici fin 2026, contre 10 milliards précédemment évoqués, qui passeront aussi par de nouvelles réductions d’effectifs.

Selon le directeur financier Todd Tuckner, plus de 4000 postes ont été supprimés au dernier partiel 2023. A la fin de l’année dernière, la banque comptait 138’462 employés.

«Importants progrès» accomplis

Dans ce contexte, UBS a inscrit une perte nette de 279 millions de dollars au quatrième trimestre 2023, son deuxième résultat trimestriel négatif d’affilée. Mais les résultats financiers sont fortement influencés par l’intégration de Credit Suisse, rendant une comparaison annuelle peu pertinente.

La perte avant impôts s’est établie à 751 millions de dollars (653 millions de francs) entre octobre et fin décembre. Ce montant inclut une perte de 508 millions liée à la participation dans le groupe financier SIX, relatifs à la participation de ce dernier dans le français Worldline et une dépréciation dans le groupe espagnol BME, et des coûts d’intégration de 1,8 milliard.

Sur l’ensemble de l’exercice écoulé, UBS a enregistré un résultat avant impôts de 29,9 milliards de dollars et un bénéfice net de 29,0 milliards, après 7,6 milliards en 2022.

Les actionnaires se verront proposer un dividende de 0,70 dollar par action, en hausse comparé au 0,55 dollar perçu au titre de 2022. Les détenteurs de parts profiteront aussi de la reprise du programme de rachat d’actions en seconde partie d’année avec un objectif de jusqu’à 1 milliard en 2024.

Ces chiffres-clés sont mitigés comparés aux prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP. Alors que le résultat net est meilleur qu’anticipé, la perte avant impôts est plus élevée. Le dividende était quant à lui seulement attendu à 0,58 dollar.

La direction a également confirmé les autres objectifs financiers à l’horizon 2026, notamment un rendement des fonds propres durs (RoCET1) autour de 15%, un ratio de fonds propres durs (CET1) d’environ 14% et un rapport ajusté entre les revenus et les coûts en dessous de 70%, contre 93% actuellement.

UBS table au premier partiel 2024 sur «une amélioration sensible du bénéfice net» par rapport au trimestre précédent, avec des charges liées à l’intégration d’environ 1 milliard et quelque 700 millions au titre de la convergence vers la valeur comptable. La banque d’affaire doit de nouveau être rentable, selon les projections d’UBS.

«UBS a accompli d’importants progrès dans sa restructuration», ont estimé les experts de Vontobel dans un commentaire. Selon ces derniers, «il reste cependant encore beaucoup de travail à achever, surtout en 2024» avec la fusion juridique des deux entités.

A la Bourse suisse, les investisseurs ont empoché leurs bénéfices. A la clôture, le titre UBS a chuté de 4,4% à 24,56 francs, dans un indice SMI en retrait de 0,26%.

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