Rush sur l’uranium

Salima Barragan

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Le métal lourd a gagné 14% en 2022 sur fond de tensions sur les hydrocarbures et de transition climatique. Avec Hector McNeil de HanEtf.

C’est dans un contexte de crise énergétique - dont le coût s’estime à 1 milliard de dollars – et de transition climatique que le minerai d’uranium revient en odeur de sainteté.  Après extraction, il est converti en yellowcake afin d’alimenter les centrales atomiques. Les gouvernements européens sont unanimes: le nucléaire est dorénavant le complément le plus efficace aux énergies renouvelables. Depuis le début des conflits en Ukraine, le cours au jour du métal lourd s’est envolé de 12% et les investisseurs se sont rués dans les fonds passifs dédiés. Avec Hector McNeil, CEO de HanEtf.

Le succès des ETF orientés sur l’inflation et la transition climatique

Les préoccupations des investisseurs en 2022 gravitent autour de la transition climatique, de l’inflation, ou des deux à la fois. Les flux se sont dirigés sur les thèmes de l’or recyclé – une couverture contre la pression sur le prix et dans le même temps un produit à émission carbone moindre que ceux investis dans des mines d’or –, des crédits carbone, de la digitalisation et enfin de l’uranium.

Le Japon, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Inde et le Royaume-Uni ont annoncé des investissements massifs dans le secteur atomique, en prévision de la progression de la demande d'électricité.
Des dépenses gouvernementales dans l’atomique

Dans la course pour le «net zéro» et l’affranchissement aux hydrocarbures, les gouvernements européens (mais aussi d’ailleurs) se concentrent désormais sur le nucléaire afin de compléter les énergies renouvelables dont l’intermittence constitue leur principal défaut. Le Japon, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Inde et le Royaume-Uni ont annoncé des investissements massifs dans le secteur atomique, en prévision de la progression de la demande d'électricité. «Les mineurs d'uranium sont sous-représentés dans le secteur de l'énergie, ce qui laisse prévoir un potentiel de hausse durant les prochaines années», assure Hector McNeil.

Déficits d’approvisionnement et d’offre

Les principaux producteurs d’uranium sont le Kazakhstan, le Canada et l’Australie. Selon une note de HanEFT, l’extraction de l’uranium demeure inférieure à la demande des centrales depuis des décennies, ce qui a créé un déficit d'approvisionnement. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie atomique estime que l'offre actuelle d'uranium ne répondra pas aux demandes futures qui progresseront en raison de la transition climatique. Toujours selon l’AIEA, cette perspective devrait encourager des acteurs en dehors des services publics à entrer sur le marché en tant qu’acheteurs et inciter les fournisseurs publics à presser leurs achats, afin de garantir la sécurité de l'approvisionnement et des prix stables sur le long terme.

Exposition à l’uranium physique ou aux mines?

Si la tendance sur l’uranium est solidement de retour – le métal a augmenté de 14% sur l’exercice de 2022 –, l’indice de référence sur les mines d’uranium a reculé de 12% dans le sillage de la correction des marchés mondiaux durant la même période. Seule l’action de la société minière Kazatomprom, le principal producteur au monde en termes de volume, a enregistré une embellie en décembre, en raison d’une annonce de livraison en Russie, qui, pour rappel, convertit 27% et enrichit 29% du marché mondial du métal radioactif.

En 2022, les prix de la conversion et de l’enrichissement ont doublé. «Cette augmentation va se refléter dans les cours spot en 2023», estime Hector McNeil à propos de l’évolution de l’uranium négativement corrélé aux marchés actions.

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