Les micro-entrepreneurs savent gérer l’argent qui leur est confié

Yves Hulmann

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Mikro Kapital a vu ses actifs totaux franchir le seuil du milliard de francs. Vincenzo Trani, son président, revient sur les raisons de ce succès.

Un seuil important a été franchi par Mikro Kapital au troisième trimestre qui a vu ses actifs gérés dépasser pour la première fois le milliard de francs. A fin septembre 2021, cette société basée au Luxembourg spécialisée dans la finance d'impact et la microfinance, qui opère dans 14 pays, a affiché un total d'actifs de 1,018 milliard d'euros, grâce la forte croissance de ses deux fonds, «Mikro Fund» et «Alternative». Ceux-ci ont vu leurs avoirs croître respectivement de 7,05% et 5,77% au cours du troisième trimestre, atteignant chacun 851,4 et 167,3 millions d'euros.

Que signifie le franchissement du seuil d’un milliard d’euros d’actifs pour l’entreprise spécialisée dans la microfinance? «Le modèle d’affaires de notre société satisfait certainement les besoins des investisseurs qui ont placé leur confiance dans Mikro Kapital au cours de ces dernières années, en particulier durant la récente crise économique globale», estime Vincenzo Trani, président de Mikro Kapital, lors d’un entretien avec Allnews.ch. Selon lui, cette activité réunit deux atouts essentiels. «Le microcrédit parvient à combiner la capacité à générer des rendements constamment positifs avec la réalisation d’objectifs économiques et sociaux, un aspect qui revêt une importance cruciale dans un contexte où l’attention est toujours davantage concentrée sur les impacts concrets résultant de différentes activités financières», ajoute-t-il.

«Le microcrédit parvient à combiner la capacité à générer des rendements constamment positifs avec des objectifs économiques et sociaux.»
L’accent est placé sur le financement de microentreprises 

Dans le domaine de la microfinance, Mikro Kapital se concentre sur le financement des petites entreprises dans quatorze pays répartis entre l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. «Lorsque l’on évoque la microfinance, beaucoup de gens pensent avant tout aux très petits montants prêtés à des individus, à l’exemple des microcrédits mis en place par l’économiste bangladais Muhammad Yunus dès les années 1970. Or, c’est oublier que la microfinance accorde aussi essentiellement des prêts à des micro-entrepreneurs, soit le segment sur lequel nous nous concentrons», met en perspective Vincenzo Trani. Dans tous les pays où Mikro Kapital est présente, la société finance des micro-entrepreneurs actifs dans des domaines très divers, allant des systèmes de livraisons à l’artisanat en passant par différents services ou petits magasins. 

Pourquoi se concentrer avant tout sur le segment des micro-entrepreneurs? «Quand ils reçoivent de l’argent, les micro-entrepreneurs réinvestissent tout ce qu’ils gagnent dans leur entreprise. Et quand ils redemandent un nouveau prêt, cet argent est utilisé pour poursuivre le développement de leurs projets. Contrairement aux microcrédits accordés aux individus qui, parfois, ont été utilisés pour la consommation et qui, dans certaines circonstances, ont conduit à un surendettement de personnes privées, les micro-entrepreneurs gèrent en général très bien l’argent qui leur est confié», observe le président de Mikro Kapital.

Une vaste diversification

La grande diversité des projets financés par Mikro Kapital est aussi un ingrédient clé de son succès, estime Vincenzo Trani. «Les résultats que nous avons atteints ont été rendus possibles grâce à une grande diversification aussi bien en termes de montants investis, de pays et de types d’activités représentées au sein de notre portefeuille de prêts ainsi que par la large référence aux objectifs de référence de micro et petites entreprises qui sont caractérisées par leur résilience et leur capacité à s’adapter à diverses conditions», analyse-t-il.

«Quand ils reçoivent de l’argent, les micro-entrepreneurs réinvestissent tout ce qu’ils gagnent dans leur entreprise.»

Comment la société parvient-elle à tenir compte de spécificités de pays aux profils aussi différents tels que ceux d’Europe de l’Est et ceux d’Asie centrale? «Il y a évidemment une très grande différence entre un pays comme la Roumanie, où le salaire annuel moyen se situe autour de 20'000 dollars et, par exemple, le Tadjikistan où il n’atteint pas même 1’000 dollars. Quels que soient les pays concernés, nous pouvons compter sur l’appui de nos relais locaux qui sont à même d’évaluer les demandes de prêt qui sont faites». En termes d’aires géographiques, Mikro Kapital couvre une zone qui va des anciens pays du bloc de l’Est – hors Russie et Biélorussie – à ceux qui se situent tout au long de la «Route de la soie» jusqu’en Asie centrale.

Les micro-entrepreneurs restent à l’écart des enjeux politiques locaux

Et comment la société fait-elle face aux risques politiques qui affectent certains pays de cette région? «Les risques politiques sont présents pratiquement partout. Si vous faites des affaires avec la Chine, vous devez tenir compte des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. C’est la même chose dans la région des Balkans, dans beaucoup de pays d’Afrique, dans certaines zones frontières proches de la Russie», rappelle Vincenzo Trani. Pour le spécialiste de la microfinance, un des avantages liés au fait de travailler avec les micro-entrepreneurs est toutefois justement que ceux-ci – peu importe où ils se trouvent – se concentrent sur le développement de leur activité, indépendamment du régime politique en place. «Quand vous travaillez avec des micro-entrepreneurs, vous travaillez avec la base de l’économie réelle. Les micro-entrepreneurs sont souvent très éloignés des enjeux politiques locaux, il se concentrent sur leur activité», constate-t-il.

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