Les défis de 2023 pour la zone euro

Eoin Walsh, TwentyFour Asset Management

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Nous prévoyons une récession l’année prochaine, mais elle devrait être relativement modérée.

©Keystone

La zone euro fait face à de nombreux défis: une guerre à ses portes, des facteurs externes (principalement les coûts de l’énergie) qui poussent l’inflation à des niveaux inédits pour la BCE, une marché de l’emploi apparemment inflexible avec des taux de chômage au plus bas et les craintes que l’inflation des salaires puisse devenir un problème global dans la région. Bien entendu, les points d’interrogation ne manquent pas concernant les perspectives pour l’économie européenne, à commencer par la guerre en Ukraine. Si un cessez-le-feu peut être négocié, ce sera un développement très positif pour l’économie de la zone euro et nous verrons probablement la situation d’un autre œil.

L’inflation pèse davantage sur la zone euro que sur les USA

La BCE a tardé à relever les taux d’intérêt et se trouve confrontée à une forte inflation importée sur laquelle elle n’a que peu de pouvoir. L’inflation devrait diminuer, mais pour rester à des niveaux bien supérieurs à ceux que nous avons connus par le passé, probablement aux alentours de 5,5%. Nous nous attendons à un taux d’inflation deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis d’ici la fin 2023. Ces prévisions sont bien entendu brouillées par les interventions gouvernementales telles que le plafonnement des prix énergétiques, dont l’impact sur le taux d’inflation officiel est difficile à quantifier à l’heure actuelle. La BCE a relevé ses taux de 200 pb à 1,5% cette année, et les marchés tablent sur une nouvelle hausse de 150 pb courant 2023, ce qui rejoint globalement notre analyse. Cela dit, nous avons un vif débat sur la politique de la BCE et 150 pb pourraient bien s’avérer trop ambitieux compte tenu des pressions économiques. Beaucoup dépendra de la façon dont l’inflation réagit aux hausses de taux initiées jusqu’à présent. En septembre dernier, les taux de la BCE étaient encore à 0% alors que la Fed les avait déjà relevés à 2,5%; l’effet retard devrait donc se poursuivre en Europe.

Les rendements du Bund à 10 ans sont juste en dessous de 2% actuellement et nous les voyons grimper de 50 à 75 pb l’année prochaine. Les opinions semblent toutefois très divergentes sur le Conseil des gouverneurs de la BCE, et dans la mesure où les pays de la zone euro suivent manifestement des voies différentes, elles pourraient diverger encore davantage en 2023 et exercer une influence significative sur les taux d’intérêt. En outre, il n’est toujours pas certain que la BCE puisse mener à bien le resserrement quantitatif prévu l’année prochaine.

Le Royaume-Uni et la BoE

Le Royaume-Uni connaît de nombreux problèmes identiques à ceux de la zone euro, et si la réaction désastreuse au «mini budget» de fin septembre semble derrière nous, son impact pourrait résonner longtemps; la déclaration d’automne du nouveau gouvernement n’a pas fait mystère de la nécessité de rééquilibrer le budget. Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt et des impôts pour les entreprises et les consommateurs, nous tablons sur une récession plus sévère au Royaume-Uni avec une contraction d’environ 1% en 2023. Le taux de chômage reste très bas, mais les dépenses de consommation devraient sensiblement ralentir. L’inflation britannique devrait certes redescendre assez fortement de son niveau actuellement très élevé, mais nous pensons qu’elle dépassera légèrement celle de la zone euro d’ici 12 mois, sachant là aussi que l’impact d’une intervention substantielle du gouvernement sur le marché de l’énergie reste encore à comprendre pleinement.

La BoE relèvera ses taux jusqu’à ce que l’inflation soit maîtrisée

La BCE a clairement désigné des facteurs externes comme les principaux responsables du renchérissement des prix, mais elle est déterminée à relever ses taux jusqu’à ce que l’inflation soit maîtrisée. Pour autant, Andrew Bailey et les autres garderont également un œil sur les perspectives plutôt sombres pour la croissance de l’économie britannique. La BoE a relevé ses taux de 275 pb à 3% cette année, mais nous pensons qu’elle doit continuer sur cette voie et anticipons des taux de 4% en 2023 pour enrayer l’inflation qui dépasse actuellement les 11%. Les rendements du Gilt britannique ont fortement rebondi depuis la dissolution du gouvernement Truss, mais au vu de l’orientation probable des hausses de taux, le rendement à 10 ans devra à notre avis revenir vers les 4% bien que la politique et les taux d’intérêt de la BoE nourrissent de nombreux débats et divergences au sein de l’équipe. La courbe entre 2 et 10 ans devrait également rester inversée, mais là encore avec une courbe plate pour les échéances entre 10 et 30 ans. La BoE devrait en outre mener à bien un resserrement quantitatif entre 75 et 100 milliards de livres sterling.

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