A la recherche de rendement sur le marché secondaire du private equity

Salima Barragan

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Certains actifs matures sont à saisir. Le point avec Alexandre Falin chez Unigestion.

Le marché secondaire du private equity permet à des acheteurs d’acquérir des actifs privés avec une éventuelle décote, le plus souvent par le biais de transactions de gré à gré entre un vendeur et un acheteur. L’apparition de nouveaux types de transactions secondaires depuis 2010, a entraîné une mutation de ce marché, amplifiée par la crise sanitaire actuelle. Pour Unigestion, le choc du COVID-19 a créé des opportunités à des niveaux jamais vus depuis la crise de 2008: «Nous trouvons actuellement des transactions dont les espérances de rendement sont beaucoup plus importantes que dans les années 2015-2019, période pendant laquelle les décotes dans le capital investissement se situaient en moyenne entre -5% et 0%. Aujourd’hui, les décotes moyennes se situent aux alentours de -15%, et ce sur une valeur nette d’inventaire souvent plus basse qu’avant la crise sanitaire», explique Alexandre Falin, Principal Private Equity, lors d’une présentation digitale qui a réuni des experts pour discuter des meilleures stratégies d’achats autour de quelques questions clefs.

Où trouver les transactions à forte décote?

Après l’effondrement du volume des transactions secondaires lors du premier semestre 2020, celles dites «GP Led», c’est-à-dire initiées et menées par un gérant de capital investissement, se sont fortement reprises au cours du second semestre. Elles représentent d’ailleurs la plus grande part du marché actuel, contre 35% dans les dernières années. «Le marché des rachats de parts de fonds étant devenu de plus en plus intermédié et efficient, les acteurs secondaires ont tendance à se tourner vers d’autres stratégies d’acquisition plus lucratives, comme par exemple les fonds de continuation, c’est-à-dire des fonds primaires dont les investisseurs historiques cèdent leurs participations à de nouveaux investisseurs dans un processus contrôlé par le gérant du fonds ou encore les fonds dits side-car, structure parallèle à un fonds primaire en fin de période d’investissement, dans laquelle un nouvel acteur apporte du capital croissance pour développer les actifs primaires existants.» explique Alexandre Falin qui fait notamment référence aux fonds top-up, side-car, de continuation ou de continuation à actif unique initié par des gérants cherchant à développer leur portefeuille existant ou à apporter des solutions de liquidités alternatives à leurs investisseurs primaires dans un marché de sortie impacté par la crise actuelle.

Quelles sont les opportunités thématiques?

Dans les tendances à long terme, le gestionnaire se concentre sur des thèmes porteurs comme les services à la décarbonisation de l’énergie, la «vie saine» qui comprend la pharmacologie et l’alimentation naturelle, le vieillissement de la population et les besoins accrus de soins à la personne.  

Enfin, un dernier thème à long terme où les attentes de performance sont élevées (entre 1,9x et 2,7x le coût investi) est la digitalisation de l’économie, qui vise à rendre les processus de production plus performants. La thématique est illustrée par une prise de participation dans la restructuration d’un actif unique appelé Ivanti. Cette société est un leader dans le développement de logiciels informatiques à destination des PMEs, qui permettent de gérer l’interaction entre les divers logiciels d’une entreprise ainsi que de sécuriser leur accès à distance au travers des ordinateurs portables ou autres téléphones et tablettes personnels: un produit qui tombe à point nommé pour la sécurité du travail à domicile avec la généralisation du télétravail, et dont la performance attendue est de 2,7x pour un TRI de 22%. «Ivanti réalise 40% de marge opérationnelle et son prix d’achat était de 11x l’EBITDA, alors que les transactions comparables récentes font apparaître un multiple moyen de 15x l’EBITDA pour ce type d’actif recherché. Au travers de ce processus de restructuration d’un actif unique en partenariat avec un gérant de premier plan, nous avons donc pu bénéficier d’une décote implicite sur le prix d’achat», explique Alexandre Falin.

Quels sont les éléments clés d'une transaction secondaire de qualité?

Pour l’expert, une transaction secondaire doit comprendre la qualité, de bonnes relations passées avec le partenaire d’investissement, l’alignement d’intérêts, des actifs évoluant dans des secteurs porteurs et une structuration de transaction qui permet de peser sur la gestion des actifs.

Si la décote est un élément attractif d’une transaction secondaire, Alexandre Falin ne le recherche pas à tout prix, car «une forte décote peut être synonyme d’actifs en grande difficulté à la survie incertaine. En outre, elle doit toujours être mise en relation avec une valeur nette d’inventaire. Les décotes observées au début de la grande crise financière de 2008 pouvaient facilement atteindre 50% mais elles étaient calculées sur une valeur nette d’inventaire d’avant crise. Lorsque les valorisations du private equity ont été actualisées à la baisse quelques mois plus tard, la décote effective était beaucoup plus faible que les 50% initialement annoncés.» souligne-t-il. D’ailleurs, comme la plupart des actifs, les grandes décotes - ou autrement dit - les prix cassés - sont souvent symptomatiques de dysfonctionnements au sein des entreprises ou impliquent des investissements trop risqués.