L’investissement à impact: un avenir prometteur pour les investisseurs responsables

Florence Kiss, Banque Lombard Odier

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Concept peu connu jusqu’à récemment, l’investissement à impact gagne en importance, en particulier auprès des plus jeunes générations de clients et des entrepreneurs.

L'investissement à impact vise à générer à la fois un retour financier tout en ayant des effets positifs et mesurables sur l'environnement et/ou la société. Cela consiste à soutenir des entreprises qui contribuent activement au bien-être social ou à la transition environnementale, en investissant dans des obligations labellisées, des obligations à impact social ou des actifs privés (action ou dette).

Investissement à valeur ajoutée

De manière générale, les rendements de l’investissement à impact sont pour l'essentiel similaires. Par exemple, les attentes de rendement pour des obligations labellisées sont au moins équivalentes à celles des obligations traditionnelles. La performance environnementale ou sociale s'ajoute à la performance financière, il ne s'agit pas de la substituer. De même sur les marchés privés.

Dans la pratique, l’investissement à impact implique d’ajouter une dimension supplémentaire à l'analyse traditionnelle. D'un point de vue financier, l'analyse ne change pas. Dans le cas de l'impact, un travail supplémentaire est requis afin de vérifier l'intentionnalité, l'additionnalité et la mesurabilité des objectifs attendus de l’investissement sélectionné.

Généralement, l'additionnalité, qui fait référence à un impact positif qui n’aurait pas été possible sans investissement ou ressource supplémentaire, est l’objectif le plus difficile à démontrer et réduit le périmètre d'investissement. Par exemple, si un investisseur achète des obligations vertes en secondaire, certains projets auront déjà été financés lors de la mise sur le marché initiale de l'obligation. Il y a donc une perte au niveau de l'additionnalité et de l'impact. En outre, pour l’investisseur qui choisit d’acheter une entreprise cotée, il n’y a aucune garantie de réaliser de l’impact puisque, même dans le cas d’une entreprise engagée dans la transition, l’investissement ne peut être dirigé sur les activités vertes uniquement. L’impact peut alors être exercé au moyen de l'engagement actionnarial et au travers de l’exercice du droit de vote de l’investisseur, mais il reste toutefois difficilement mesurable. Les marchés privés, qui disposent de conditions de liquidité différentes, permettent de mieux maîtriser ce que l’investisseur va financer et sont donc plus susceptibles de créer de l’impact.

L’incontournable due diligence

En tant qu'investisseur, le travail de due diligence est essentiel. Lorsqu’il est question d'investissement à impact, cette tâche est certainement encore plus minutieuse et exigeante. Prenons l'exemple d’un émetteur qui vise à financer des projets verts au moyen d’obligations (vertes). Il convient tout d'abord d’analyser si l'entreprise dispose d’une véritable stratégie de transition et de déterminer si l’émetteur peut être considéré comme durable ou pas. Si l'entreprise a déjà émis des obligations vertes, il est nécessaire de vérifier si les rapports d'allocations et d'impact sur toutes les émissions précédentes ont été effectués et si ces émissions ont permis de contribuer positivement à la stratégie de transition environnementale de l’entreprise en question. Puis, il convient encore d’étudier les catégories de projets annoncés dans le cadre de cette émission, le processus de sélection de ces projets et les mesures d'impact associées. Enfin, la cohérence des projets financés avec la stratégie doit également être vérifiée.

L’investissement à impact, un produit de niche

Même si l'investissement d'impact existe depuis longtemps sur les marchés privés, sous forme de microfinance par exemple, il demeure toutefois un produit de niche. Le premier changement est arrivé avec les premières obligations vertes («green bonds»), qui datent de 2008, introduisant l'impact dans les marchés cotés. Le Covid a ensuite généré une augmentation notable de la demande d'investissement à impact. Cependant, la pratique est encore relativement récente et ne représente qu'une petite partie du secteur financier.

Malgré sa taille relative, nous constatons une tendance clairement positive, notamment auprès des jeunes générations ou des entrepreneurs. L’impact attire également une catégorie d’investisseurs plus patients, disposant d’objectifs de long terme et prêts à supporter une volatilité à court terme sur ces thématiques en accord avec leurs valeurs. Nous ne sommes toutefois qu'aux prémisses car la transition n'en est elle-même qu'à ses débuts. 

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