L’incertitude géopolitique et économique pèse sur les marchés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les prochaines actions de l’Iran et d’Israël seront déterminantes. L’Iran a prévenu qu’il réagirait immédiatement et fermement à une agression israélienne.

© Keystone

Il y a dix jours, les actions ont chuté et les valeurs refuge ont grimpé à la suite d’informations qui faisaient état d’explosions à proximité d’une base aérienne militaire iranienne située à Ispahan. Ces explosions seraient le fruit d’une frappe aérienne attribuée à Israël en réponse à l’attaque directe sans précédent de drones et de missiles menée par l’Iran. Explications.

Selon les médias, la frappe sur le territoire iranien n’aurait pas provoqué de dégâts matériels et humains importants, ce qui a éloigné le spectre de l’entrée dans un cycle de représailles. Cela dit, la situation demeure instable et les investisseurs feraient bien de rester sur leurs gardes.

Coup d’envoi de l’assouplissement monétaire repoussé

La frappe contre l’Iran est intervenue à un moment où les actifs risqués étaient déjà sous pression en raison de la crainte que les taux directeurs aux Etats-Unis ne restent durablement plus élevés. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a d’ailleurs indiqué que les chiffres d’inflation plus élevés que prévu ces derniers mois retarderaient probablement le coup d’envoi de l’assouplissement monétaire.

En outre, les marchés ont été déstabilisés par la crainte d’un ralentissement de la demande de puces d’intelligence artificielle (IA), ce qui a pesé sur le secteur. Les investisseurs espèrent que la saison de publication des résultats du premier trimestre, qui bat désormais son plein, contribuera à restaurer la confiance.

Et maintenant?

Les prochaines actions de l’Iran et d’Israël seront déterminantes. L’Iran a prévenu qu’il réagirait immédiatement et fermement à une agression israélienne. En outre, Téhéran a déclaré qu’il pourrait revoir ses ambitions concernant son programme nucléaire en cas d’attaque de ses sites nucléaires. Israël considère le programme nucléaire de l’Iran comme une menace existentielle.

Toutefois, les médias d’Etat iraniens relativisent jusqu’à présent la frappe et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que les sites nucléaires iraniens n’avaient pas été endommagés. A supposer qu’Israël soit à l’origine de la frappe et qu’aucune autre mesure de représailles ne soit prise dans l’immédiat, son caractère limité peut être considéré comme une réponse mesurée à l’attaque précédente.

Un numéro de funambule

Dans son rapport Global Risk Radar publié le 15 avril, la Recherche d’UBS soutient que ni l’Iran, ni Israël, ni les Etats-Unis n’ont vraiment intérêt à laisser le conflit au Moyen-Orient s’envenimer, sans pour autant exclure une erreur d’appréciation.

Compte tenu des informations actuellement disponibles, l’Iran et Israël se livrent probablement à un numéro de funambule: il s’agit de ne pas laisser une agression impunie tout en évitant de prendre des mesures qui obligeraient l’autre partie à faire de la surenchère.

Le scénario de base de la Recherche d’UBS envisage une persistance des attaques et des tensions au Moyen-Orient dans les mois à venir sans aller jusqu’à une confrontation directe de grande ampleur entre Israël et l’Iran, qui risquerait d’impliquer d’autres pays et de compromettre l’approvisionnement en pétrole.

Toutefois, la probabilité d’un tel conflit s’est considérablement accrue. Outre les erreurs d’appréciation, la poursuite des combats entre Israël et ses alliés et les supplétifs de l’Iran signifie que les calculs et l’évaluation des risques par les parties concernées peuvent facilement changer.

Comment investir?

La volatilité est revenue sur les marchés après une ascension singulièrement linéaire des actions depuis la fin octobre. Dans l’immédiat, les marchés pourraient rester instables car les risques géopolitiques restent élevés et les marchés s’adaptent au probable report de la baisse des taux directeurs aux Etats-Unis.

Toutefois, on déconseillera de déserter les marchés face aux poussées de fièvre dans les relations internationales. A moins d’une sérieuse perturbation de l’approvisionnement en pétrole ou des routes commerciales, un risque bien réel, les effets de tels épisodes sont généralement éphémères.

Depuis l’attaque de Pearl Harbor en 1941, l’indice S&P 500 progresse, les deux tiers du temps, douze mois après le début d’une crise. Dans la moitié des cas, les marchés n’ont mis qu’un mois à regagner le terrain perdu, selon l’analyse de la Recherche d’UBS.

Se protéger contre une nouvelle escalade

On privilégiera plutôt les stratégies alternatives pour rendre les portefeuilles plus résistants et pour permettre aux investisseurs de profiter des rebonds des marchés. La Recherche d’UBS préconise toujours des positions longues sur le pétrole brut Brent pour se couvrir contre une nouvelle escalade. L’or et les bons du Trésor américain pourraient également permettre de se protéger contre des issues défavorables.

En outre, ces actifs semblent bien soutenus par les fondamentaux et devraient enregistrer des performances positives dans le scénario de base. Les investisseurs qui cherchent à lisser la performance de leur portefeuille peuvent envisager des stratégies sur produits structurés, qui peuvent leur permettre de rester exposés à une poursuite de la hausse des actions, tout en réduisant leur sensibilité à une correction.

Traverser les turbulences sans encombre

On appréciera également les hedge funds macro, qui devraient être bien positionnés pour profiter de l’amorce du cycle de baisse des taux d’intérêt et pour aider les investisseurs à traverser les turbulences géopolitiques sans encombre.

Enfin, les stratégies d’allocation systématique peuvent être un levier supplémentaire de gestion des risques en ajustant significativement l’allocation aux actions d’un portefeuille en fonction de l’évolution des tendances économiques et de marché. 

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