Dans quoi auriez-vous investi en 1977 au début de l’ère des PC ? Et au début d’internet ou des smartphones? Cet exercice intellectuel est utile lorsqu’on traverse une période de changements technologiques importants. Au risque d’exagérer, on peut estimer que la percée de l’intelligence artificielle (IA) cette année pourrait marquer le début d’un nouveau paradigme numérique, similaire à ceux apparus lors de l’avènement du PC, d’internet ou du smartphone.

L’avancée la plus remarquable ces derniers temps a été le succès d’OpenAI qui, grâce à ChatGPT, a rendu l’IA accessible au commun des mortels. En deux mois seulement, ce robot conversationnel a attiré cent millions d’utilisateurs, de nombreux ingénieurs et entrepreneurs ayant saisi tout son potentiel.

L’IA peut être une aide pour les concepteurs de logiciels, elle peut accroître la productivité et, à l’avenir, elle devrait être en mesure d’écrire l’essentiel du code pour les ordinateurs. En revanche, la rédaction de mémoires universitaires au moyen de l’IA pose certaines questions et ne représente que l’un des défis mineurs que pose cette technologie sur le plan de la gouvernance.

L'IA va transformer de nombreux secteurs de l'économie, mais il serait téméraire de formuler des prédictions précises. Au fur et à mesure que les entreprises intègrent cette technologie dans leurs produits et services, nous avons donc le temps d'étudier et d'apprendre. La plupart des entreprises affirmeront probablement que l'IA leur est bénéfique, mais toutes n'auront pas raison. Pour distinguer les signaux pertinents du simple bruit dans l’engouement actuel en faveur de l’IA, il est indispensable de s’armer de patience et de rester focalisé sur le long terme.

On peut affirmer avec une grande certitude que les systèmes basés sur l’IA nécessiteront de grandes quantités de silicium. Selon OpenAI, la puissance de calcul nécessaire pour faire fonctionner les derniers modèles d’IA doublerait toutes les 14 semaines.

A cet égard, NVIDIA, fournisseur-clé, jouit d’avantages exceptionnels: la technologie que l’entreprise a développée pour les jeux vidéo durant des décennies s’avère idéale pour l’IA. Aujourd’hui, 90% des programmes d’IA générative sont entraînés sur des puces NVIDIA.

L'industrie des semi-conducteurs dépend également d’une autre entreprise, ASML (Advanced Semiconductor Material Lithography), dont les machines de photolithographie sont indispensables à la production de puces à la pointe du progrès. Or l’IA n’est que l’un des moteurs de la demande pour ce type de puces, une demande qui devrait croître fortement au cours de la décennie à venir.

Dans la ruée vers l’or de l’IA, diverses entreprises dans la chaîne de valeur semblent particulièrement intéressantes. C’est le cas d’Amazon Web Services, qui abrite dans son cloud une grande partie du traitement des données nécessaires à l’IA. Par ailleurs, l’IA est déjà utilisée dans de nombreuses applications industrielles élaborées par des entreprises telles qu’Aurora Innovation (conduite autonome), Horizon Robotics (solutions d’aide à la conduite), Recursion Pharmaceuticals (industrialisation de la découverte de médicaments) et Tempus Labs (médecine de précision). Des entreprises de services aux consommateurs telles que ByteDance, propriétaire de TikTok, ainsi que des entreprises de marketing numérique et de métavers telles que Roblox, mènent également des expériences avec l’IA.

Certains seront peut-être surpris d'apprendre que Tesla est actuellement l'une des plus grandes entreprises d'IA au monde. Son logiciel de conduite autonome avancé, Full Self-Driving (FSD), disponible aux Etats-Unis, a déjà parcouru 150 millions de kilomètres, ce qui lui confère un avantage considérable sur le plan des données par rapport au reste de l'industrie automobile. Si les capacités de ce système sont déjà impressionnantes, sur la durée, c'est le rythme des améliorations qui sera déterminant.

A court terme, la hausse des taux d’intérêt sera un frein à la vente de voitures. Mais dans ce marché, les véhicules électriques gagnent encore des parts de marché et Tesla, leader du secteur, dispose à la fois de la taille et de la rentabilité nécessaires pour investir et croître dans un environnement plus difficile. A long terme, ses logiciels et ses systèmes utilisant l’IA seront implantés sur une flotte de véhicules en forte progression, un avantage avec lequel ses concurrents peineront à rivaliser.

L'IA et l'apprentissage automatique gagnent de nombreux secteurs, du commerce à la santé en passant par la finance et les transports, et toute entreprise qui ne mise pas sur les progrès réalisés dans ce domaine pourrait voir sa croissance fortement pénalisée. Sans prédire avec certitude les transformations de la société engendrées par l’IA, il est garanti que cette technologie servira de base à la création d’entreprises, d’outils et de services qui dépassent très largement notre imagination.  L’accès à certains des plus grands chercheurs dans ce domaine, qu’ils soient dans la sphère publique ou privée, nous permet de rester à jour avec les nouveaux développements et de comprendre leur impact potentiel sur notre quotidien. Nous continuerons donc à chercher à identifier les nouvelles opportunités d'investissement.