Inflation suisse étonnamment faible

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

2 minutes de lecture

Le chiffre de 1,4% pour novembre a fortement surpris à la baisse. Jusqu’à mi 2024, nous prévoyons une nouvelle hausse du taux d’inflation, avec un pic intermédiaire de 1,9%.

Les chiffres de la croissance du PIB au troisième trimestre 2023 désormais disponibles peuvent être trompeurs. Certes, le PIB réel progresse de 0,3% par rapport au trimestre précédent, une excellente performance en comparaison européenne. Or, des révisions des données des trimestres précédents montrent que cette croissance suit un trimestre de repli. De plus, la part de la consommation des ménages est au plus bas depuis le deuxième trimestre 2021. La population résidante permanente de la Suisse a crû de 108’000 personnes ces douze derniers mois, soit plus de 1%. Au printemps 2024, la Suisse comptera 9 millions d’habitants. La croissance du PIB attendue de 1,0% en 2024 est donc latérale. Calculé par habitant, le PIB de la Suisse stagne actuellement.

C’est avec une rare nervosité que la publication de l’indice suisse des prix à la consommation de novembre était attendue. Le chiffre de 1,4% a fortement surpris à la baisse. Une forte incertitude entourait les prévisions, car pour la première fois, la hausse des loyers des contrats en cours intégrait la statistique. La hausse modérée d’à peine 1,1% par rapport à la dernière enquête sur les loyers trois mois auparavant laisse supposer que la hausse de ces composants clés dans le panier de biens ne se traduira dans les statistiques que de manière différée. Ces prochains mois, les loyers seront relevés au moins une nouvelle fois. De plus, l’augmentation des prix de l’électricité, des tarifs des services postaux et dans les transports publics va exercer une pression haussière. Nous prévoyons donc, jusqu’à mi 2024, une nouvelle hausse du taux d’inflation, avec un pic intermédiaire de 1,9%.

Actions: Excellent cru 2023, ambitions à la baisse en 2024

Suisse

  • Le marché gagne 5,6% en 2023, mais exprimé en CHF, sous-performe de 9% le marché mondial.
  • Parmi les titres phares, Roche (–10%) et Nestlé
  • (–5%) ont souffert – et ils pèsent 29% du SMI.
  • Le marché suisse des actions est le plus cher, derrière l’américain.

Zone euro

  • Les actions de l’UEM gagnent 18,4% en 2023 après avoir perdu 12,5% en 2022. Cette bonne performance est bien plus diversifiée qu’aux Etats-Unis. En Europe, la performance des titres de valeur et de croissance est similaire à celle du marché.
  • La valorisation est faible et l’écart avec le marché américain est très marqué. Il se réduira sûrement, mais rien ne semble pouvoir déclencher le mouvement.

Etats-Unis

  • Le marché signe +24,7% en 2023 (toutes les données au 13 décembre) après avoir cédé 19,8% en 2022. Les «Sept Magnifiques» de la tech s’arrogent l’essentiel de cette excellente performance. Leur valeur a plus que doublé grâce à l’engouement pour l’IA.
  • Les différents styles d’actions affichent des résultats divers: un indice composite à pondération égale avec tous les titres du S&P 500 signe +10%, les titres «valeur» +4,5% et ceux à dividende –1%. Les petites capitalisations cèdent 10 % à l’indice global. Il est peu probable que les Sept Magnifiques renouvellent leur performance en 2024, et le marché américain est clairement cher.

Marchés émergents

  • Les actions des marchés émergents gagnent 4,3% en 2023. La Chine est le marché pénalisant le plus la performance (–13,6% en dollars), alors qu’il pèse près de 30% de l’indice.
  • Ce marché est proche de sa juste valeur et la croissance des bénéfices en 2024 est estimée à 18%, soit la plus forte prévision des principaux marchés.

A lire aussi...