BCE: les investisseurs risquent d'être déçus

Claudia Fontanive-Wyss, Vontobel

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La prochaine réunion de la BCE devrait ressembler à celle de décembre, avec une déclaration globalement inchangée et une caractérisation positive de la tendance sous-jacente de l'inflation.

Les investisseurs qui s'attendent à un revirement de la politique de taux de la BCE lors de la réunion de jeudi risquent d'être déçus. Après la récente politique hawkish et alors que Mme Lagarde a évoqué à Davos la possibilité d'une baisse des taux d'intérêt cet été, nous pensons que la BCE ne changera pas d'avis cette semaine et commencera à réduire ses taux à partir de juin, de 25, voire de 50 pb, à l'instar de la Fed.

Cette réunion devrait ressembler à celle de décembre, avec une déclaration globalement inchangée et une caractérisation positive de la tendance sous-jacente de l'inflation. Nous nous attendons également à ce que la BCE reste dépendante des données et qu'elle repousse de vive voix, lors de la conférence de presse, les paris des investisseurs en faveur d'une réduction plus rapide.

Le taux de croissance annuel de la masse monétaire M2 est devenu négatif tant dans la zone euro qu'aux États-Unis. Il s'agit d'une mesure restrictive visant à faciliter le travail des banques centrales. Par conséquent, l'orientation actuelle de la politique monétaire pourrait même être plus restrictive, et une révision à la baisse avant le mois de juin n'est pas à exclure. Toutefois, les prévisions actualisées de la BCE en mars devraient fournir de meilleures indications sur le calendrier de cette politique et sur les mesures à prendre.

Le marché anticipe actuellement cinq ou six baisses de taux de la BCE pour 2024, soit autant que pour la FED américaine. Cette situation est surprenante, dans la mesure où les moteurs de l'inflation sont différents au départ pour l'UE et les États-Unis («endogènes» et axés sur la demande pour les États-Unis, et «exogènes» et axés sur l'offre pour l'UE). Actuellement, l'inflation de base est inférieure à 10 pb par mois, soit 1% en rythme annuel, en zone euro, contre près de 30 pb par mois, soit 3,3% en rythme annuel, aux États-Unis. Cela justifie, selon nous, des baisses de taux plus importantes ou plus rapides de la part de la BCE.

La perturbation actuelle de la chaîne d'approvisionnement en mer Rouge ne devrait pas avoir d'impact significatif sur l'inflation ni modifier la politique de la BCE. La situation actuelle n'est pas comparable à l'amoncellement de navires dans de grands ports comme Los Angeles pendant la pandémie. 

Par ailleurs, l'impact de la rupture de la chaîne d'approvisionnement au cours de cette période n'était qu'un des nombreux moteurs de l'inflation.

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