Zone euro: inflation à 2,4% en novembre, plus bas sur 28 mois

AWP

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L’indicateur se rapproche ainsi de l’objectif de 2% fixé par la BCE et conforte la politique de taux d’intérêt élevés menée par l’institution de Francfort pour endiguer la hausse des prix.

Le taux d’inflation a chuté en novembre dans la zone euro, tombant à 2,4% sur un an, une bonne nouvelle pour l’économie européenne qui pourrait bénéficier dès l’an prochain d’un assouplissement monétaire favorisant le retour de la croissance.

La hausse des prix à la consommation, qui atteignait encore 2,9% en octobre, a ralenti en novembre au plus bas depuis juillet 2021, selon des chiffres publiés jeudi par Eurostat.

L’indicateur se rapproche ainsi de l’objectif de 2% fixé par la Banque centrale européenne (BCE) et marque une victoire pour la politique de taux d’intérêt élevés menée par l’institution de Francfort pour endiguer la hausse des prix.

Si ce bon résultat se confirmait les prochains mois, il permettrait à la BCE d’enclencher dès l’an prochain une baisse des taux favorable à la croissance, après des mois de stagnation de l’activité économique.

Le chiffre de 2,4%, atteint en novembre, est plus bas que prévu par les analystes de Bloomberg et Factset, qui tablaient sur 2,7%.

L’inflation en zone euro a été divisée par plus de quatre depuis le record de 10,6% atteint en octobre 2022, quand les effets de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein.

L’embellie confirme une nette tendance au ralentissement des prix depuis l’été. La hausse atteignait encore 5,2% en août.

Le reflux est d’autant plus notable qu’il touche en novembre toutes les composantes de l’indicateur, hors énergie.

Ainsi, la flambée des prix de l’alimentation (y compris alcool et tabac) a ralenti à 6,9%, après 7,4% en octobre.

La hausse des tarifs des services a faibli, à 4% (-0,6 point), comme celle des biens industriels, à 2,9% (-0,6 point).

La chute des tarifs de l’énergie, constatée ces derniers mois, s’est poursuivie, bien qu’à un rythme moins rapide: ils ont baissé de 11,5% en novembre sur un an, contre -11,2% en octobre.

Trop tôt pour crier victoire?

Mais jusqu’à présent, la BCE se montre très prudente vis-à-vis de l’évolution des prix. «Il n’est pas encore temps de crier victoire», avait averti sa présidente, Christine Lagarde, la semaine dernière.

La BCE veut maintenir des taux élevés aussi longtemps que nécessaire. Elle redoute une nouvelle flambée des prix de l’énergie sur fond de tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient. Elle s’inquiète aussi des hausses de salaires qui pourraient également alimenter un rebond des prix.

Le marché du travail reste d’ailleurs tendu en Europe. Eurostat a annoncé jeudi un taux de chômage stable en octobre, à son plus bas niveau historique de 6,5% de la population active.

Mais le bon chiffre de jeudi pour l’inflation augmente la probabilité d’une première baisse des taux en 2024, sur laquelle spéculent les marchés.

«La baisse plus importante que prévu de l’inflation en novembre fait qu’il devient de plus en plus intenable pour les dirigeants (de la BCE) de prétendre qu’ils n’envisagent même pas de réduire les taux», a commenté Andrew Kenningham, économiste de Capital Economics. Il table désormais sur une première baisse en juin prochain, plutôt qu’en septembre.

«Les signes se multiplient d’une victoire imminente sur l’inflation pour la BCE. Quand osera-t-elle l’admettre elle-même?», s’interroge Bert Colijn, économiste de la banque ING, qui anticipe «une première baisse des taux avant l’été».

La BCE a mené un resserrement monétaire sans précédent entre juillet 2022 et septembre 2023, pour vaincre l’inflation. Ses taux directeurs ont été portés à leur plus haut historique: le principal d’entre eux sur les dépôts campe désormais à 4%.

Elle a ainsi réussi à refroidir l’activité économique, réduisant les volumes de crédits et donc la demande en biens et services, au point de voir la zone euro flirter dangereusement ces derniers mois avec la récession.

Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a reculé de 0,1% au troisième trimestre, par rapport aux trois mois précédents. Et, le 15 novembre, la Commission européenne a abaissé de 0,2 point, à 0,6%, sa prévision de croissance pour l’année 2023.

Bruxelles a cependant revu en hausse de 0,3 point, à 3,2%, l’inflation moyenne anticipée pour l’an prochain dans les 20 pays partageant la monnaie unique.

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