Zone euro: Bruxelles relève ses prévisions de croissance pour 2023

AWP

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Grâce à une meilleure résistance qu’escompté face au choc énergétique, la Commission table désormais sur une progression du PIB de 1,1% pour l’année en cours, soit 0,2 point de plus que prévu jusqu’ici.

L’Europe a mieux résisté que prévu au choc énergétique provoqué par la guerre en Ukraine et voit ses perspectives de croissance économique s’améliorer pour cette année et l’an prochain.

La Commission européenne a relevé lundi ses prévisions de croissance en zone euro, tout en mettant en garde contre une augmentation des risques dont celui d’une inflation persistante.

L’exécutif européen table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,1% en 2023, soit 0,2 point de plus que prévu jusqu’ici. Elle atteindrait 1,6% en 2024 dans les 20 pays partageant la monnaie commune, soit +0,1 point comparé aux chiffres publiés en février.

Même tendance pour l’ensemble de l’UE, dont la croissance est désormais annoncée à 1% (+0,2 point) en 2023, puis 1,7% (+0,1 point) en 2024.

L’économie européenne a évité pendant l’hiver une récession que beaucoup pronostiquaient, y compris la Commission elle-même. Et la croissance, bien que modérée, devrait se poursuivre au printemps et au deuxième semestre.

Le PIB de la zone euro a progressé de 0,1% sur les trois premiers mois de l’année, par rapport au trimestre précédent durant lequel il avait stagné.

«Résilience remarquable»

«Nous pouvons être fiers de la résilience remarquable montrée par l’économie européenne. Ce n’est pas une petite performance compte tenu des chocs encaissés», a souligné le commissaire à l’Economie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence de presse.

Cette résistance s’explique d’abord par la chute des prix de l’énergie. Les prix de gros du gaz dans l’UE étaient en fin de semaine dernière «au plus bas depuis l’été 2021», bien avant l’invasion de l’Ukraine lancée par la Russie en février 2022, a souligné M. Gentiloni.

Les tarifs de l’électricité ont reculé parallèlement et ceux du pétrole sont attendus à la baisse cette année.

M. Gentiloni y voit le fruit des efforts consentis par les Européens pour réduire leur consommation et diversifier leurs approvisionnements, aidés par un hiver bien plus doux que prévu.

Autre bonne nouvelle, le marché du travail est «le plus solide depuis des décennies» et il devrait le rester malgré une croissance au ralenti, s’est félicité M. Gentiloni.

Le taux de chômage dans la zone euro a atteint son plus bas niveau historique en mars, à 6,5% de la population active.

Pour autant, les vents contraires persistent, parmi lesquels des tensions inflationnistes toujours fortes.

La Commission a ainsi revu à la hausse sa prévision d’inflation dans la zone euro pour 2023 à 5,8% (+0,2 point) et à 6,7% dans l’UE (+0,3 point).

L’inflation sous-jacente, qui exclue les tarifs volatils de l’énergie et de l’alimentation, reste préoccupante et continue de peser sur le pouvoir d’achat des ménages.

Hausse des taux d’intérêt

De quoi laisser présager d’une poursuite du durcissement de la politique monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) continue de relever ses taux pour ramener la hausse des prix à la consommation vers son objectif de 2%.

Cette politique se traduit par un coût du crédit en hausse pour les ménages et les entreprises qui, en conséquence, restreignent leurs emprunts. Cela pèsera sur la consommation et l’investissement.

Les pays du sud de l’UE résistent globalement mieux que ceux du nord, alors que les services souffrent moins que l’industrie manufacturière.

Le Portugal et la Grèce (2,4%), l’Espagne (1,9%) ainsi que l’Italie (1,2%) devraient enregistrer cette année une croissance supérieure à la moyenne.

Comme en 2022, la France (0,7%) devrait nettement devancer l’Allemagne (0,2%) qui enregistre l’une des plus mauvaises performances du continent. Seules l’Estonie (-0,4%) et la Suède (-0,5%), annoncées en récession, feront pire.

Pour la première fois, la Commission inclut dans ses prévisions l’Ukraine, la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine, trois pays désormais candidats à l’UE.

Après un effondrement de 29% l’an dernier à cause de la guerre, le PIB ukrainien se stabiliserait cette année (+0,6%) et pourrait rebondir l’an prochain (+4%), estime Bruxelles, tout en soulignant les incertitudes liées à l’évolution du conflit.

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