Zone euro: hausse surprise de l’inflation à 7%, la BCE sous pression

AWP

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Les analystes tablaient sur une stagnation à 6,9%. «Une invitation claire pour la BCE de continuer à augmenter les taux d’intérêt», estime Carsten Brzeski d’ING.

L’inflation en Europe est repartie à la hausse en avril, interrompant une série de cinq reculs mensuels consécutifs, une mauvaise nouvelle qui devrait inciter la Banque centrale européenne à poursuivre ses hausses de taux d’intérêt au risque de freiner l’économie.

La progression des prix à la consommation dans la zone euro s’est légèrement accélérée, à 7% en avril après 6,9% en mars, a annoncé mardi Eurostat. Le chiffre a surpris les analystes de Factset et Bloomberg qui tablaient sur une stagnation à 6,9%.

«Il s’agit d’une invitation claire pour la BCE de continuer à augmenter les taux d’intérêt», a estimé Carsten Brzeski, économiste pour la banque ING.

Il s’attend à une hausse de 25 points de base lors de la réunion de l’institution prévue jeudi à Francfort. D’autres anticipent même 50 points de base, comme Andrew Kenningham pour Capital Economics.

En relevant les taux, les banquiers centraux réduisent la demande de crédit et donc l’investissement et la consommation des ménages comme des entreprises, avec pour effet un ralentissement de la croissance.

Or celle-ci fait déjà pâle figure en Europe. Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de seulement 0,1% de janvier à mars, en rythme trimestriel, après avoir calé (+0,0%) sur les trois derniers mois de 2022, selon des chiffres publiés vendredi par l’office européen des statistiques.

La BCE a relevé ses taux de 3,50 points de pourcentage depuis juillet 2022 dans le cadre d’une campagne sans précédent de resserrement monétaire.

Elle n’a guère le choix. L’inflation reste très au-dessus de son objectif de 2% et continue d’inquiéter les responsables politiques confrontés aux protestations des opinions publiques dont le pouvoir d’achat est amputé mois après mois.

«Pas de répit»

«Même si l’inflation a globalement baissé (depuis octobre) et continuera à baisser, il n’y a pas encore de répit», a commenté Carsten Brzeski.

Le pic avait été atteint en octobre, à 10,6%, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par la guerre en Ukraine.

Mais le reflux enregistré de novembre à mars, grâce à l’accalmie des prix de l’énergie, reste insuffisant. La poursuite du recul, qui s’annonce sur les prochains mois, pourrait s’avérer bien lente.

En avril, l’indice des prix à la consommation a été tiré par un rebond des tarifs de l’énergie, en progression de 2,5% sur un an (essentiellement à cause des carburants), après un recul de 0,9% en mars. Il s’agit d’un «rebond temporaire» et le secteur de l’énergie devrait revenir en territoire négatif «dans les prochains mois», selon Andrew Kenningham.

L’inflation a également été alimentée en avril par une légère accélération des prix des services, en hausse de 5,2%, soit 0,1 point de plus que le mois précédent.

La principale contribution à la hausse des prix est venue de l’alimentation (y compris alcool et tabac), dont les tarifs ont encore flambé de 13,6% en avril dans la zone euro, enregistrant tout de même un ralentissement par rapport à mars (15,5%).

Bien qu’également en ralentissement de 0,4 point par rapport à mars, les prix des biens industriels sont restés en nette hausse de 6,2% en avril.

Parmi les vingt pays partageant la monnaie unique, le Luxembourg (2,7%) et la Belgique (3,3%) ont connu le taux d’inflation le plus faible.

L’inflation a rebondi de 0,2 point en France, à 6,9% en avril.

Elle fait mieux que l’Allemagne (7,6%) et l’Italie (8,8%), mais moins bien que l’Espagne (3,8%).

Les taux les plus élevés ont encore été enregistrés dans les pays baltes: Estonie (13,2%), Lituanie (13,3%) et Lettonie (15%).

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