Matières premières: l’or rayonne, le cacao est au plus chaud, le cuivre grimpe

AWP

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Vendredi, le métal précieux s’est hissé à un nouveau sommet depuis début mai, à 2053,30 dollars l’once, pas très loin de son plus haut de tous les temps, en août 2020, où il avait atteint 2075,47 dollars.

Rien ne semble stopper l’ascension de l’or, qui a progressé sur la semaine, touchant son plus haut depuis plus de six mois, face à un dollar et des rendements obligataires moins attractifs.

Vendredi, le métal précieux s’est hissé à un nouveau sommet depuis début mai, à 2053,30 dollars l’once, pas très loin de son plus haut de tous les temps, en août 2020, où il avait atteint 2075,47 dollars.

L’or a été propulsé «suite à la récente baisse de l’inflation américaine et des chiffres du marché du travail» signalant une économie américaine ralentie, relève James Harte, de chez Tickmill.

Ces données ont poussé le marché à «considérablement revoir à la baisse ses attentes quant à un nouveau resserrement de la Réserve fédérale (Fed) dans les mois à venir», résume l’analyste.

Les cambistes s’attendent désormais à de premières baisses de taux au premier semestre de l’année prochaine, en conséquence de quoi, le dollar s’est fortement affaibli au cours de la semaine dernière.

L’ascension de l’or a également été aidée par la baisse des rendements des obligations d’Etat, qui, comme le billet vert, constituent habituellement une valeur refuge concurrente du métal jaune, rappelle Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Vendredi, l’once d’argent a également atteint un record depuis mai, à 25,47 dollars.

L’argent a grimpé en novembre «grâce à son prix relativement bas par rapport à l’or et à certains cambistes qui se sont tournés vers l’argent à partir du moment où l’or avoisinait les 2000 dollars» l’once, avance Ole Hansen, analyste de Saxobank.

Vers 17H00 GMT (18H00 à Paris) vendredi, l’once d’or s’échangeait à 2049,77 dollars, contre 2000,82 dollars sept jours plus tôt.

Le cacao au plus haut depuis 46 ans

Le prix du cacao a encore battu des records sur la semaine, poussé par les craintes d’approvisionnement plus serré venant des principaux pays producteurs.

Jeudi, le cacao à Londres a même culminé à 3572 livres sterling la tonne, un prix record enregistré depuis le début du contrat en 1989 et qui dépasse donc les précédents records atteints pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire.

Le même jour à New York, la tonne de cacao a touché son plus haut prix depuis 1977, soit 46 ans, à 4294 dollars.

«Les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest signalent que de nombreuses régions ont reçu trop de pluie, ce qui a entraîné des retards dans les récoltes et pourrait provoquer des maladies», commente Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group.

Les inquiétudes autour de l’insuffisance de l’offre sont aussi alimentées par les rapports d’approvisionnement plus serré en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ensemble, ces deux pays produisent environ deux tiers du cacao mondial.

L’Organisation internationale du cacao (ICCO) a pourtant révisé légèrement à la baisse ses prévisions de déficit de l’offre pour la saison 2022/23, déjà achevée, selon son dernier rapport publié vendredi.

«Ces chiffres n’ont pas eu d’impact notable sur le marché, car celui-ci se tourne déjà vers la saison 2023/24», explique Carsten Fritsch, de Commerzbank.

Les investisseurs s’inquiètent en effet «d’une autre année de production insuffisante», explique Jack Scoville, «et ce sentiment a été renforcé par (le phénomène climatique) El Nino qui pourrait menacer les cultures d’Afrique de l’Ouest avec un temps chaud et sec plus tard dans l’année».

A Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars 2024 valait 3510 livres sterling, contre 3459 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.

A New York, la tonne pour livraison le même mois valait dans le même temps 4198 dollars, contre 4089 dollars vendredi dernier.

Le cuivre en forme

Le cuivre poursuivait sa hausse sur la semaine, poussé par les craintes sur l’approvisionnement mondial, le Panama s’apprêtant à fermer la plus importante mine du pays.

Vendredi, le métal a grimpé sur le London Metal Exchange (LME) jusqu’à son plus haut en trois mois, à 8575,50 dollars la tonne.

«Les perspectives de l’offre de cuivre sont très mitigées, tant à court qu’à long terme», note Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.

La Cour suprême du Panama a déclaré mardi «inconstitutionnel» le contrat de concession de la plus grande mine de cuivre d’Amérique centrale, dont l’approbation par le Parlement a déclenché des manifestations qui ont paralysé le pays pendant plus d’un mois.

Le président du Panama, Laurentino Cortizo, a promis mardi un processus de fermeture «ordonnée et sûre».

La mine exploitée par la société minière canadienne First Quantum Minerals (FQM) produit environ 1,5% de l’offre mondiale de cuivre, selon Ole Hansen, analyste chez Saxobank.

Les opposants à cette gigantesque mine à ciel ouvert, située à 240 kilomètres de la capitale panaméenne, contestaient la légalité du contrat tout en déplorant ses potentiels impacts sur l’environnement.

Le Pérou, deuxième producteur mondial de cuivre après le Chili, «et son industrie minière s’efforce également de trouver un équilibre dans un contexte d’incertitude politique croissante et de probabilité de manifestations anti-mines perturbant les opérations minières», poursuit M. Hansen.

Il rappelle que la demande du «roi des métaux verts, étant donné son importance pour une transition énergétique réussie» reste forte. Les propriétés du cuivre, en particulier sa forte conductivité, en font un métal clé pour la transition énergétique, intervenant notamment dans la composition des batteries des véhicules électriques.

Dans ce contexte, «l’offre de minerai aura probablement du mal à suivre le rythme de croissance de la demande dans les années à venir», souligne Thu Lan Nguyen, «de sorte que toute rupture d’approvisionnement pourrait rapidement resserrer le marché et faire grimper le prix du cuivre brusquement».

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 8569,50 dollars vendredi, contre 8428,50 dollars à la clôture sept jours plus tôt.

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